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Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement

Le | Agrofournisseurs

Les 7e Rencontres annuelles du biocontrôle, qui se sont tenues en distanciel sous forme d’émission le 26 janvier 2021, ont permis de faire le point sur le développement actuel et à venir de ces spécialités alternatives aux produits phytosanitaires de synthèse. Pour IBMA France, l’organisateur, les deux enjeux prioritaires consistent à porter le biocontrôle au niveau européen et à renforcer la formation et l’information.

Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement
Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement

Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.
Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.

“Biocontrôle : comment atteindre 30 % en 2030 ?”, tel était l’intitulé des 7e Rencontres annuelles du biocontrôle organisées par IBMA France, l’Association française des entreprises de produits de biocontrôle, le 26 janvier 2021 en distanciel, sous la forme d’une émission télévisée diffusée en direct sur Internet.

“Le biocontrôle a représenté, en 2019, 11 % du marché de la protection des plantes, a rappelé Céline Barthet, présidente d’IBMA France. Atteindre 30 % est un vrai challenge.”

Créer un cadre européen du biocontrôle

Priorité absolue, pour IBMA : accompagner le Gouvernement français à porter une définition européenne du biocontrôle, en s’inspirant du cadre français. L’objectif constitue le quatrième axe de la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle publiée en novembre 2020. “La démarche est enclenchée, nous avons rencontré les ministères chargés de l’Agriculture et de la Transition écologique”, a précisé Céline Barthet, lors d’une conférence de presse qui a suivi les 7e Rencontres. IBMA compte sur la présidence française de l’UE, de janvier à juin 2022, pour boucler le dossier. “Nous resterons vigilants sur la nouvelle définition que souhaite travailler le Gouvernement pour l’aligner sur la réglementation européenne”, a insisté la présidente de l’Association. L’enjeu est de créer un cadre nouveau, de ne pas réduire les produits de biocontrôle aux seules spécialités à risques faibles et d’éviter de venir superposer une nouvelle réglementation au dispositif français.

Former, informer

La formation et l’information sur les produits de biocontrôle et sur leur utilisation sont toujours, sans conteste, à développer. Sur ce point, Ronan Goff, vice-président d’IBMA France, s’inquiète de l’impact de la récente séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires. “La très grande majorité des distributeurs sont partis sur la vente”, a-t-il souligné. Quid alors de la promotion et du conseil des produits de biocontrôle ? La distribution ayant opté pour la vente ne pourra passer que par le dispositif des CEPP. L’organisation des conseils spécifiques et stratégiques n’est pas encore en place et il faut encore attendre pour voir combien d’agriculteurs seront prêts à payer un tel service.

“Le biocontrôle est un outil au service de la transition agroécologique, un outil de réconciliation entre nature et culture scientifique, entre la société et l’agriculture, et c’est un point d’équilibre entre la puissance publique et la puissance privée qui va permettre son déploiement”

Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.
Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.

Dominique Potier

député de Meurthe-et-Moselle

“L’année 2021 est une année de transition, a précisé Olivier Ruck, chargé du dossier “séparation vente/conseil” à la DGAL. De nouvelles structures de conseil vont se créer, il y a un marché à saisir.” Objectif : ne pas perdre le capital connaissance dont dispose la distribution agricole en matière de biocontrôle.

IBMA, de son côté, compte sur les formations qu’elle met en place avec l’Académie du biocontrôle et sur le site mygreentrainingbox. Des formations sur-mesure et pour de petits groupes seront mises en place. L’Association entend par ailleurs accompagner les structures de conseil qui verront le jour.

Le Contrat de solutions, dont 25 % des 86 fiches a trait au biocontrôle, a notamment pour objectif de fédérer l’ensemble des parties prenantes autour des produits de biocontrôle. Et ce, afin d’aider à leur bonne utilisation et de suivre leur déploiement. “Mais il y a un énorme travail à faire de déclinaison au niveau régional, départemental”, a relevé Claude Bizieux, directeur approvisionnement et référent biocontrôle de la CAMN.

“L’accompagnement des producteurs en matière de biocontrôle est un travail collectif qui associe l’ensemble des parties prenantes : structures de conseil indépendantes, les conseils des chambres d’agriculture, les services techniques affiliés aux organisations de producteurs”

Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.
Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.

Claude Bizieux

directeur approvisionnement et référent biocontrôle de la CAMN

Informer le consommateur ?

Le consommateur ne connaît pas le biocontrôle. Tous les intervenants de l’aval lors de ces 7e rencontres se sont accordés sur ce point. Mais si, lors de l’émission, Stéphane Layani, président du marché international de Rungis, s’est dit prêt à travailler sur un label, pour IBMA, la priorité n’est pas là. “Pour atteindre les 30 % en 2030, la priorité est d’informer et former les agriculteurs et les conseillers, a souligné Hugo Bony, vice-président de l’Association, lors de la conférence de presse. Le travail auprès des filières puis auprès des consommateurs viendra dans un second temps.”

“Nous sommes tous d’accord qu’il faut partir sur une agriculture plus durable, une troisième voie entre le conventionnel et le bio. Il faut travailler ensemble pour communiquer auprès du consommateur”

Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.
Biocontrôle, encore des freins à lever collectivement - © D.R.

Océane Chat-Morteau

responsable du projet Agroécologie et de la qualité des fruits et légumes de Carrefour

Pour le ministre de l’Agriculture, intervenu en conclusion des 7e rencontres, “il faut que le biocontrôle soit associé à une création de valeur. Plus on crée de la valeur lors d’une transition, plus la transition est rapide”. Expliquer le biocontrôle au consommateur deviendrait alors indispensable.

Offre produits : étoffement à venir, notamment en grandes cultures

Au niveau européen, soixante nouvelles substances actives de biocontrôle sont en cours d’évaluation et 120 font l’objet de dossiers à déposer. “Tout ce qui est vigne, arboriculture et maraîchage est bien mieux loti en termes de solutions de biocontrôle que les grandes cultures, a confirmé Céline Barthet, présidente d’IBMA France. Des enquêtes conduites auprès de nos adhérents révèlent que parmi les produits qui vont arriver dans les deux ans, un focus est fait sur les grandes cultures, les pommes de terre et la vigne ; beaucoup de projets de recherche y sont consacrés.”