Clément Le Fournis, Agriconomie, « Le glyphosate, aussi recherché que l’or »
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Si le prix des engrais s’emballe et avec lui, une pénurie annoncée sur certaines formulations, le marché des phytos n’est pas en reste. Interrogé par Référence agro, Clément Le Fournis, co-fondateur d’Agriconomie, indique que le glyphosate est aujourd’hui aussi recherché que l’or. Les demandes concernant la propyzamide risquent, elles aussi, de ne pas toutes être couvertes.
Y aura-t-il assez d’engrais pour fournir la ferme France ? « Pas sûr, confie Clément Le Fournis, co-fondateur de la plateforme de vente en ligne Agriconomie. Les prix ont atteint un tel pallier, 600, 650 € la tonne, que les agriculteurs hésitent aujourd’hui à passer commande. Et de toutes façons, difficile de trouver la marchandise pour certaines spécialités : l’emballement est mondial. Si en PK, l’impasse est possible, c’est plus compliqué en azote. Certains clients se posent la question de faire évoluer leur assolement en intégrant des cultures moins gourmandes en azote. Pour les semis d’automne, les choses semblent caler mais pour le printemps, rien n’est moins sûr. »
Tension à venir sur les phytos
Le marché des engrais n’est pas le seul sous tension. « Celui des phytos aussi, confirme-t-il. Même si le contexte est, globalement, moins alarmant. Mais pour certaines matières actives, comme le glyphosate, nous ne sommes pas loin de la pénurie. Tout le monde en cherche. » La propyzamide, un herbicide colza, est, elle aussi très demandée. « Les firmes n’avaient peut-être pas toutes anticipé la hausse des surfaces de colza, explique-t-il. La sole étant passée de 0,95 à 1,1 Mha, les stocks d’herbicides dédiés à cette culture ne semblent pas assez suffisants pour répondre à toutes les demandes. Nous avons même un gros négoce qui a fait appel à nous, faute de produits dans ses dépôts. La hausse du coût des matières premières, et notamment du plastique et du transport, devrait impacter le prix des phytos. Une augmentation entre 1 et 5 % est à prévoir. »
Le marché des semences, plus serein
En semences, si les écarts de triage et les problèmes qualitatifs ont, cette année, été plus nombreux, « pas de tension à prévoir sur ce marché », selon Clément Le Fournis. « Certes tout le monde n’aura peut-être pas la variété désirée mais l’espèce et le créneau de précocité commandés devraient être au rendez-vous. »
Un réappro en 5 h top chrono
Avec près de 300 000 visites uniques par mois, Agriconomie continue de séduire. « Nous avons testé, dans cinq départements, la livraison en 12 heures, depuis les dépôts de Reims, Tours et Lille, précise-t-il. Finalement, nous sommes plutôt à 4 ou 5 h ! Pari réussi. Nous espérons désormais élargir notre offre de réappro en moins de 12 h à d’autres départements pour couvrir 40 à 50 % du territoire d’ici à six mois. Pour asseoir le projet, nous devrions ouvrir de nouveaux centres de stockage pour être au plus près des fermes. Chez Agriconomie, le principal concurrent reste le dépôt des OS. » Quant au projet de développer une offre de conseils, celle-ci est encore en cours de construction.