Congrès du maïs : une production de semences record et des interrogations
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Le congrès du maïs s’est tenu les 9 et 10 novembre à Tours. La production de semences, à la base de la filière, a tenu une large place dans les discussions. Malgré une année record en termes de production, des tensions pourraient survenir sur l’approvisionnement de la distribution et sur l’activité export des semenciers.
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Jacques Groison, directeur de Mas Seeds, membre de la section maïs et sorgho de l’UFS en charge par interim de la commission production de semences.[/caption]
La production de semences de maïs atteint des records en 2021, avec 89 581 hectares. Un chiffre en hausse de 6 % par rapport à 2020, qui, avec 83 533 ha, était déjà l’un des plus hauts de ces dernières années. « C’est la deuxième année la plus importante en surface de l’histoire de la Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho, FNPSMS », indique Pierre Pagès, son président, lors du congrès du maïs qui s’est tenu à Tours les 9 et 10 novembre. La France reste le premier producteur de semences de maïs en Europe, qui affiche une production de 300 000 ha, en augmentation de 9 %. Les résultats techniques sont bons, estimés entre 90 et 95 % de réussite en France, contre 80 à 90 % pour les autres pays européens qui ont connu davantage d’aléas climatiques.
Des problèmes de disponibilités de variétés à prévoir
Ces résultats vont regonfler les stocks de semences, au plus bas avec 8,5 millions de doses, soit 26 % de l’utilisation d’une année. Ils pourraient remonter à 34 ou 39 %. « Mais ils restent faibles », avertit toutefois Jacques Groison, directeur de Mas Seeds, membre de la section maïs et sorgho de l’Union française des semenciers, UFS en charge par interim de la commission production de semences. À cela s’ajoute un retard d’environ trois semaines sur les récoltes, qui devrait entraîner des tensions sur l’approvisionnement des semences en distribution. « Cela va créer des embouteillages dans les usines, ajoute-t-il. Les semenciers vont tout faire pour rattraper le retard, mais les délais de livraison risquent d’être un peu plus longs. Il devrait y avoir quelques problèmes de disponibilités sur certaines variétés, là où les stocks sont bas. »
La loi Egalim pénalise l’activité export des semenciers
Autre crainte pour la filière, l’application de la loi Egalim. L’article 83 interdit au 1er janvier 2022 « la production, le stockage et la circulation de substances non approuvées dans l’union européenne ». Il pourrait faire perdre des marchés à la France sur l’export vers les pays-tiers. Selon une enquête menée par l’UFS en avril et septembre 2021, plus d’un tiers des semenciers prévoit une répercussion de 20 à 30 % sur leur chiffre d’affaires français global, soit environ 330 millions d’euros. La moitié des entreprises ont prévu de délocaliser des usines de production et 30 % souhaiteraient proposer des solutions alternatives en traitement de semences. Reste toutefois encore des zones d’ombre dans cet article de loi. La FNPSMS scrute la mise en consultation publique du décret qui devrait fixer les règles du jeu. Elle est attendue dans les prochains jours.
Perte de terrain en Allemagne
La France doit également maintenir sa compétitivité en Europe. Or, en Allemagne, son premier client, l’Hexagone perd des parts de marché. Concurrence avec les pays de l’Est, hausse de la production de semences locales, marché grandissant de la culture du maïs pour la méthanisation ne nécessitant pas des semences de bonne qualité ? « Les raisons sont floues, reconnaît Yves Piquet, directeur de Bayer Crop Science. Il faut être vigilant car c’est notre plus grand marché. ». Les pays de l’Est producteurs de semences, où les coûts sont moins élevés, peuvent-ils inquiéter la France ? Le risque est faible, selon les intervenants de la table ronde organisée par la FNPSMS. « La semence française dans les pays de l’Est a une excellente image, il faut capitaliser dessus », indique Benoît Laborde, président du syndicat Pays de l’Adour. « La plupart des sociétés semencières produit depuis vingt ans en Hongrie et Roumanie, ajoute Yves Piquet. La Russie est d’abord tournée vers sa souveraineté. L’Ukraine pourrait représenter le danger le plus important mais ce pays ne possède pas tous les groupes de précocité. L’important est de consolider nos partenaires actuels et de promouvoir l’excellence française. »
FNPSMS, une feuille de route en décembre
Des problématiques qui devraient occuper une part importante de la prochaine feuille de route de la fédération pour les trois prochaines années. Laquelle sera finalisée en décembre, ont indiqué les dirigeants de la FNPSMS.