Dérogation pour Minecto Gold sur colza, un challenge logistique pour Syngenta
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Comment anticiper la production et la distribution d’un produit, pour une utilisation à partir du 15 octobre, quand son autorisation est validée un mois et demi plus tôt ? Entre anticipation et pari, c’est le défi que doit relever Syngenta pour son insecticide colza Minecto Gold, dont la dérogation a été annoncée le 1er septembre.
Le 1er septembre, les autorités annonçaient la dérogation pour l’insecticide Minecto Gold, pour lutter contre la grosse altise du colza. Une décision très attendue par la filière, derrière laquelle se cache un véritable défi logistique pour Syngenta, qui commercialise le produit. La dérogation de 120 jours prend effet le 15 octobre, soit un mois et demi après cette annonce. « Nous avons enclenché la production avant l’officialisation, explique Aline Zaborowski, cheffe de produit insecticides chez Syngenta. C’était un pari, mais nous souhaitions être prêts à distribuer le produit dans les temps, le cas échéant. »
Anticiper le zonage de la dérogation
Au-delà de la validation de la dérogation, les spécialistes de Syngenta ont aussi dû se poser la question du volume à produire. Avec ce point d’interrogation important, étant admis que la dérogation ne serait probablement pas nationale : comment anticiper le volume de Minecto Gold attendu par la filière ? Le calcul part d’un constat. Dans huit départements, les grosses altises présentent une résistance généralisée « super KDR(1) » aux pyréthrinoïdes, qui composent les dernières solutions sur le marché. Dans ces zones, l’impasse est avérée, et il était certain qu’elles seraient concernées par la dérogation, le cas échéant. Finalement, les autorités ont autorisé Minecto Gold dans une zone plus large. Un scénario envisagé par Syngenta.
Collaboration avec Terres Inovia
« Nous avons collaboré de près avec Terres Inovia, qui a construit le dossier de dérogation, resitue Aline Zaborowski. L’esprit de la demande était d’apporter aux colzaïculteurs, dans les zones d’impasse technique, une solution efficace pour lutter contre la grosse altise, mais aussi de limiter le déploiement des populations résistantes, en englobant les départements limitrophes de ces zones. » Dans ce périmètre géographique élargi, Syngenta s’est appuyé sur des enquêtes d’utilisation des produits à base de phosmet, alternative aux pyréthrinoïdes, autorisés jusqu’au 1er novembre, tablant sur le fait que les utilisateurs de ces solutions se reporteraient sur Minecto Gold. « Il a toutefois fallu prendre en compte le fait que le phosmet était autorisé sur les adultes et les larves, quand Minecto Gold n’est autorisé que sur ces dernières », précise encore Aline Zaborowski.
Syngenta à cheval sur l’étiquette
Dernière étape de cette course contre la montre : la fabrication des étiquettes. Les informations à présenter sur le produit ont un caractère strictement réglementaire. « Pour le coup, impossible d’anticiper l’ensemble des mentions avant le feu vert des autorités, note Aline Zaborowski. Nos équipes étaient dans les starting-blocks pour rédiger les informations au plus vite. » Ces étiquettes doivent être livrées à Syngenta incessamment et les premières livraisons suivront immédiatement.
Les commandes, elles, ont déjà débuté, dès les premiers jours de septembre. Dans ce challenge logistique, les volumes mis à disposition seront donc limités aux stricts besoins de cet automne. La firme reste discrète sur la date d’une possible homologation « pérenne ». Une chose est toutefois admise : si Minecto Gold devait être autorisé à l’automne 2023, ce serait à nouveau sous la forme d’une dérogation. Les équipes de Syngenta devront alors, une nouvelle fois, se tenir prêtes.
(1) KDR pour knock down resistance, difficilement traduisible littéralement, qui correspondrait à « résistance critique ».