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L’UFS mise sur l’attractivité de la production de semences, pour éviter une année noire en 2024

Le | Agrofournisseurs

La production de semences a été mise à rude épreuve en 2022 : guerre en Ukraine, sécheresse, crise énergétique… La situation devrait être tendue, mais acceptable, pour les semis 2023. En revanche, elle pourrait devenir catastrophique en 2024, si l’année à venir n’est pas bonne. L’UFS a dévoilé plusieurs leviers pour améliorer l’attractivité de la production de semences aux yeux des agriculteurs.

L’UFS mise sur l’attractivité de la production de semences, pour éviter une année noire en 2024
L’UFS mise sur l’attractivité de la production de semences, pour éviter une année noire en 2024

L’année 2022 n’a pas épargné l’agriculture française, et la filière des semences ne fait pas exception. La guerre en Ukraine a eu des impacts, qui perdurent. « Seule 50 % de la production programmée a été réalisée en Ukraine », a indiqué Rachel Blumel, directrice de l’Union française des semenciers, UFS, le 9 novembre, à l’occasion d’une conférence de presse. En France, les surfaces dédiées aux semences ont baissé d’environ 2 %, pour atteindre 400 000 ha. En cause, les prix élevés des commodités, qui ont incité les agriculteurs à favoriser les céréales dédiées à la vente.

La sécheresse a affecté la production de semences

Puis la sécheresse a entravé la production semencière. Dans certains départements, les multiplicateurs de semences ne sont pas parvenus à obtenir des dérogations pour irriguer. Le maïs, notamment, a été fortement impacté par le climat : les résultats n’atteignent que 65 à 70 % des prévisions. Enfin, la crise énergétique menace les trésoreries des entreprises semencières. Si les températures clémentes de l’automne ont permis aux semenciers de se passer de séchage, les contrats d’énergie de nombreuses sociétés vont arriver à échéance fin 2022, et devront être renégociés, multipliant le prix des factures jusqu’à six fois.

Malgré ces difficultés, les semis 2023 ne devraient pas être trop impactés, les semenciers disposant de stocks : entre 0,3 et 0,5 année de vente en stock pour le tournesol et le maïs, 0,5 en betterave, et 1 pour le colza. Quant aux céréales à paille, leur production est facilitée par la possibilité d’utiliser des semences de ferme. Le risque concerne surtout l’année 2024, en cas de nouvelle crise pour la filière. « Compte tenu de la situation, les surfaces doivent augmenter. Or, nous craignons que cette baisse se poursuive l’année prochaine à un rythme plus important », a confié Claude Tabel, président de l’UFS.

Réduire les distances d’isolement

Afin d’améliorer l’attractivité de la production de semences, l’UFS travaille sur plusieurs axes, notamment les distances d’isolement des parcelles de semences. « Pour certaines espèces, comme le tournesol, les parcelles de semences doivent être isolées d’au moins 500 mètres, parfois même de 3 km, pour éviter les contaminations, explique Claude Tabel. Nous proposons de réduire les distances de 500 à 400 mètres, et celles de 3 km à 2 km. Nous travaillons aussi sur le décalage des dates de semis, qui pourrait permettre de limiter encore plus les risques de contamination. »

Des aides pour l’irrigation et l’énergie

Autre demande portée par l’UFS : que la production semencière soit considérée comme prioritaire pour l’accès à l’irrigation. « Il est nécessaire et urgent de décliner une politique permettant un accès à l’eau, y compris en situation de tension, et favorisant les apports à des stades clés de la production de semences », estime Rachel Blumel. Les semenciers espèrent aussi pouvoir bénéficier d’aides pour leurs factures d’énergie. « Les dispositifs existants sont peu accessibles pour nos entreprises, pointe Rachel Blumel. Le gouvernement est en marche pour apporter des solutions, mais les discussions ne semblent pas stabilisées avec les fournisseurs d’énergie. Nous devrions en savoir plus d’ici la fin du mois. »

Enfin, la multiplication de semences ne retrouvera pas son attractivité sans un effort au niveau du montant des contrats. « Il faut que les clients acceptent de payer plus cher, pour accroître le revenu de l’agriculteur, estime Claude Tabel. Il y aura déjà une hausse cette année, d’au moins 20 % pour certaines espèces en tension telles que le maïs. » Mais ces hausses ne peuvent pas s’appliquer à toutes les productions, comme les fourragères, car les éleveurs subissent un effet ciseau entre la hausse de leurs coûts de production et la stabilité, voire la baisse des prix de leurs productions.

L’UFS en chiffres

  • 60 entreprises sélectionnent plus de 70 espèces
  • 131 centres de recherche variétale en France
  • 550 nouvelles variétés sont inscrites au catalogue national chaque année
  • La France est le premier état européen en production de semences, avec 400 000 ha, 18 000 agris.
  • La France,premier exportateur mondial, exporte 52 % de ses semences, dont 70 % au sein de l’UE. Cela dégage 1,1 Md€ de contribution positive à la balance commerciale.
  • 100 % de la production de semences est contractualisé.
  • 1 Mt de semences ont été produites en 2021 sur 240 sites de production.
  • 2,2 % du CA des semenciers est investi dans les outils de production.