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Récolte 2022 de maïs, la plus faible depuis 30 ans, selon l’AGPM

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L’Association générale des producteurs de maïs est revenue sur la campagne 2022, qui a été particulièrement éprouvante pour la filière. Les températures et la sécheresse ont mis à mal les cultures, et le résultat est très décevant : tant sur la partie conso que semences. Heureusement, la campagne passée avait généré d’importants stocks.

Récolte 2022 de maïs, la plus faible depuis 30 ans, selon l’AGPM
Récolte 2022 de maïs, la plus faible depuis 30 ans, selon l’AGPM

L’Association générale des producteurs de maïs, AGPM, tenait, le 5 octobre, sa conférence de presse de rentrée lors de laquelle elle a tiré le bilan d’une campagne difficile pour la filière maïs. La production devrait être la plus faible depuis 30 ans, avec une estimation de récolte à 10 Mt, contre 14 Mt pour la moyenne quinquennale. Cela s’explique par plusieurs facteurs : des rendements décevants, liés au climat, et une sole en recul à 1,34 Mha contre 1,53 Mha en 2021, et 1,44 Mha en moyenne quinquennale. Sans compter que les surfaces récoltées ont encore été plus réduites, 70 000 ha ayant été transférés en maïs fourragers pour compléter la récolte en-deçà des attentes. Les bons résultats de la précédente campagne, qui ont permis d’avoir des stocks à 2,2 Mt, dans la moyenne, en juillet, permettront de limiter les manques, mais la filière doit reconstituer ces stocks.

Entre 15 jours et un mois d’avance

« Les excès de température ont entraîné des avances dans le cycle de développement, empêchant la plante d’exprimer tout son potentiel, explique Thomas Joly, responsable filière maïs chez Arvalis. C’est l’extrême inverse de ce qui s’est passé l’année dernière. » Le maïs a entre 15 jours et un mois d’avance, et la récolte en est aux deux tiers environ. L’AGPM estime qu’elle devrait se terminer autour du 15 octobre. Le peu d’humidité permet de limiter fortement les coûts de séchage. Et s’il y a eu quelques pluies récentes, la précocité permet au moins de temporiser et d’attendre que l’humidité ait à nouveau baissé pour récolter.

25 % de la production de semences de maïs va manquer

Les semences de maïs sont particulièrement impactées par les mauvaises conditions : 84 500 ha avaient été mis en production, soit un niveau élevé, mais nécessaire, pour répondre à la demande internationale, alors que la France était encore, en 2021, leader de l’export de semences de maïs. Mais malgré un début de campagne encourageant, avec de bonnes conditions de semis, la sécheresse a affecté toutes les régions, et les pics de chaleurs ont perturbé la fertilisation. « Il y a eu des abandons de culture, et il va nous manquer 25 % de la production » a révélé Pierre Pagès, président de la Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho. Cette tendance se vérifie au niveau européen, où la production n’atteint que 77 % de l’objectif. « Nous avions autour de 20 % d’avance en stock en débutant la campagne, aussi nous arriverons à avoir un approvisionnement, mais il y aura des ruptures et des tensions sur certains segments », a prévenu Pierre Pagès.

Des prix élevés, qui pourraient chuter

Les prix du maïs restent élevés, depuis fin 2020. En cause : d’importants achats de la Chine, la hausse des matières premières liée à la reprise économique d’après Covid et l’invasion en Ukraine, quatrième exportateur mondial. Mais ces prix pourraient être soumis à des pressions, en raison de la concurrence du blé et de l’orge pour l’alimentation animale, de la baisse de la demande en alimentation animale due à la grippe aviaire et à la décapitalisation. Autre élément à prendre en compte, la baisse de la demande des industries (amidonnerie, semoulerie, éthanol), du fait de coûts prohibitifs de l’énergie. Enfin, le maïs français subit la concurrence des maïs ukrainien et brésilien, plus compétitifs. « Mais les prix pourraient aussi remonter, si Poutine ferme le corridor ukrainien, ou si la Chine importe plus », pointe Arthur Boy, chargé de mission service économique de l’AGPM.

Et si les charges sont en hausse de 19 % en moyenne, l’AGPM ne craint pas un détournement des maïsiculteurs vers d’autres productions. « La culture du maïs est bien implantée, et bénéficie d’une destination pour des usages bien définis, indique Daniel Peyraube, président de l’AGPM. L’année dernière était tellement exceptionnelle que nous nous attendions à ce qu’une mauvaise année puisse arriver. D’autant que dans le Sud-Ouest, aucune autre culture n’a marché. Il pourrait y avoir quelques changements à la marge dans les assolements du printemps prochain, mais je ne suis pas inquiet. Les producteurs vont rester dans un schéma structuré. »