Le secteur semencier affiche une bonne dynamique
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Le 14 décembre, l’Union française des semenciers, UFS, a présenté le bilan et les perspectives de l’activité des entreprises semencières en France. Parmi les sujets évoqués, une balance commerciale excédentaire, l’impact du conflit entre l’Ukraine et la Russie, l’attractivité des métiers, les NGT ou encore le règlement PRM.
« C’est un bilan plutôt positif, après une année 2022 avec des aléas climatiques, et malgré un sujet persistant sur l’attractivité de la production de semences », a indiqué Olivier Paul, le nouveau président de l’Union française des semenciers, le 14 décembre à l’occasion de la conférence de presse annuelle de l’UFS. Le secteur a réalisé un chiffre d’affaires de 3,6 Mds d’euros, en hausse sur un an. Par ailleurs, la balance commerciale est excédentaire, en croissance de 10 %, à 1,124 Md d’euros. « Cette hausse est fortement liée à l’inflation », précise le président. La moitié de l’excédent vient du maïs, dont l’activité est stable sur un an. Le marché des potagères et florales est en hausse de 14 % avec un bond de 31 % pour les légumes secs, tandis que les oléagineux sont en baisse de 7 % : la balance commerciale sur les betteraves redevient positive. Deux tiers des exportations sont à destinantion de l’Union européenne, le tiers restant se partageant à parts égales entre la Russie et l’Ukraine.
La Russie, autosuffisante à 75 % en 2030
Le conflit entre les deux pays revêt donc une importance majeure pour le secteur. La Russie et l’Ukraine cherchent actuellement à accroître leur autonomie en la matière. La Russie a voté un décret en mai 2023 pour disposer d’une autosuffisance de 75 % en 2030 en semences locales. Elle contraint les entreprises étrangères à localiser la recherche dans le pays. Ainsi, des contingents d’importations seront établis et à partir du 1er septembre 2024, il y aura une impossibilité d’exporter vers la Russie pour les États n’ayant pas accepté l’audit de leurs laboratoires par les autorités russes. « Le décret est difficile à lire et à comprendre, reconnaît Olivier Paul. Produire de la semence en Russie va prendre six à dix ans. Tous les semenciers français sont en train d’essayer de s’adapter pour monter des programmes de recherche locaux. Quant à l’Ukraine, elle produit davantage localement, « avec des plans de production d’avant-guerre ». Avec l’export et la production locale, la Russie et l’Ukraine représentent respectivement une activité de 450 millions d’euros et de 400 millions d’euros pour les entreprises semencières françaises.
Une étude sur l’attractivité de la production de semences
Pour comprendre les problématiques d’attractivité et la baisse des surfaces en production de semences, l’UFS a mené une étude au premier trimestre 2023. Elle met en évidence six principaux freins : la rémunération qui reste aléatoire, le manque de solutions phytosanitaires, le renouvellement des générations, les problèmes de productivité, les moyens de production avec de la main d’œuvre de plus en plus difficile à trouver et les besoins d’irrigation. L’accès à l’eau reste un vrai sujet avec des restrictions qui démarrent très tôt. Cette année, sur 17 arrêtés de restriction d’eau, cinq seulement ont eu des dérogations sur les semences. « Nous avons un enjeu de travailler de manière collective pour améliorer l’attractivité, par les acteurs des semences et des enjeux politiques », indique Olivier Paul.
Des propositions sur les NGT
Parmi les autres sujets évoqués, la pérennité du crédit impôt recherche, la protection des stations de recherche contre l’activisme, et le règlement européen sur les nouvelles techniques génomiques, NGT pour lesquelles l’UFS demande un cadre le plus clair possible pour les entreprises semencières. L’union fait certaines propositions : des critères d’accès aux NGT1 et NGT2 précis et opérationnels, une traçabilité via une mention au sein du catalogue officiel et non jusqu’au produit fini, un processus de vérification objectif et scientifique de l’accès à la catégorie 1. L’UFS demande également de travailler sur l’acceptation de ces nouvelles technologies par la société. Et entend maintenir l’exception du sélectionneur en cas de NGT brevetées. Malgré le vote du 11 décembre des ministres de l’Agriculture européens qui n’a pas atteint la majorité, les semenciers restent optimistes. « Beaucoup d’amendements ont été déposés, nous espérons que les choses vont évoluer et que la présidence belge avancera avant les élections européennes », explique Rémi Bastien, vice-président de l’UFS. Le processus réglementaire va encore prendre un temps long. « Aujourd’hui, investir sur les NGT est un pari que nous ne pouvons pas faire », reconnaît Olivier Paul.
L’UFS peu inquiète sur le PRM
Un autre texte sur lequel l’UFS est attentive : le règlement sur la commercialisation des semences PRM, pour Plant reproductive material. Il a pour ambition de réunir onze directives en un seul texte avec trois piliers : la gestion des inscriptions des variétés qui inclut la notion de durabilité (VATE), la production de semences, et la commercialisation. « Ce qui nous rassure c’est qu’il y a une forte inspiration du modèle français », indique Rachel Blumel, directrice de l’UFS. Le règlement devrait s’appliquer entre 2028 et 2030.
Les chiffres clés 2022/2023 de la filière
- 13 % du chiffre d’affaires investi en R&D
- 69 entreprises de sélection
- 131 centres de recherche
- 486 variétés inscrites au catalogue en 2022
- 7955 variétés répertoriées au catalogue français
- Premier exportateur mondial de semences
- Premier producteur européen de semences