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Une année presque idéale pour le maïs semence

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De retour en Auvergne après dix ans d’absence, le Congrès du maïs, organisé les 21 et 22 novembre à Clermont-Ferrand, s’est ouvert sur des annonces rassurantes pour la production de maïs semence, qui atteint 107 % des objectifs en 2023. Des chiffres qui tranchent avec ceux d’il y a an, où la filière accusait le coup d’une année difficile, mais qui ne font pas perdre de vue les incertitudes pour 2024, notamment sur le recul des surfaces. 

L’édition 2023 du Congrès du maïs était organisée les 21 et 22 novembre à Clermont-Ferrand.  - © D.R.
L’édition 2023 du Congrès du maïs était organisée les 21 et 22 novembre à Clermont-Ferrand. - © D.R.

« L’année 2023 a été une très bonne année, presque idéale, indique Albert Binder, vice-président de l’AGPM maïs semence, en ouverture du Congrès de la filière, le 21 novembre à Clermont-Ferrand. La récolte est estimée à 107 % de l’objectif, en phase avec les bons résultats de l’Union européenne, attendus autour de 103 %. » Comparée aux annonces faites un an plus tôt, l’ambiance est tout autre ! « L’année dernière, nous avions le moral dans les chaussettes, rappelle Albert Binder. Nous parlions d’une baisse de 10 % à 15 % du nombre de producteurs et un quart des maïsiculteurs voulaient réduire leurs surfaces. Au final, le nombre de producteurs recule, mais de 6 % et les surfaces de 5 %. Les maïsiculteurs français ont contribué à la reconstitution d’un stock important. »

Des stocks qui inquiètent

Si 2023 est reconnue comme l’une des meilleures années depuis le début des années 2000, les stocks, qui ont atteint le niveau historique de 80 % de l’utilisation, pourraient peser lourd en 2024. « C’est énorme et cela aura sûrement des conséquences, prévoit le vice-président de l’AGPM maïs semence. Il faut espérer que beaucoup de maïs sera semé l’an prochain, que les doses de semences seront vendues et évacuées, et que les semenciers tiendront compte de nos réseaux, pour que nous ne soyons pas fragilisés par une baisse des surfaces. » Car c’est bien là l’une des inquiétudes principales évoquées lors de cette première journée de congrès. « Je sais que vous vous interrogez sur ce sujet, les stocks augmentent et donc les surfaces vont mécaniquement baisser, pose Benoît Laborde, président de l’AGPM maïs semence. Il est encore trop tôt pour en estimer l’ampleur », estime-t-il en appelant à lisser sur la durée cette réduction inévitable des surfaces.

Des variabilités inter-annuelles qui ont suscité de vives réactions dans l’auditoire. «  Nous sortons d’une année où le rendement de référence avait été abaissé de 30 % ; désormais nous sommes à 107 % alors que nous avons connu une année exceptionnelle, il n’y a pas de quoi se réjouir », ont déclaré plusieurs maïsiculteurs dans la salle, qui regrettent de ne pas être davantage associés à la fixation de ces objectifs de rendement.

5000 € /ha suite à une revalorisation des accords de prix

Les représentants de la filière se sont néanmoins félicités des bons résultats économiques, et d’un règlement de campagne 2022 qualifié d’exceptionnel. «  Notre demande a été entendue, et nous sommes passés de 70 % (du produit brut d’objectif) technique à un 98 % économique, ce qui fait que près de 100 M€ hors contrats ont été réinvestis dans la filière », souligne Dominique Patry, membre du bureau de l’AGPM maïs semence. Par rapport à 2022, les accords de prix ont ainsi été revalorisés de 25 %, pour atteindre 5000 €/ha, soit une hausse de 1300 €/ha au plancher pour le maïs grain. Mais cette année, l’heure est décidément à la tempérance. « C’est bien, mais il faut relativiser, nuance Dominique Patry. Les coûts de production ont eux aussi augmenté de 25 % depuis 2011. 2023 a été rythmé par des fluctuations de prix et nous savons que personne n’atteindra les prix plafond. »

Un réseau moins résilient

Alors que le nombre de multiplicateurs de semences devrait passer sous la barre symbolique des 3000 en 2024, symbolisant une certaine fragilité de la filière, ses représentants veulent être clairs. « Nous sommes habitués à ces fluctuations économiques, l’histoire se répète, mais faudra-t-il tout accepter car cela fait partie de notre ADN ? Non !, plaide Benoît Laborde. Le réseau n’est plus le même qu’en 2014 et est moins résilient. Il nous faudra demander des garanties économiques, et ne pas brader notre production pour conserver des parts de marché. Cette année, nous voulons revenir aux fondamentaux en mettant les coûts de production au cœur des négociations. »

Une position qui explique, selon lui, la forte mobilisation de l’association sur le dossier des OP. Un décret, publié durant l’été, acte la possibilité de créer ces OP pour le secteur des semences. Le syndicat a ainsi voté, ce jour, pour faire évoluer ses statuts et inclure les OP. «  C’est un outil économique indispensable pour renforcer le poids des producteurs dans la relation avec les semenciers, assure Benoît Laborde. Nous espérons avoir de premières reconnaissances dans les prochaines semaines. » Cinq dossiers de demande de reconnaissance ont été déposés.

 

Quelques chiffres : 

  • surfaces de maïs semences en 2023 : 80 500 hectares (- 5 %)
  • nombre de multiplicateurs : 3045 (- 6 %)