Référence agro

Les multiplicateurs de semences craignent un recul des surfaces

Le | Agrofournisseurs

À l’occasion d’une conférence de presse organisée le 18 mai, la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams) est revenue sur les difficultés de la profession : charges en hausse, pression du climat et des ravageurs. Face au prix record des céréales, un désengagement de l’activité de multiplication de certaines cultures est à craindre pour la prochaine campagne.

Les multiplicateurs de semences craignent un recul des surfaces
Les multiplicateurs de semences craignent un recul des surfaces

La Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences organisait une conférence de presse, le 18 mai. À cette occasion, ses adhérents ont évoqué la hausse des coûts de production, de 20 % environ pour les céréales, entre 10 et 20 % pour les fourragères, 12 % pour les betteraves porte-graines et de 5 % pour les potagères. « L’ensemble des charges augmente, et les établissements semenciers n’ont pas compensé ces hausses vis-à-vis du producteur, indique Laurent Miché, vice-président de la Fnams. Avec un blé qui dépasse les 430 €/t, l’agriculteur commence à se poser des questions. »

Une baisse générale des surfaces

D’après Thomas Bourgeois, président de la Fnams, il n’y aura cependant pas de pénurie en 2022, car la plupart des cultures sont déjà en terre. Pour autant, les surfaces sont généralement en baisse, même si elles ont été implantées avant la guerre en Ukraine. Une baisse de 4 % est à noter en céréales (à 122 000 ha), de 10 % pour les fourragères (à 51 000 ha), de 7 % pour les protéagineux (à 12 000 ha). Les semences potagères et florales restent stables. Les betteraves sont, elles aussi, en baisse, de 16 %. « Toutes les surfaces n’ayant pas encore été comptabilisées, ce chiffre peut évoluer », précise Thomas Bourgeois. Malgré les difficultés de la filière, la production de semences de betteraves reste compétitive. Si l’UFS craint une baisse drastique de la production de semences de tournesol, au profit de cultures classiques, moins contraignantes, la Fnams ne dispose pas encore de chiffres concernant les surfaces dédiées à cette culture.

Un réel désistement pour les semences fourragères

« Au niveau des fourragères, on sent un réel désistement des producteurs, alerte Laurent Miché. Bien en amont des considérations économiques et géopolitiques actuelles, les producteurs de fourragères, et notamment de légumineuses, ont été très impactés par les effets climatiques et la disparition de solutions pour lutter contre les ravageurs. » 20 % de la surface de la luzerne a été perdue en 2021. « Les établissements semenciers courent un risque important de ne pas retrouver les volumes nécessaires à la production, précise-t-il. D’autant que le problème est européen. » Un groupe de réflexion a été mis en place par la Fnams et l’interprofession des fourragères. Données météorologiques, variabilité du rendement, prix et gestion des risques seront étudiés afin de retrouver un niveau de production satisfaisant.

« La campagne 2023 risque d’être tendue »

Et si les producteurs de semences de céréales pourront bénéficier d’une hausse de tarif, car toute la filière se porte bien, l’utilisateur de semences fourragères est un éleveur. « La marge d’augmentation est limitée, car l’éleveur n’a pas les moyens d’augmenter encore ses charges », indique Jean-Albert Fougereux, directeur technique. Même les cultures potagères, pourtant à haute valeur ajoutée, pourraient être concurrencées par les céréales. « Les oignons et les carottes, par exemple, sont des cultures à risque, qui demandent un investissement humain, d’importants besoins en eau, rappelle Jean-Albert Fougereux. Une marge de manœuvre sur le prix de vente des semences est possible, car l’utilisateur final peut se le permettre, mais ces cultures sont tout de même mises à mal par la conjoncture. » La Fnams espère une meilleure répartition de la valeur, entre producteurs de semences, établissements semenciers, distributeurs et utilisateurs. La fédération s’attend tout de même à un désintérêt d’un nombre important de cultures, face à la rentabilité des céréales. « La campagne 2023 risque d’être tendue », reconnaît Laurent Miché.