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Semences de maïs, les distributeurs priés de mieux partager la valeur

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Le ton est monté lors de l’assemblée générale de la FNPSMS le 9 novembre à Tours. Une étude, non publiée, montrerait que la distribution capte davantage de valeur dans la production de semences. Explications.

Semences de maïs, les distributeurs priés de mieux partager la valeur
Semences de maïs, les distributeurs priés de mieux partager la valeur

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Semences de maïs, les distributeurs priés de mieux partager la valeur - © D.R.
Semences de maïs, les distributeurs priés de mieux partager la valeur - © D.R.

Xavier Thévenot, président de la section maïs et sorgho de l’UFS et directeur développement durable de Syngenta[/caption]

« Nous avons les chiffres, nous savons qui sont les méchants et nous attendons toujours », s’est indigné Stéphane Desrieux, secrétaire général de l’AGPM* maïs semences lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho, FNPSMS le 9 novembre à Tours. Une AG houleuse, où les producteurs de semences n’ont pas manqué de manifester leur mécontentement concernant leur rémunération et la répartition de la valeur dans la filière. « La captation de la valeur, ce sont les distributeurs qui la prennent, c’est un gros loup dont on ne parle jamais », lance un agriculteur dans la salle, sous les applaudissements.

Une enquête sur la répartition des coûts et des marges en semences

L’enquête sur la répartition des coûts et des marges dans la chaîne, avec des chiffres depuis 2007, est désormais finalisée. Si les dirigeants de la FNPSMS insistent sur le fait qu’elle n’est pas encore publiée et reste en cours d’analyse, le résultat est clair : la valeur dans la chaîne est davantage captée par la distribution.

« Nous voyons la part prise par chacun des acteurs : ce ne sont ni les semenciers, ni les producteurs qui en ont profité, indique Xavier Thévenot, président de la section maïs et sorgho de l’UFS* et directeur développement durable de Syngenta. La valeur ne permet pas d’alimenter suffisamment les activités de recherche et les investissements nécessaires à la compétitivité de la filière française des semences. »  Pourtant, pour Pierre Vincens, président de l’AGPM maïs semences, la filière est loin d’être en difficulté. « La valeur existe, c’est un problème de répartition », insiste-t-il.

Discuter avec la distribution avec des chiffres

La FNPSMS indique vouloir maintenant rencontrer la distribution pour discuter, chiffres à l’appui. «  Nous ne parlons jamais avec ces entreprises car elles ne sont pas dans la fédération, reconnaît Pierre Pagès, président de la FNPSMS. Il fallait d’abord faire l’état des lieux. Nous allons voir ensemble comment mieux gérer la valeur. Mais s’il suffisait d’aller prendre trois ou quatre euros par dose auprès de la distribution, nous la FNPSMS l’aurions déjà fait.  L’enjeu pour nous est d’agir vite, même si ce n’est jamais assez vite. » Pour Xavier Thévenot, la création des centrales d’achat a accéléré cette captation de valeur. « Il faut désormais travailler ce sujet sensible avec sang-froid  : il y a de la marge qui circule », reconnaît Daniel Peyraube, président de l’AGPM.

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Semences de maïs, les distributeurs priés de mieux partager la valeur - © D.R.
Semences de maïs, les distributeurs priés de mieux partager la valeur - © D.R.

Daniel Peyraube, président de l’AGPM.[/caption]

Une revalorisation des prix mais des coûts en hausse

Pourtant, côté prix, l’année est meilleure que les précédentes. Les négociations ont permis aux producteurs d’obtenir de l’AGPM maïs semences une revalorisation d’un euro par dose produite de semence de maïs en moyenne pour cette année. A cela, s’ajoute une indexation aux prix élevés du maïs consommation qui permet, au final un doublement de l’augmentation, soit plus de deux euros par dose par rapport à la dernière campagne, en moyenne, indique Pierre Vincens. « C’est une bonne nouvelle mais nous sommes loin des niveaux de 2012 qui restent la référence haute, ajoute-t-il. D’autant que les coûts de production sont en hausse, même s’ils sont difficiles à estimer à l’heure actuelle. » Au-delà d’une meilleure répartition de la marge, il prône un lissage de la rémunération sur plusieurs années : « L’objectif est que les producteurs et leurs contractants puissent avoir une lisibilité à moyen terme. Les investissements qui en découleront seront des indicateurs de réactivité et de compétitivité, garants de la pérennité de cette production à son niveau d’excellence actuel. La France réalise la moitié de la production de l’Union européenne et est premier exportateur mondial ! »

*AGPM : Assemblée générale des producteurs de maïs

UFS : Union française des semenciers