Tous les feux sont au vert pour le tournesol et pourtant…

« Entre les intentions évoquées à l’automne dernier et la réalité du marché mi-janvier, l’écart est notable, confirme Sylvain Lascabettes, chef marché tournesol chez Syngenta. Pour moi, la hausse des surfaces de tournesol ne devrait pas dépasser les 3 % pour, de nouveau, atteindre la barre des 700 000 ha. » Erwan Bougouin, responsable marketing chez Mas Seeds, compte « sur une progression de 5 %, peut-être plus ». Du côté de Lidea, les prévisions sont plus prudentes. « La campagne démarre plus lentement que les autres années. Nous sommes même un peu en retard, constate Célénie Besse, chef marché tournesol. Notre pronostic ? Une stabilité des surfaces. »

De sérieux atouts

Pourtant, pour le tournesol, tous les feux sont au vert. « Les cours sont là, les rendements 2021 ont été exceptionnels, même dans les zones comme dans l’Est de la France, habituellement moins adeptes de cette culture… Et face à l’envolée des prix de l’azote, opter pour le tournesol paraît une bonne option. Le tournesol devrait conserver sa place dans le Sud-Ouest, dans l’Est, en Poitou-Charentes et dans les Pays de la Loire », confie Sylvain Lascabettes.

Une image de « culture d’ajustement » bien ancrée

Et pourtant, pour Erwan Bougouin, « aucun doute, le tournesol devrait, cette année encore, rester une culture d’ajustement. Les surfaces réellement implantées dépendront de celles semées en orge de printemps, en soja et en maïs. » Et de l’avenir des céréales d’hiver en terre, précise Sylvain Lascabettes. « Dans le sud-ouest, pas mal d’hectares de blé sont sous l’eau suite aux inondations de ces derniers jours. En cas de retournement de ces parcelles, le tournesol pourrait gagner quelques hectares. Mais difficile aujourd’hui d’établir de solides prévisions. »

Les distributeurs, sereins

Une chose est sûre, aucun emballement du côté de la distribution n’a été constaté. « Nos clients savent que nous avons la marchandise. Le marché des semences de tournesol n’est pas tendu, poursuit Sylvain Lascabettes. Aucune stratégie de couverture anticipée n’a donc été déclenchée à part pour les têtes d’affiche de l’an passé qui restent les variétés les plus demandées cette année. Nous constatons également un peu plus de demande en linoléique, pour répondre à un marché en manque d’huile. Les VTH restent quant à elles très sollicitées dans les pays de l’Est. »

Une campagne calme, très calme

Pour Erwan Bougouin, « ce calme sur le marché de la semence s’explique aussi par des campagnes en engrais et en phytos qui, elles, ont été plus qu’animées ces dernières semaines ! Les responsables appro étaient bien occupés ! Peut-être que tout va s’accélérer dans les jours à venir mais pour l’heure, c’est encore calme ». Même constat chez Lidea. « Les premières commandes ont été assez précoces. Mais la seconde vague est plus lente. Les nouveautés affichant de belles performantes sont très prisées. La demande est bien moindre pour les variétés plus anciennes. »

Le marché du bio risque de se tendre

Syngenta, qui s’octroie plus de 30 % des parts du marché en tournesol, constate que la dynamique autour des semences de tournesol bio n’est pas celle attendue. « Aujourd’hui, les semences bio représentent 7 à 8 % de nos volumes en tournesol. Nous pensions rapidement atteindre 15 % : la progression est plus lente qu’espérée. Mais avec la fin de la dérogation, depuis le 1^er janvier, de l’utilisation de semences conventionnelles non traitées pour le bio, le marché risque de se tendre. Car tous les producteurs bio devront s’approvisionner en semences bio. À moins qu’une nouvelle dérogation ne voie le jour. »