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Une hausse des prix des fertilisants organiques à prévoir

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Afaïa a alerté, dans un communiqué de presse publié le 20 avril, sur une hausse des coûts des matières premières et des transports, entraînant une augmentation des tarifs des fertilisants organiques, supports de culture et biostimulants.

Une hausse des prix des fertilisants organiques à prévoir
Une hausse des prix des fertilisants organiques à prévoir

Depuis le début de l’année 2021, les cours des engrais azotés et phosphorés se sont envolés, en raison d’une hausse du tarif du gaz et d’une demande en engrais en forte croissance. Alors que l’urée entame finalement un léger recul, mais que le phosphore et la potasse maintiennent leur tendance haussière, les engrais organiques devraient, eux aussi, voir leurs tarifs augmenter dans les semaines à venir. En cause, le coût du transport, la réglementation en matière de recyclage et la hausse du prix des matières premières. « Tous les clignotants sont au rouge », déclare Laurent Largant, directeur d’Afaïa, le syndicat des fertilisants organiques et des biostimulants, après avoir publié un communiqué de presse le 20 avril.

Multiplication des coûts du transport maritime

“Le coût du transport maritime de conteneurs a été multiplié par quatre en un an” indique ainsi le syndicat, qui dénonce une insuffisance structurelle de conteneurs pour le transport international, en plus d’incidents tels que le blocage du canal de Suez par le porte-conteneur Ever Given. Par ailleurs, les mesures de sécurité prises dans le cadre de la lutte contre la crise de la Covid-19 compliquent le transport de marchandises. Or, la fibre coco ou la tourbe, majoritairement importées, constituent des matériaux essentiels des substrats pour les adhérents d’Afaïa.

Autre facteur entraînant une hausse des prix des engrais organiques, le bond des cours du plastique, qui suit celui du pétrole, et entraîne avec lui une augmentation du prix des emballages. “Le prix du polyéthylène, qui sert à faire les sacs, a augmenté de 80 % depuis décembre, indique ainsi Laurent Largant. Sur le prix final du sac ou du big bag, cela peut avoir un impact de plusieurs pourcents.” Les emballages en bois sont également concernés, avec la hausse du prix des palettes. Enfin, des évolutions réglementaires ont conduit au doublement des coûts de recyclage. Un fabricant de terreau a ainsi confié à l’Afaïa avoir décidé de façon unilatérale et immédiate de majorer ses prix en cours de saison. 

Difficultés accrues pour le marché du bio

L’Afaïa alerte sur la hausse des prix des matières premières, “avec des tensions sur la tourbe et sur les produits issus du bois”. Enfin, le syndicat rappelle la difficulté pour ses adhérents à se procurer des matières premières pour la production de fertilisants utilisables en agriculture biologique, alors même que la demande est en croissance. Le nouveau règlement européen sur les productions biologiques qui entrera en vigueur en 2022, maintient l’interdiction de l’utilisation d’effluents et fertilisants issus d'« élevages industriels » pour l’agriculture biologique. Or si l’UE ne fournit toujours pas de définition de l'« élevage industriel », la Cnab a établi un Guide de Lecture, entré en vigueur en janvier, qui définit l’élevage industriel comme étant sur caillebotis, grilles ou cages, et dépassant les seuils de 85 000 poulets, 60 000 poules, 3 000 porcs de production ou 900 truies.

“Ces seuils vont provoquer un problème d’approvisionnement, indique Laurent Largant, car seuls les élevages importants ont les équipements pour créer des fientes séchées, par exemple. Et seuls les grands élevages commercialisent leurs effluents, les petits éleveurs les conservent en général pour leur activité. Pour fournir les effluents à la filière bio, les professionnels vont aller acheter des fientes « soit-disant » bio en Belgique ou en Espagne…”

Selon le syndicat de la fertilisation organique, “pour préserver leur activité, les adhérents d’Afaïa devront probablement répercuter ces impacts, et cela va tirer l’ensemble des produits à la hausse, dès ce printemps”.