Aliments d’élevage bio, l’évolution de la réglementation devrait profiter aux tournesol et maïs
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L’évolution de la réglementation sur l’alimentation animale bio devait s’accompagner d’une hausse des surfaces en tournesol et maïs bio, dans un marché en croissance. Les OS auront un rôle majeur. Explications avec Pierre-Marie Decoret, en charge des études économiques au sein du groupe Avril.
Jusqu’à présent, l’alimentation animale bénéficiait d’une dérogation qui permettait aux fabricants d’introduire 5 % de produits non bio dans la composition des aliments bio destinés à l’élevage. « Cette dérogation va prendre fin début 2021, ce qui va renforcer la demande en tourteaux de tournesol et en maïs bio », a indiqué Pierre-Marie Decoret, en charge des études économiques dans le groupe Avril, lors de la table ronde sur l’agriculture biologique organisée par Mas Seeds le 8 septembre.
Une offre encore insuffisante
Pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations de tourteaux de soja bio, la France entend développer les cultures de tournesol et de maïs. Si, avec la Roumanie, elle est l’un des principaux pays producteurs de tournesol bio dans le monde avec des surfaces qui ont doublé en cinq ans, atteignant 22 500 hectares, l’offre reste toutefois insuffisante. 70 % des tourteaux sont importés. « Il faut du temps pour que la dynamique se mette en place », explique Pierre-Marie Decoret. Du côté du maïs bio, les agriculteurs français produisent 102 000 tonnes par an, et en importent environ 22 000 tonnes, selon Régis Hélias, ingénieur filière bio chez Arvalis. « Nous sommes également l’un des principaux pays producteurs avec un tiers des surfaces en Europe », ajoute Pierre-Marie Decoret.
Développer les filières animales et humaines
Pour développer les surfaces, il faut penser global. « La coproduction est la réalité économique de la filière. Les tourteaux sont des coproduits, il faut donc réfléchir à la valorisation totale du secteur », indique Pierre-Marie Decoret. Or, des marges de manœuvre existent sur le développement des huiles bio : celle de tournesol pèse de 2 à 3 % du marché, alors que l’huile d’olive bio représente 15 %. « Des perspectives de croissance existent, le marché bio va continuer de croître, assure-t-il. Lesieur a d’ailleurs pour objectif d’avoir un pendant bio pour chaque référence produit. »
Avril entend également financer les outils industriels pour accompagner le développement, à l’instar de Sojalim dans le Sud-Ouest.
Le rôle des OS
Les enjeux de la traçabilité devront être gérés au niveau des organismes stockeurs. « Ces acteurs doivent se familiariser avec la filière pour pouvoir gérer les certificats, des camions qui arrivent en bio et en conventionnel, segmenter la production, et éviter les déclassements et perdre de la valeur sur la chaîne », poursuit-il.
Selon les experts, le danger pourrait toutefois venir d’une mauvaise adéquation entre l’offre et la demande. « Attention à ne pas trop anticiper pour éviter que les produits bio ne perdent de la valeur », préviens Pierre-Marie Decoret.