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Apiculture et pesticides, « la logique du bouc émissaire s’est soldée par un échec » pour le RBA

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Pour le Réseau biodiversité pour les abeilles, « trop c’est trop ». Dans un communiqué diffusé le 2 novembre, l’organisation appelle à un électrochoc des financements publics et de la recherche, pour mieux accompagner la filière, victime une nouvelle fois d’une année compliqué, compte tenu des aléas climatiques.

Apiculture et pesticides, « la logique du bouc émissaire s’est soldée par un échec » pour le RBA
Apiculture et pesticides, « la logique du bouc émissaire s’est soldée par un échec » pour le RBA

L’année 2021 avait été une année noire pour l’apiculture française et la production de miel. Un an plus tard, le constat n’est pas meilleur. « Malgré des conditions de production très différentes d’une année sur l’autre, l’apiculture ne cesse d’être en crise. 2022 ne déroge pas à la règle », fustige dans un communiqué diffusé le 2 novembre, le Réseau biodiversité pour les abeilles, RBA. En effet, la sécheresse de 2022 a pesé aussi lourd que la météo humide de 2021 sur les cheptels. Selon les estimations de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), la récolte de miel s’élève entre 12 et 14 000 tonnes en 2022, supérieure à celle de 2021, mais très inférieure à celle de 2020. « Malgré des miellées de printemps intenses voire exceptionnelles dans certains bassins de production, la succession de canicules et le maintien de températures très élevées ont entraîné un arrêt brutal et durable de l’activité des colonies », regrette le RBA.

Un « électrochoc » des politiques publiques

Selon l’organisation, ces problèmes et leurs solutions sont pourtant bien connues. Elle regrette ainsi que le développement d’espaces utiles à l’alimentation des abeilles, comme les jachères mellifères, « restent encore et toujours dans l’angle mort des politiques publiques  ». Le RBA en appelle donc à un « électrochoc », en matière de financements publics, et à élargir la recherche au délà de l’enjeu des pesticides. « Depuis 30 ans, la logique du bouc émissaire s’est soldée par un échec patent, constate le RBA. (…) L’influence de l’alimentation, la connaissance des maladies, virus et parasites et les moyens de lutte efficaces : voilà quels sont les besoins de la filière.

Une mutation de virus qui inquiète

Pour illustrer leurs attentes, les apiculteurs insistent sur leurs inquiétudes concernant la mutation d’un virus, plus connu sous le nom de « maladie des ailes déformées ». Selon une étude publiée cet été par une université allemande, le nouveau variant serait dix fois plus pathogène, et aurait d’ores et déjà remplacé la souche d’origine en Europe. Sa propagation est favorisée par la présence du Varroa, bien connu et redouté des apiculteurs. Pour l’heure, aucun moyen de lutte n’a été identifié. Dans ce contexte difficile, le RBA souligne la nécessaire coopération entre agriculteurs et apiculteurs. « C’est cette voie aussi exigeante que vertueuse qui doit être empruntée d’urgence par tous, réagit Rémi Dumery, agriculteur en grandes cultures et administrateur du RBA. C’est ainsi que nous éviterons d’avoir à déplorer un énième bilan apicole catastrophique en 2023. »