Bio, les chambres du Grand Est et du Centre Val-de-Loire répondent à la Cour des comptes
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Dans son évaluation du fonctionnement des chambres d’agriculture du Grand Est et du Centre-Val de Loire, la Cour des comptes estimait, fin juillet, que les filières bio étaient insuffisamment accompagnées dans ces deux régions. Interrogés par Référence agro, les élus des deux chambres tiennent à nuancer ce constat.
Le 19 juillet, la Cour des comptes incitait, dans deux rapports, la Chambre d’agriculture du Grand Est et du Centre-Val de Loire à revoir leur copie concernant l’accompagnement de l’agriculture bio. La session organisée par la Chambre du Centre Val-de-Loire le 30 septembre a été l’occasion d’aborder la question. Contacté par Référence agro, le président de la Chambre, Philippe Noyau, estime que la Cour des comptes fait tout simplement fausse route : « Je me suis fendu d’un courrier pour contredire les constats énoncés. Nous répondons à toutes les demandes d’exploitants travaillant, ou souhaitant travailler en agriculture bio. »
« Pas de déficit d’accompagnement »
La Cour des comptes notait ainsi que les ressources allouées par la Chambre du Centre Val-de-Loire à la filière AB étaient « modestes ». « C’est un trompe-l’œil : nos conseillers pour le bio sont aussi actifs pour les filières conventionnelles, ils sont peut-être moins visibles dans l’organigramme, mais ils répondent bien présent ! répond Philippe Noyau. Mieux, cette double compétence leur permet de déployer des pratiques « bio » auprès des exploitations conventionnelles. » Selon lui, les chiffres de la filière bio en Centre-Val-de-Loire ne sont pas dus à un déficit d’accompagnement, mais tout simplement à un faible nombre de demandes de conversions : « La part des grandes cultures, pour lesquels le bio est moins évident, est importante dans la région », explique-t-il.
La Cour des comptes oublie les chambres départementales
Dans le Grand-Est, on a « pris acte du rapport », affirme Laurent Rouyer, chargé du dossier bio à la Chambre régionale et président de la Chambre départementale de Meurthe-et-Moselle. Un point a été fait avec les équipes chargées de la filière AB, mais selon Laurent Rouyer, le constat de la Cour des comptes est biaisé : « Le rapport est centré sur la Chambre régionale, qui gère la partie stratégie et l’ingénierie, quand ce sont les départements qui prennent en charge l’opérationnel. »
Autrement dit, certaines ressources humaines consacrées au bio dans le Grand Est sont passés sous les radars de la Cour des comptes, car relevant des effectifs des chambres départementales. Le nombre d’agriculteurs accompagnés par conseiller est le même en bio qu’en conventionnel, argue encore Laurent Rouyer, qui note de plus que pour les installations, certains conseillers « conventionnels » sont amenés à aider des agriculteurs bio sur des partis du dossiers communes aux deux filières.
Surfaces bio « plus que doublées en 5 ans » dans le Grand Est
Quant aux surfaces labellisées, le président de la Chambre de Meurthe-et-Moselle reconnaît un retard dans la région, par rapport aux objectifs nationaux, mais affirme que « nos chiffres ont plus que doublés en 4 ou 5 ans ». Concernant la suggestion de la Cour des comptes de « contribuer davantage à la structuration des filières bio », Laurent Rouyer s’interroge sur le rôle de la Chambre : « Nous proposons un accompagnement, une aide à l’installation, nous sommes sur l’amont. Si les débouchés ne suivent pas, nos moyens de changer la donne sont très limités. » Selon lui, les doutes des agriculteurs envisageant la conversion, ou dans les fermes fraîchement labellisées, ne tiennent pas à un défaut d’accompagnement, mais bien à un manque de débouchés.