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CGB, un « cap difficile » à passer les deux prochaines années

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Une récolte décevante et des coûts de production qui s’envolent, mais un marché et des prix qui tiennent le coup. Le 30 novembre, la CGB a tiré les premières conclusions de l’année 2022. La filière renouvelle ses attentes en ce qui concerne des alternatives solides aux néonicotinoïdes, moins de deux ans avant la fin des dérogations.

Nicolas Rialland et Franck Sander, respectivement directeur et président de la CGB, ont présenté, le - © D.R.
Nicolas Rialland et Franck Sander, respectivement directeur et président de la CGB, ont présenté, le - © D.R.

La Confédération générale des planteurs de betteraves, CGB, a fait le point, le 30 novembre, sur l’année 2022. En ce qui concerne la récolte, la déception est grande. « Alors que nous attendions une récolte record, entre 85 et 90 t/ha, la sécheresse et le manque d’eau en ont décidé autrement », constate Franck Sander, le président du syndicat. Un petit quart des arrachages doit encore être effectué, mais la confédération table déjà sur un rendement sous la barre des 80 t/ha. Au niveau national, les rendements devraient s’établir à 32 Mt, contre 34,5 Mt en 2021-22. Le démarrage précoce de la campagne, pour permettre de terminer l’essentiel des travaux avant janvier 2023, qui s’annonce très tendu sur la disponibilité en gaz, a également amoindri les rendements. « Des indemnités sont prévues dans les contrats, elles vont être revalorisées », précise Nicolas Rialland, directeur général de la CGB, qui a pris ses fonctions l’été dernier.

Avec 40 €/t, les prix au rendez-vous

La filière peut néanmoins compter sur des prix au rendez-vous, au grand soulagement de son président. « Je suis plutôt rassuré de voir que le marché a réagi, commente Franck Sander. Un prix de 40 €/t a été fixé, c’est une très bonne nouvelle. » Le président de la CGB appelle toutefois à ne pas relâcher les efforts. « La betterave est une culture technique, ce prix devra encore évoluer pour qu’elle reste compétitive et qu’elle se maintienne dans les assolements », pèse-t-il.

Les coûts de production vont poursuivre leur hausse

Une demande d’autant plus pressante que les coûts de production se sont envolés. S’ils ont déjà connu une hausse de 16 % entre 2020 et 2022 (prix des engrais multipliés par trois, celui du gaz par six entre 2021 et 2022), ces coûts pourraient encore progresser l’année prochaine, craint la filière. « Le marché doit rester soutenu pour couvrir cette hausse, plaide Nicolas Rialland. D’autant plus qu’après trois années de déficit de production, nous nous attendons, pour 2022-2023, à un surplus estimé entre 3 et 7 Mt. »

Des variétés résistantes pas encore au point

Dans ce contexte économique mouvant, la filière doit également composer avec la contrainte réglementaire. Ses représentants doivent déposer, dans les prochains jours, une nouvelle demande de dérogations pour avoir le droit de recourir aux néonicotinoïdes, deux ans après le lancement du Plan national de recherche et innovation, pour identifier des alternatives aux néonicotinoïdes. La filière attend les résultats de l’année 2022, et place notamment ses espoirs dans l’identification de variétés résistantes à la jaunisse. « À ce stade, par rapport aux variétés standards, il manque encore plusieurs tonnes par hectare, pour avoir des variétés économiquement intéressantes, explique Nicolas Riailland. L’échéance est très proche, nous devrons nous positionner dès l’été 2023 pour anticiper les assolements de 2024 », année où les dérogations ne seront plus permises.

Bilan positif sur les activités de diversification

Malgré une baisse des surfaces qui devrait se poursuivre, la filière s’affiche néanmoins « confiante », notamment sur le plan de la diversification de ses débouchés. Les voyants sont au vert sur les dossiers de la pulpe de betterave ou du bioéthanol. Le Superéthanol E-85 a ainsi connu un boom de 80 % en volumes en 2022 et est désormais disponible dans 3200 stations. Le sujet du carbone fait également l’objet d’une attention toute particulière.