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Guerre en Ukraine : les conséquences sont déjà palpables pour les marchés céréaliers

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Le 9 mars, FranceAgriMer tenait son conseil spécialisé dédié aux céréales. Bien évidemment, le conflit en Ukraine fut au cœur des discussions. Les conséquences sont déjà palpables sur le marché des céréales en France, en Europe et à l’échelle mondiale. De nombreuses questions restent à ce jour sans réponse. Le point avec Marc Zribi et Benoît Piétrement.

Guerre en Ukraine : les conséquences sont déjà palpables pour les marchés céréaliers
Guerre en Ukraine : les conséquences sont déjà palpables pour les marchés céréaliers

« Les cartes du marché mondial des céréales sont rebattues, introduisait Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer, à l’issue de la réunion du 9 mars. Les équilibres sont bouleversés mais nous devons garder la tête froide et prendre du recul pour ne pas prendre de décisions hatives. Le repli sur soi n’est, par exemple, jamais la bonne solution. Les enjeux pour assurer la souveraineté alimentaire de nombreux pays est en jeu. »

Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer cite déjà plusieurs conséquences du conflit en Ukraine et surtout, évoque de nombreuses incertitudes.

  • Le prix du pétrole a presque doublé : le baril atteint désormais 130 $, contre 70 $ fin novembre.
  • Le prix des engrais, du gaz et de l’électricité connait des hausses sans précédent avec à la clé, un risque de rupture dans l’approvisionnement de certains engrais dans les mois à venir.
  • Le prix du blé a pris plus de 100 $ en un mois.
  • Quel avenir pour les céréales d’hiver déjà en terre en Ukraine ? Alors que les surfaces étaient en retrait de 7,2 %, le potentiel était prometteur : les agriculteurs pourront-ils assurer le suivi et la récolte de leurs cultures ?
  • Quelles seront les surfaces qui pourront réellement être implantées au printemps ? La pénurie de main d’œuvre, de semences, d’engrais, de carburant… risque de compromettre une partie des chantiers, surtout si les parcelles sont situées en zone de conflit.
  • Quel avenir pour le port d’Odessa, principal point d’exportation du pays et les marchandises actuellement en attente d’être expédiées ?
  • Où s’approvisionneront les principaux clients de l’Ukraine si les exportations ne peuvent plus avoir lieu ? Pour rappel, 14,2 Mt de maïs restaient à exporter, 5,6 Mt de blé et 0,2 Mt d’orge. L’Italie, l’Espagne et les Pays Bas importent d’importants volumes de maïs ukrainien. Ces pays pourraient se tourner vers la Roumanie, la Hongrie ou la Serbie.
  • Alors que la plupart des ports maritimes sont fermés, les chemins de fer ukrainiens organiseraient l’exportation de certains produits agricoles vers les frontières de l’Europe. Mais selon Marc Zribi, « cette voie d’acheminement ne représenterait que 10 % des volumes traditionnellement expédiés par bateaux ».
  • En oléagineux, l’Ukraine avait encore à exporter 3,76 Mt de tourteaux de tournesol, 4,35 Mt d’huile et 0,31 Mt de graines. La Chine et l’Inde représentent à elles deux 52 % des exportations.
  • La situation dans certains pays pourrait très vite devenir critique : le Liban n’aurait plus qu’un mois de stock de maïs, l’Égypte a essuyé deux appels d’offre infructueux pour des livraisons en avril…