Agrial dévoile un ambitieux plan climat pour 2035
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Le 20 mai, lors de son assemblée générale, Agrial a lancé son plan climat. Il vise une baisse de 35 % de son impact carbone en 2035. Une stratégie qui prône une certaine vision de l’agroécologie, préservant une place centrale à l’élevage. La démarche est en cours de certification SBTi.
Il aura fallu cinq ans de travail pour que les dirigeants d’Agrial mettent sur pied leur plan climat. « Ce sera la colonne vertébrale de notre stratégie pour les dix prochaines années », annonce Arnaud Degoulet, président de la coopérative, le 20 mai lors de l’assemblée générale de la coopérative au Mans, où ce plan était présenté pour la première fois. La structure a choisi de se fixer des objectifs ambitieux pour 2035, alors qu’un certain nombre d’entreprises vise l’horizon 2050. « Il est trop facile de prendre des décisions pour 2050 quand nous ne serons plus là, rétorque Mickaël Lamy, agriculteur et président de la commission développement durable d’Agrial. Un objectif à plus court terme permet de mobiliser les équipes dès maintenant. »
Moins 35 % d’ici à 2035
Côté chiffres, la coopérative entend réduire de 35 % son impact carbone mais aussi de diviser par deux les émissions directes de gaz à effet de serre. Le premier concerne majoritairement les pratiques des agriculteurs, qui pèsent 85 % du bilan carbone, avec 5,7 millions de tonnes équivalent CO2. Le deuxième vise les 15 % restant soient l’énergie (0,18 Mt éqCO2), les emballages et les déchets (0,4 Mt éqCO2) et le transport (0,2 Mt éqCO2).
Sur les émissions directes, Agrial entend réduire les consommations d’énergies de ses sites et développer les énergies renouvelables, tendre vers le 100 % d’emballages écoresponsables et le zéro déchet organique, optimiser le transport des produits et favoriser les carburants plus vertueux. De nombreux efforts ont déjà été réalisés : la filière légumes et fruits frais a réduit de 915 tonnes ses emballages en deux ans et utilise 27 % de matière recyclée ; 10 % du mix énergétique est renouvelable dans les sites français du groupe, mais 100 % l’est déjà en Espagne ; tous les chauffeurs ont été formés à l’éco-conduite.
Un manifeste sur l’agroécologie
Du côté de l’amont, Agrial a d’abord défini ce qu’elle entend par agroécologie, sous forme de manifeste : un « défi agronomique et zootechnique », avec des pratiques « régénératrices des sols, améliorant la biodiversité et le bien-être animal », pour « une agriculture productive et valorisante ». Sarah Deysine, directrice du projet coopératif, de la RSE et de la communication, insiste : « Beaucoup d’entreprises parlent d’agroécologie parce qu’il n’y a pas de définition. Nous voulions avoir un socle solide qui nous engage. » Surtout, la structure insiste sur le maintien de la place de l’élevage. « Le plan climat ne se traduira pas par une baisse drastique et volontaire des productions animales sur notre territoire », promet Mickaël Lamy. Agrial fait valoir des résultats déjà concrets : 450 000 hectares de préservation de la biodiversité chez les adhérents, 50 % d’entre eux utilisent des solutions alternatives aux produits phytosanitaires, plus de 200 bilans carbones réalisés depuis 2018.
Première coopérative certifiée SBTi
Le plan climat 2035 est en cours de certification SBTi, pour Initiative Science Based Targets, une certification mondiale de référence soutenue notamment par l’ONU et WWF. Quelques grandes entreprises agroalimentaires l’ont déjà obtenue : Ferrero, Nestlé, Mondelez, Bel, Carrefour, Arla, Friesland Campina, etc. Le dossier a été déposé en décembre et la réponse pourrait tomber dans les prochaines semaines. Une réponse positive ferait d’Agrial la première coopérative à obtenir cette certification.