Arterris s’inquiète d’une possible guerre de l’eau
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Arterris a la volonté de limiter sa consommation d’eau, dans un contexte de sécheresse très préoccupant. La coopérative espère qu’un dialogue va s’ouvrir entre les divers acteurs du territoire, sur le partage de cette ressource.
L’année 2022 avait déjà été compliquée, l’année 2023 « s’annonce mal », confie Jean-François Naudi, président d’Arterris, à Référence agro. Les réserves hydriques sont au plus bas, notamment dans les lacs, ce qui aura un impact sur la production semencière, une activité stratégique de la coopérative. « Au lieu de 4500 ha, nous serons plutôt autour de 3500 ha de semences », indique Jean-François Naudi.
Réduction de 50 % des quotas d’irrigation
Le syndicat d’irrigation de l’ouest audois, en plein territoire d’Arterris, a voté en février la baisse de ses quotas d’irrigation de moitié. « Personne ne nous a poussés, nous l’avons décidé de nous-mêmes, rappelle le président d’Arterris. C’est une décision responsable, que n’ont pas pris les acteurs d’autres usages de l’eau, sur le territoire. »
La semence ne sera pas la seule culture à être touchée par cette réduction de l’irrigation : « Dans les exploitations, certains vont aller sur le tournesol, moins gourmand en eau que le soja ou le maïs, d’autres vont planter des prairies. Ils s’orientent vers un changement d’assolement, avec des impacts économiques compliqués à gérer » estime Jean-François Naudi.
La coopérative a déjà mené des essais pour évaluer l’efficacité de ses modèles d’irrigation, et met en place des pilotages avec des OAD, tels qu’Irré-lis ou Irri-Repèr. Arterris propose également du sorgho, une culture moins gourmande en eau, et 40 % des surfaces de maïs sont produites en sec, avec des dates de semis plus précoces permettant de récolter plus tôt, et ainsi de réduire les apports d’eau.
Arterris souhaite une politique d’aménagement hydraulique
Mais pour réaliser les économies d’eau nécessaires pour faire face à la sécheresse à venir des prochaines décennies, les agriculteurs ne peuvent pas être les seuls à prendre des mesures. Un travail collectif et de concertation est nécessaire. « Sur notre territoire, nous n’avons pas eu de politique d’aménagement hydraulique depuis 30 ans, regrette Jean-François Naudi. Tout le monde demande de l’eau : les agriculteurs, l’industrie, les populations. Il y a de plus en plus d’habitants dans la métropole toulousaine, de plus en plus de touristes dans notre secteur. Les usages sont opposés systématiquement, alors qu’ils sont tous primordiaux. »
Arterris souhaite que les usagers se « réunissent autour d’une table », pour trouver des solutions collectives, grand bassin par grand bassin. Si la coopérative, qui dispose de 120 techniciens formés à la gestion de l’eau, a pris le problème à bras le corps, nombre d’autres usagers n’ont pas élaboré de stratégie de réduction des besoins en eau, selon Jean-François Naudi. « Nous n’avons aucun projet de création de réserves, regrette-t-il. Si nous n’avançons pas vers une gestion partagée plus responsable, nous allons avoir une guerre de l’eau compliquée à gérer. Je suis très inquiet. »