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Au Sia, la FNA fait le point sur la séparation conseil/vente

Le | Cooperatives-negoces

La Fédération du négoce agricole, FNA, a, le 29 février au Salon de l’agriculture, rassemblé autour d’une même table plusieurs acteurs de la distribution agricole, ainsi que des parlementaires. L’objectif, faire un point d’étape sur la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires, qui demeure au cœur des débats du monde agricole.

Au Sia, la FNA fait le point sur la séparation conseil/vente
Au Sia, la FNA fait le point sur la séparation conseil/vente

Après la mise en pause du plan écophyto, l’abandon du conseil stratégique phytosanitaire (CSP) dans sa forme actuelle, la reprise du travail du comité d’orientation stratégique (COS), et, en début de semaine, les propos du président de la République, la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires reste un sujet d’actualité pour la profession. Pour l’aborder, la Fédération du négoce agricole, FNA, avait rassemblé autour d’une table, sur le stand Agridemain, des responsables de négoces, des agriculteurs, ainsi que deux parlementaires, le député Julien Dive et le sénateur Laurent Duplomb.

Des conseillers qui n’ont pas suffisamment de connaissance des exploitations

Olivier Bidault, président du négoce éponyme, a rappelé la chronologie des différents travaux parlementaires menés sur la séparation du conseil et de la vente et sur les échecs du plan écophyto, notamment par Dominique Pottier. Claire Scappini, responsable technique recherche et développement chez Racine, a pointé les lacunes de la séparation : « non seulement il n’y a pas assez de conseillers, mais ils ne se déplacent pas, pour des questions de coûts. Ils ne connaissent pas le profil de l’exploitation, mais prennent des décisions à son sujet. Enfin, avec seulement deux CSP pour cinq ans, certaines préconisations ne sont plus bonnes d’une année sur l’autre. Cette année, dans le Var, nous avons une grosse pression maladie. Si on suivait le CSP des années précédentes, cela serait dangereux pour l’exploitation. »

Claire Scappini, qui a également évoqué le blocage des Certiphytos, estime aussi que les conseillers ne sont pas toujours au fait des actualités concernant les molécules. « Nous avons vu chez l’un de nos clients un CSP qui préconisait l’utilisation d’un produit retiré du marché l’année passée, et d’un mélange qui n’est plus autorisé. Cela met en insécurité l’exploitant, et nous met en danger, car nous n’avons pas le droit d’intervenir. Pourtant, c’est ce qu’attendent de nous les agriculteurs. »

Elevage, le vétérinaire est un technicien

Mickaël Jacquemin, agriculteur dans la Marne, vice-président d’Agridemain, et élu de la FNSEA, abonde : « entre un agriculteur et son technicien, il y a une relation de confiance qui se crée. Cette relation est en train d’être cassée par la réglementation. » Également éleveur porcin, il fait un parallèle entre le conseil et la vente en cultures, et les traitements pour les animaux en élevage : « Mon vétérinaire me vend les produits véto, et nous avons baissé drastiquement les antibiotiques, parce que nous avons des moyens d’anticipation, de vaccination. Le vétérinaire n’est pas seulement là pour soigner, mais aussi comme un technicien, pour faire un plan prévisionnel, et activer les leviers nécessaires. C’est ce qui doit être fait pour les cultures. »

Olivier Bidaut a rappelé que la séparation de la vente et du conseil empêchait la distribution de préconiser des techniques combinatoires, telle que l’utilisation de drones pour la télédétection et la pulvérisation de pointe. Un constat partagé par Antoine Hacard, président de la section métiers du grain de la Coopération agricole. Il estime que « cette loi est inapplicable, incohérente, incompréhensible. Elle nous empêche de proposer la HVE ou des CEPP. » Antoine Pissier, dirigeant du négoce éponyme et président de la FNA, a clôturé les débats en demandant l’abrogation de la loi portant sur la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires, appelant de ses vœux « un catalogue de solutions, et non des interdictions. »