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Au Sival, les distributeurs restent prudents

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Les deux dernières années ont marqué les esprits et fait évoluer les stratégies. Au Sival à Angers, les distributeurs rencontrés nous ont dit restés prudents dans leur positionnement sur les appros, malgré une détente sur le secteur des engrais. L’inflation généralisée est au centre des préoccupations et pourrait aussi peser sur les comportements d’achats.

Au Sival, les distributeurs restent prudents
Au Sival, les distributeurs restent prudents

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Au Sival, les distributeurs restent prudents - © D.R.
Au Sival, les distributeurs restent prudents - © D.R.

« En arboriculture, les producteurs n’arrivent pas à répercuter la hausse des coûts de production », Stéphane Bidet, responsable arboriculture au négoce Saboc, filiale de UAPL, en photo avec Takoua Bejaoui, technico-commerciale arboriculture depuis mars 2022.[/caption]

Le Sival a accueilli plus de 25 000 visiteurs. Le Salon des productions végétales spécialisées, qui s’est tenu du 17 au 19 janvier à Angers, retrouve ainsi sa performance d’avant Covid et affiche son deuxième record de fréquentation, après celui de 2020. Viticulteurs, arboriculteurs, maraîchers ont sillonné les allées à la recherche d’innovation, dans un contexte économique pourtant difficile.

Le prix des phytos, en hausse de 15 à 20 %

Les distributeurs présents montraient davantage d’inquiétude quant à la hausse de la facture énergétique de leurs producteurs que pour leur propre structure. Dans les cultures spécialisées, les arboriculteurs et les maraîchers doivent souvent utiliser des chambres froides, particulièrement énergivores. À cela, s’ajoutent des hausses sur les phytosanitaires. « Il y a une inflation sur ces produits que nous n’avions encore jamais connue », reconnaît Claude Bizieux, directeur de la CAMN. Selon les produits, LVVD estime cette augmentation entre 15 et 20 %.  « Les agriculteurs avaient des stocks car 2022 a été une année saine, indique Xavier Besson, responsable activité vigne chez LVVD, filiale de Terrena. L’impact de cette hausse devrait donc être limitée à leur niveau. »

Tous reconnaissent des tensions pour répercuter les coûts. « Quand la pomme est parfois vendue trois euros le kilo en grande surface, elle est à peine achetée à 40 centimes à l’agriculteur. Il faudrait 20 centimes de plus pour absorber les inflations », estime Stéphane Bidet, responsable arboriculture au négoce Saboc, filiale de UAPL.

Des clients qui négocient

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Au Sival, les distributeurs restent prudents - © D.R.
Au Sival, les distributeurs restent prudents - © D.R.

Si les biosolutions restent un axe fort pour la CAMN, l’objectif pour la coopérative est actuellement de consolider un pallier. Joël Godet, directeur approvisionnement, et Claude Bizieux, directeur de la CAMN.[/caption]

Avec cette inflation, les distributeurs s’attendent à des changements de comportement d’achats. « Nos clients négocient davantage les prix, ils recherchent le moins cher notamment en nutrition et en biostimulation des plantes, poursuit Stéphane Bidet. Cette situation aura sans doute un impact sur les ventes de ces produits sur 2023. »

La baisse du marché du bio, avec des reconversions notées par tous au Sival, pourrait-elle faire diminuer les ventes de biolosutions ? « Nous avons atteint un palier, que nous allons nous efforcer de consolider, explique Claude Bizieux. Une bonne partie est désormais utilisée par les agriculteurs conventionnels en cultures spécialisées, ce qui nous rend toutefois confiants. »

La bonne nouvelle vient du marché des engrais, qui semble se détendre. « Nous atteignons un point d’inflexion sur le prix, indique le directeur de la CAMN.  Nous devons trouver le juste équilibre entre la création d’un stock suffisant pour conserver notre service sécurité d’approvisionnement tout en étant en phase avec le marché en 2023. » La problématique en effet est de constituer des stocks alors que les prix baissent. « Nous étions en flux tendu, donc nous n’avons pas de problématique de stocks ni de produits payés trop cher », explique de son côté Stéphane Bidet.

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Au Sival, les distributeurs restent prudents - © D.R.
Au Sival, les distributeurs restent prudents - © D.R.

« Nous aurons des exploitants qui ne pourront plus rentrer dans les clous de la HVE, avec le nouveau référentiel. La Chambre d’agriculture l’a estimé entre 15 et 20 % sur notre zone », indique Xavier Besson, responsable activité vigne chez LVVD, filiale de Terrena.[/caption]

Les stratégies d’appro ont changé

Quoi qu’il en soit, l’épisode de la Covid-19 puis de la guerre en Ukraine ont changé en profondeur les pratiques. « Nous vendons beaucoup plus tôt, les agriculteurs anticipent, et c’est tant mieux », insiste Xavier Besson. La CAMN poursuit sa politique de contractualisation sur les engrais, avec ses fournisseurs historiques, et privilégie ses adhérents fidèles quand il y a des tensions sur les produits. « Nous avons augmenté nos capacités de stockage pour pouvoir anticiper des engagements d’achat, indique Claude Bizieux. Nous cherchons un panel de solutions plus large pour faire face à d’éventuelles ruptures d’approvisionnement, notamment en ce moment sur la potasse dont les volumes provenaient pour 40 %, selon La Coopération agricole, avant le conflit, de la zone Ukraine, Biélorussie, Russie. Nous devons faire avec moins de stabilité dans nos métiers, plus d’effervescence, et être extrêmement vigilants à l’ensemble des fluctuations. »

La fertilisation organique gagne du terrain. « Nous travaillons la fertilisation organique avec Ovinalp notamment : nous sommes passés à plus de 700 tonnes en trois ans pour cette seule marque, explique Xavier Besson. Il y a une vraie demande notamment pour avoir des sols plus riches en matière organique et en vie microbienne. »

La prochaine édition du Sival aura lieu du 16 au 18 janvier 2024.