Autour de LCA et FNA, une « task force engrais » pour s’adapter au contexte actuel
Le | Cooperatives-negoces
Unions d’appro et responsables appro de coopératives et négoces se réunissent régulièrement depuis début avril, autour de leur fédération professionnelle, LCA et FNA. Le but ? Centraliser les attentes du terrain en matière d’engrais, les questions, les inquiétudes… pour les faire remonter au gouvernement. L’enjeu est de taille : préparer la campagne 2023 qui s’annonce déjà très tendue.
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Gaëtane Le Breuil anime, pour LCA, ce groupe de réflexion. Pour elle, « il est capital de continuer à réfléchir tous ensemble, pour une plus grande efficacité ».[/caption]
Quelques jours après la déclaration de la guerre de la Russie à l’Ukraine, une cellule ministérielle s’est constituée autour de LCA, FNA, l’Unifa et l’AGPB, afin de suivre l’approvisionnement de la France en engrais pour la campagne 2022. En parallèle, avec les unions d’appro et les responsables appro des coopératives et négoces, LCA et FNA ont, chacune, monté un groupe d’échanges. « L’objectif est de partager, dans un contexte de tension extrême sur l’appro et sur les prix des engrais, quelles étaient les attentes du terrain, les questions à faire remonter au gouvernement et les pistes de réflexion à mener, explique Gaëtane Le Breuil, responsable environnement et appro à la Coopération agricole métiers du grain. Un exemple : préciser, suite aux sanctions mises en place par l’Union européenne, le comportement à adopter vis-à-vis des fabricants d’engrais dont les sociétés sont détenues par les oligarques russes. Le rôle de notre fédération est en quelques sorte de jouer les intermédiaires pour centraliser les demandes de nos adhérents et, en parallèle, transmettre les réponses du gouvernement, et notamment celles de la DG Trésor, pour une plus grande efficacité. »
Situation floue chez Eurochem
La question centrale reste la position à tenir par rapport à des sociétés productrices d’engrais ayant des liens avec le régime russe. Bien sûr, des démissions de plusieurs PDG ont déjà eu lieu. « Pour Phosagro, la situation est claire, précise-t-elle. Nous pouvons continuer à commercialiser avec cette structure car elle n’est soumise à aucune sanction. Pour Eurochem, la situation est plus compliquée. La femme de l’ancien propriétaire historique, un oligarque russe, aurait repris les commandes. La position d’Eurochem France par rapport à l’entité russe reste également floue. Aujourd’hui, la consigne donnée par l’État français est qu’il n’est pas possible de commercer avec Eurochem, soumise à des sanctions. Les paiements sont gelés depuis les échéances du 30 avril et jusqu’à nouvel ordre. »
Préparer les campagnes d’appro à venir
Si pour cette campagne, Gaëtane Le Breuil reconnait, que les jeux sont faits, « il est désormais important de se concentrer sur la situation pour les apports en fertilisants de l’hiver et du printemps prochain. Plusieurs questions restent sans réponse : où allons-nous acheter des engrais, comment va évoluer le marché dans les mois à venir ? Et si nous ne pouvons plus nous approvisionner en Russie et en Biélorussie, vers quels pays se tourner ? Il est capital de continuer à réfléchir tous ensemble à ces réponses. »
Continuer à jouer collectif
La première réunion de cette « task force sur les engrais » a eu lieu début avril. « Nous avons ensuite échangé tous les quinze jours, puis ce sera désormais tous les mois, indique-t-elle. Certaines entreprises cherchent des solutions par leurs propres moyens mais il est important de continuer à jouer collectif. La problématique est la même pour tous. Aujourd’hui, le contexte reste très compliqué et les engagements sont peu nombreux. Le marché est assez perturbé : tout le monde se regarde ! Rien d’alarmant car nous ne sommes qu’en début de campagne. Mais nous devons, dès à présent, préparer les différents scénarios en fonction de la suite que pourrait prendre le conflit. »