Bourgogne du Sud affiche sa belle santé économique et maintient son cap vers l’avenir
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Réunie pour son assemblée générale, à Beaune, le 9 décembre, la coopérative Bourgogne du Sud affiche une belle dynamique, avec un chiffre d’affaires en nette hausse. De quoi concrétiser de nombreux projets, sur l’agrivoltaïsme, les protéines végétales ou la rénovation des installations. Le point avec Bertrand Combemorel, le directeur général de la coopérative.
« Notre coopérative est saine financièrement et, à ce titre, elle a les moyens de ses ambitions ! », affirme Bertrand Combemorel, le directeur général de Bourgogne du Sud, interrogé par Référence Agro en amont de l’assemblée générale de la coopérative du 9 décembre. Le chiffre d’affaires pour 2021-22, affiché à 271,6 M€ est en nette hausse par rapport à l’exercice précédent (196 M€). De quoi concrétiser les nombreux projets dans les tuyaux. Ces derniers font la part belle à la « révolution agronomique » promue dans le plan stratégique à horizon 2025, présenté l’an passé.
Carbone, HVE et gestion de l’eau
La coopérative est ainsi impliquée sur différents sujets environnementaux, avec en premier lieu le volet, central, du carbone. Quatre adhérents sont à ce jour accompagnés dans la réalisation d’un bilan carbone. « Nous sommes désormais au point pour répondre à toutes les demandes en la matière de nos adhérents », précise Bertrand Combemorel. 75 adhérents, céréaliers et viticulteurs, sont par ailleurs accompagnés pour aller vers la certification environnementale. « Nous attendons, comme tous, les évolutions réglementaires attendues dans ce domaine, pour fixer des objectifs en 2023 », poursuit le directeur général de la coopérative. De manière plus générale, une étude sur le changement climatique et la gestion de l’eau est en cours de réalisation, et devrait être finalisée pour juin 2023. « Cela nous permettra d’avoir des informations précises pour présenter les difficultés qui nous attendent et pouvoir relayer ces éléments au niveay des instances politiques », indique Bertrand Combemorel.
Faire du tournesol trituré avec Extrusel
Pour 2023, la coopérative porte plusieurs projets sur le développement des protéines végétales. L’un d’eux concerne la montée en puissance de l’outil Selvah (société pour l’extrusion de légumineuses valorisées en alimentation humaine), porté par l’Alliance BFC, permettant la production de protéines végétales texturées. « L’outil a été lancé il y a trois ans, mais il connaît un véritable boom depuis six mois, renforcé par notre partenariat avec Inveja, une filiale de Terrena, souligne Bertand Combemorel. Nous souhaitons arriver à 2000 tonnes de graines transformés d’ici à 18 mois, contre 645 tonnes aujourd’hui. »
Des réflexions sont également menées sur l’élargissement de l’activité de la Scicaa Extrusel, co-gérée par la coopérative, où 85 000 tonnes de soja et colza sont triturées chaque année. « Nous avons en tête le projet de faire du tournesol trituré, sur le prochain exercice, explique le directeur général. Il y a une vraie demande pour du tourteaux de tournesol, nous sommes en train de valider la faisabilité de cette démarche. »
Accélérer sur l’agrivoltaïsme
Engagée, via l’alliance BFC dans un projet d’agrivoltaïsme, depuis le printemps dernier, avec le fournisseur TSE, Bourgogne du Sud souhaite élargir son spectre d’action. « Nous aimerions développer un démonstrateur de plus petite taille, pour les cultures pérennes, et implanter des cultures qui ne sont pas communes dans notre région », indique Bertand Combemorel. L’alliance est notamment sollicitée sur la production de fruits, par des transformateurs souhaitant relocaliser une partie de leur approvisionnement. La mise en place d’un verger expérimental d’abricotier est en réflexion, notamment pour s’assurer des débouchés d’une telle production. « Nous menons une étude cartographique pour identifier où raccorder les panneaux photovoltaïques, mais il reste encore beaucoup de travail, prévient le directeur général. Nous ne souhaitons pas non plus avancer sur ce dossier sans l’aval des instances agricoles. » La coopérative réfléchit, dans le même temps, au modèle économique de la société qui pourrait encadrer ces investissements et réunir les agriculteurs producteurs d’énergie le souhaitant.
De nombreux investissements logistiques
Bourgogne du Sud porte enfin une série de projets concernant ses installations. La coopérative a l’ambition de décarboner son activité de séchage du maïs, grâce à un partenariat avec la chaufferie centrale de Châlon sur Saône, qui a recours à des biocombustibles. En se raccrochant à ce réseau, elle pourrait biosourcer 100 des 120 degrés nécessaires au séchage. Ce projet devrait se concrétiser dans les deux prochaines années. A l’autre extrémité du thermomètre, la coopérative a renouvelé l’installation de son site de Beaune, pour installer un groupe froid. « C’est la génération d’après en termes de process de refroidissement, qui aide à répondre au marché qui ne veut pas de blé traité, mais pas non plus d’insectes », glisse Bertrand Combemorel.
Pour les infrastructures de collecte, celle de Simandre a été totalement réaménagée et agrandie. Un bâtiment « mixte » est par ailleurs opérationnel sur le site de Pierre-de-Bresse. Il permet de stocker 6000 tonnes de blé pendant la moisson et des engrais le reste du temps. « Les moissons vont de plus en plus vite, nous cherchons de nouvelles formules pour écrêter les moissons sans avoir à tout déplacer entre les silos de collecte et les sites de regroupement », précise le directeur général.
Sur l’exercice 2021-22, 9 M€ ont ainsi été dédiés aux investissements logistiques.
Vigilance sur la campagne en cours
Sur le terrain, la coopérative reste attentive à l’évolution de la campagne actuelle. « Colza, blé, orge, tout est très développé, pose Bertrand Combemorel. Il ne faudrait pas que les mois de janvier et février soient trop froids, cela pourrait nous causer des soucis. » Pour accompagner au mieux les agriculteurs, face à des conditions climatiques aléatoires, Bourgogne du Sud a proposé, en 2022, aux agriculteurs volontaires, une offre de prix équitables, en blé, basés sur le coût de production à la tonne. « La récolte 2022 était un galop d’essai, mais cela intéresse de plus en plus compte tenu de la variabilité des cours, assure le directeur général. Cela ne permet pas forcément d’avoir le meilleur prix mais d'être protégé en cas d’effets ciseaux. » Les contrats sont proposés sur trois ans, et les prix réévalués chaque fin d’année. L’ambition serait, à terme, d’étendre la démarche à d’autres cultures. Deux meuniers auraient déjà manifesté leur intérêt pour le concept.
Les chiffres de l’exercice 2021-22 :
- Chiffre d’affaires 2021-22 : 271,6 M€
- Chiffre d’affaires appro : 116,7 M€ (+24 %)
- Collecte : 527 520 tonnes
- Récolte 2022 : 202 000t de blé ; 125 000t maïs ; 58 000t orge ; 23 000t colza ; 18 000t soja ; 15 000t tournesol
- 79 % de blé contractualisés, 60 % orge d’hiver