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Cap à l’Est pour Le Gouessant

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Véritable coopérative d’élevage implantée au cœur de la Bretagne, Le Gouessant a vu ces derniers mois son territoire s’étendre vers l’Est, en Normandie mais aussi dans les Pays-de-la-Loire. Si la coopérative mise sur son cœur de métier, elle n’en oublie pas pour autant les productions végétales. Quête de performance, relai de croissance, nouveaux débouchés… Son directeur général, Rémi Cristoforetti nous en dit plus.

Cap à l’Est pour Le Gouessant
Cap à l’Est pour Le Gouessant

« Le cœur de notre métier se porte bien, confie d’entrée Rémi Cristoforetti, le directeur général de Le Gouessant. Il y a trois ans, notre plan stratégique visait une reconquête de parts de marché en alimentation animale. Pari réussi ! En fin d’année, nous aurons commercialisé 70 000 tonnes de plus que fin 2017, pour atteindre 865 000 tonnes. Cette activité reste un bon indicateur de la santé du groupe. »

Des incertitudes pour 2020-2021

L’assemblée générale du 25 septembre a présenté les bons résultats de l’année 2019 : un chiffre d’affaires en hausse de 3 % à 609 M€, pour un résultat net de 11 M€. « Mais la réalité économique de 2020 est loin de celle de 2019, poursuit-il. Nous devons garder la tête froide face à de grandes incertitudes pour les mois à venir. » Il évoque notamment « l’équilibre des flux à l’échelle européenne. La Pologne a, par exemple, fait au premier semestre d’importants stocks de volailles, vendues à bas prix. De la marchandise qui inonde actuellement le marché français ! Même si durant le confinement, une volonté d’acheter local s’est exprimée chez les consommateurs, la réalité économique en rattrape certains ». Une autre inquiétude est liée au marché de l’œuf et à l’application du futur règlement bio, « qui obligera nos adhérents à d’importants investissements. Nous devons rester solides pour les accompagner. Cette fin d’année est également marquée par des débouchés insuffisants en bio. »

Le négoce Agriplus, absorbé

Parmi les faits marquants de l’année, Rémi Cristoforetti cite sans hésiter, « l’extension du territoire de la coopérative aux départements du Calvados, de l’Orne et du Maine-et-Loire. Une dynamique qui s’accompagne de l’arrivée de nouveaux adhérents. Entre le développement du plein air et du hors sol, il y a un territoire d’élevage naturel à conquérir au-delà des quatre départements bretons, souligne-t-il. Le lien au sol est capital pour assurer l’avenir d’une agriculture plurielle et durable. »

La présence du groupe en Normandie est appuyée par la reprise, en 2018, du négoce Agriplus (1,9 M€ de chiffre d’affaires), spécialisé en agrofournitures et en lisa. « Lors de l’assemblée générale du 25 septembre, une nouvelle étape a été franchie car nous avons entériné l’absorption de cette entreprise par la coopérative. Agriplus passe désormais sous l’enseigne Le Gouessant. »

Préserver un maillage territorial

Niveau collecte, le groupe a acquis deux dépôts d’Eureden, à Pleumer-Gautier (22) et à Loudéac (22) : deux des 20 sites que Triskalia et le groupe d’Aucy devaient céder avant de fusionner. « Le maillage territorial est également assuré par des partenariats que nous menons avec d’autres coopératives, pour optimiser les coûts, précise-t-il. Maintenir une activité dans les différents bassins de production est primordial. L’enjeu n’est pas forcément d’aboutir à un maillage dense ! »

Conseil/vente : pas de décision ferme… mais

Quant au choix de préserver le conseil ou la vente des phytos, Rémi Cristoforetti confie « avoir sa réponse pour le long terme ! Mais la complexité juridique du dossier et le délai court de sa mise en place rendent difficiles une prise de position ferme dès à présent ». Au sein de la coopérative, la vente des phytos représente à peine 20 M€ sur les 609 M€ de chiffre d’affaires. « La réflexion porte davantage sur le fait qu’étant une coopérative d’élevage, nous nous devons d’accompagner nos adhérents sur l’aspect productions végétales. Proposer de nouvelles cultures, sources de protéines par exemple, réduire l’impact environnemental des productions, développer de nouveaux débouchés à l’échelle locale (meunerie, floconnerie…) pour créer de la valeur. Autant de pistes que nous testons. »

Belle progression du bio

Le bio, lui, poursuit son essor dans le groupe. Les volumes d’aliments biologiques commercialisés ont progressé de 11,5 % en un an. Le site de Chateaubourg (35), entré en fonctionnement en juillet 2019, permet de diversifier les débouchés tant en alimentation animale qu’humaine.

À la pointe du data

Le Gouessant n’oublie pas la technologie. Convaincu que la data science est un enjeu majeur pour l’avenir des exploitations agricoles, le Groupe a pris une participation majoritaire dans la startup See-d en juin 2019. « Ensemble, nous développons des algorithmes intelligents pour analyser toutes les données collectées, piloter encore plus finement les élevages et ainsi gagner en performance », précise-t-il.