Céréales sans résidu de pesticides, des expérimentations prometteuses chez Axéréal
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Proposer des filières céréalières au moindre impact environnemental figure parmi les priorités d’Axéréal. Cette ambition se traduit notamment par la limitation de l’usage de fongicides et l’atteinte de productions sans résidu de pesticides. Des expérimentations ont démarré en ce sens en 2016 et un pilote devrait voir le jour dans moins de deux ans. Explications avec Jean-Michel Bouchié, agronome au service Axéréal Innovations.
« L’enjeu de la coopérative est de créer des filières à haute valeur ajoutée, avance Jean-Michel Bouchié, agronome au service Axéréal Innovations. Raison pour laquelle nous cherchons entre autres à réduire les IFT des cultures. » Sur blé et orge, la coopérative vise la construction d’itinéraires techniques aboutissant à des productions sans résidu de pesticides.
Préalable : améliorer la biologie des sols
« Le travail relatif à l’absence de résidu de pesticides sur orge et blé a démarré en 2016, précise Jean-Michel Bouchié. Pour lutter contre les adventices, les expérimentations se sont focalisées sur le travail du sol, le travail mécanique, le choix des produits. Pour les aspects maladies, une co-construction d’itinéraires techniques a été menée avec un consulting de la société Medinbio ». Ces itinéraires ont été testés deux ans sur la ferme expérimentale de la coopérative, puis chez six agriculteurs aux profils divers.
Pour l’agronome, le préalable à tout itinéraire sans pesticide de synthèse réside dans l’amélioration de la biologie des sols. « En amont du semis, nous apportons un couvert végétal constitué de différentes espèces, poursuit l’agronome. Les semences du couvert sont enrobées d’une association de différents composants (mycorhizes, pseudomonas, prébiotiques…), créée spécialement par Medinbio et adaptée à notre profil de sols. »
Une fois la rhizosphère développée, la culture est plus à même de résister aux biopathogènes. « Le choix des variétés fait partie du système de culture, reprend Jean-Michel Bouchié. Tout comme le sont les intercultures et le positionnement des traitements à base de stimulateurs de défenses naturelles et d’extraits de plantes. » Les positionnements de ces produits peu curatifs sont conduits avec les connaissances apportées par les OAD.
Sur blé, l’itinéraire a permis de réduire d’une demi-dose l’application du seul fongicide utilisé. Sur orge, les expérimentations sont allées jusqu’au zéro fongicide de synthèse. « Et ce, en obtenant le même rendement, avec cependant un surcoût, précise Jean-Michel Bouchié. Ce surcoût, qui revient à quelques centimes d’euros sur le produit transformé, est acceptable. »
Un pilote à courte échéance
Un pilote proposant de l’orge sans résidu de pesticide devrait être opérationnel dans une échéance proche, avec un échantillon de producteurs. En fonction des résultats, la coopérative pourra ensuite proposer ces itinéraires aux agriculteurs.
L’agronome vise des productions sans résidu et non le zéro pesticide de synthèse. « Ces itinéraires, qui baissent radicalement la protection fongique de synthèse, sont plus difficiles à maîtriser, explique-t-il. L’approche combinatoire est plus complexe, les différents leviers doivent être articulés avec finesse, technique, surtout avec des produits naturels, qui sont plus sensibles aux aléas climatiques. » L’avenir de certains leviers reste par ailleurs incertain. « Comment la tolérance aux maladies des variétés évoluera ? », s’interroge l’agronome.