Cérébeauce fait le pari du sarrasin en dérobée
Le | Cooperatives-negoces
Dans la Beauce, le négoce Cérébeauce accompagne une dizaine de clients dans la production de sarrasin en dérobée. Cette culture, peu gourmande en intrants, et peu soumise aux maladies bénéficie en plus d’un intérêt du grand public car elle est sans gluten.
Cela fait quelques années que Paul Coisnon, dirigeant du négoce Cérébeauce, collecte le sarrasin produit en dérobée par une dizaine d’apporteurs. « Le but est de faire une deuxième culture, derrière le blé dur que l’on récolte souvent tôt, au mois de juillet, et les orges de printemps que l’on plante en hiver pour gagner trois semaines, explique-t-il. Cela permet d’apporter un revenu supplémentaire, et de capter du carbone en gardant les sols couverts un maximum de temps dans le cycle. »
Le sarrasin ne nécessite que peu d’intrants
Les terres de Beauce offrent des possibilités plus rémunératrices pour les cultures principales, telles que le maïs, les pommes de terre ou les betteraves, mais le sarrasin est une plante facile à cultiver, selon Paul Coisnon : « Elle ne nécessite pas beaucoup de travail une fois que les graines ont levé. Il n’y a pas de maladie, pas de ravageurs et demande peu de fertilisation. » La culture est rapide, 120 jours en moyenne. Plantée en dérobée, elle nécessite souvent d’être séchée, sauf si elle est fauchée par andainage, une technique de séchage aux champs.
800 €/t, pour un rendement de 10 à 25 q/ha
Les prix sont également un atout pour cette culture : 800 €/t à la collecte, alors qu’il était à 650 €/t en 2021. L’augmentation des régimes sans gluten et l’intérêt croissant pour le Made in France ont joué un rôle dans la revalorisation de cette graine. « Lorsque j’ai commencé, il y avait certaines années sans demande, car les acheteurs se fournissaient en Pologne, explique Paul Coisnon. Depuis quelques années, je travaille avec un minotier breton qui valorise les productions françaises. »
Les volumes produits par Cérébeauce sont modestes, de l’ordre de 100 à 150 tonnes par an, en fonction des surfaces et des rendements. Ces derniers sont hétérogènes, compris entre 10 et 25 q/ha. Plus le semis est précoce, plus la récolte sera réussie, le sarrasin produisant des fleurs, et donc des graines, en continu, tant qu’il est dans de bonnes conditions. « Mais cette année, malgré une récolte précoce, les rendements pourraient être assez faibles, regrette le négociant. Avec la chaleur, les fleurs n’ont pas été correctement fécondées. »