Chez Eureden, 30 à 35 % des désherbants d’automne n’ont pas été utilisés
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La Bretagne n’a pas été épargnée par les abondantes pluies automnales. Semis et désherbage n’ont pas pu être faits dans les temps. Philippe Lecuyer, responsable du pôle agronomie et développement d’Eureden et Jean-Luc Leliard, responsable métiers, nous détaillent l’impact de ce contexte.
Référence Agro : Votre secteur a-t-il été impacté par les intempéries en octobre 2023 et janvier 2024 ?
Philippe Lecuyer : Oui, à des degrés divers selon les départements. En moyenne, pour la zone Eureden, je pense que nous sommes aux alentours de 90-94 %. nous avons eu beaucoup d’eau pendant les périodes de semis, avec des quantités très variables sur notre périmètre. Dans l’est des Côtes-d’Armor, nous avons eu une pluviométrie légèrement supérieure aux normales de saison mais presque tous les semis ont pu être réalisés ; dans le sud du Morbihan et le sud du Finistère, les chantiers de semis ont été plus difficiles. À ce jour, nous ne savons pas le pourcentage de ce qui est semé et ce qui ne l’est pas ni, dans ce qui est semé, le pourcentage qui, potentiellement, pourrait être retourné.
R.A. : Quel impact cela a-t-il sur vos ventes d’herbicides ?
Jean-Luc Leliard : Au 1er décembre, nos techniciens avaient vendu le même volume d’herbicides que l’année dernière. Concernant l’utilisation, c’est difficile à dire mais j’estime à 70 % le pourcentage de ces ventes qui ont été utilisées. Donc potentiellement, 30 % sont encore en stock chez les agriculteurs. Vu que nous acceptons les retours, nous anticipons aussi cette hypothèse.
R.A. : Les désherbages de printemps devraient augmenter. Comment s’annoncent ces interventions ?
J.-L.L. : Nous avons effectivement revus à la hausse notre gamme de désherbage de printemps. Sur certaines lignes, les volumes sont en hausse de 30 à 40 %. Quand nous n’avons pas fait de désherbage d’automne, nous utilisons ce que nous appelons des « méso-iodo » tels des Biscoto, des Atlantis. Ce sont les bases quand nous n’avons rien fait à l’automne. Autrement, nous avons des bases « pinoxaden » : Axial, Pratic, sur des graminées en rattrapage derrière des désherbages d’automne. La part des méso-iodo risque d’augmenter cette année du fait du manque d’intervention sur la flore d’automne.
R.A. : Cette année atypique sur le plan climatique remet-elle en cause votre stratégie globale de désherbage ?
J.-L.L. : Les aléas climatiques étant difficiles à prévoir, nous resterons sur des bases de désherbage d’automne puisque pour gérer la problématique résistance, c’est ce type d’intervention qui donne le plus de satisfaction. Si nous sommes à 55 % de désherbage d’automne à ce jour, nous prévoyons de monter à 70 % pour les années à venir. Le plus important est de réussir à anticiper au mieux pour réagir le plus rapidement auprès des fournisseurs et ainsi, ajuster nos besoins.