Chez Océalia, aladin à l’épreuve du terrain
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Océalia fait partie des neuf coopératives qui, depuis un an, testent la plateforme aladin. Cet outil, qui permet la commande en ligne d’intrants et de services de la gamme du groupe, est en plein développement. Équipes terrain, responsables de dépôt et agriculteurs l’utilisent déjà… et ont un avis sur la question. Témoignages.
En février dernier, le groupe InVivo lançait officiellement la plateforme de vente en ligne aladin. Neuf coopératives (1) l’ont déployée depuis septembre 2019. En 2021, elles devraient être dix de plus. Océalia fait partie des entreprises qui ont souhaité se lancer dans l’aventure dès le début. « Aujourd’hui, à peine 10 % des agriculteurs vont sur internet pour acheter des intrants ou des services, constate Thomas Perrier, chef projet au sein du pôle services d’Océalia. Demain, ce chiffre devrait passer à 30, voire 40 %. L’enjeu : préparer le monde de demain en étant acteur de ce changement. Dans cinq ans, il sera trop tard. »
Un projet fédérateur pour l’entreprise
Ces derniers mois, les responsables de secteur, de dépôt et tous les conseillers d’exploitation d’Océalia ont été formés à l’outil. « Même si son déploiement pose des questions à chaque échelon de l’entreprise, je constate que ce projet fédère car tous les métiers sont impliqués, poursuit-il. De la direction aux agriculteurs, en passant par les responsables des gammes appro, les équipes terrain, les équipes communication, marketing, informatique ou comptabilité. Le plus compliqué a été de convaincre les équipes terrain que le digital pouvait se mettre au service de l’humain et que non, il ne cassait pas le lien. Le besoin de rassurer était très fort au départ. Le gain d’efficacité convainc. »
Une co-construction permanente
Le développement de l’outil se fait, lui, en mode « agile ». « La co-construction est permanente explique Thomas Perrier. Nous sommes en lien quasi quotidien avec l’équipe d’InVivo, la « Digital factory », composée de plus de 50 personnes ! En leur faisant remonter nos attentes, nous orientons le projet « aladin.farm by Océalia », en fonction des besoins et de la typologie de nos adhérents, céréaliers, viticulteurs ou éleveurs.» Aladin est en quelque sorte la marque ombrelle. À chaque coopérative de créer et déployer sa propre stratégie omnicanale, commerciale, son propre « univers », réservé exclusivement à ses adhérents.
110 commandes passées
Depuis septembre 2019 tous les adhérents d’Océalia ont accès à la plateforme. « Aujourd’hui, 110 commandes ont été passées, surtout en réappro, en semences et en produits phyto, constate Anaïs Iparaguirre, conseillère d’exploitation. Une commande sur deux a eu lieu en dehors des heures d’ouverture des dépôts et le choix s’est, dans la majorité des cas, porté sur une livraison à la ferme. Sur le site, tous les prix sont affichés : identiques à ceux pratiqués au dépôt ou diffusés par nos soins. Plusieurs canaux de commandes co-existent désormais, pour davantage de fluidité. »
Un gain de temps et d’efficacité
Après quelques mois d’utilisation, pour Anaïs Iparaguirre, les atouts d’aladin sont déjà notables. « Chaque conseiller d’exploitation dispose de sa propre interface ce qui permet une gestion plus fine de son portefeuille clients. Je peux aussi aider l’agriculteur, à distance, à passer sa commande : à lui ensuite de valider son panier. Ce gain de temps dans la prise de commande nous en libère pour des missions à plus forte valeur ajoutée comme le conseil agronomique, l’approche globale d’exploitation ou la présentation de nouveaux services de la coopérative. »
Une montée en puissance fin 2020
Thomas Perrier reconnaît que cet outil est encore perfectible. « C’est normal ! Il est encore jeune. Parmi les priorités affichées pour Océalia : rendre le catalogue en ligne plus exhaustif et adapter la logistique pour être le plus efficace possible. Nous devons, derrière chaque commande, apporter une promesse logistique. Savoir si le produit est disponible, où et quand il peut être livré. En perspective de montée en puissance de l’outil, nous devons automatiser les flux. L’objectif : donner un réel coup d’accélérateur fin 2020 avec l’arrivée de la morte saison pour les grandes cultures et la vigne. »
Un « monsieur aladin » en cours de recrutement
Pour atteindre ces objectifs, Océalia mise sur le recrutement d’un « monsieur aladin ». « Nous avons besoin d’une personne qui pense aladin du matin au soir, pour faire vivre le site, l’enrichir et le rendre encore plus attractif, constate Thomas Perrier. Le recrutement est en cours. Il devrait être finalisé pour la fin de l’année ».
(1) Agora, EMC2, Maïsadour, Natup, Noriap, Océalia, Oxyane, Unéal et Val de Gascogne.
Alexis Moreau, agriculteur à St-André-de-Lidon (17)
« Je commande mes appros en morte saison, via ma conseillère d’exploitation. Pour le réappro, j’ai besoin d’avoir accès rapidement aux produits demandés. J’appréhendais la lenteur d’une commande par internet. J’ai testé aladin et au final, la livraison, à la ferme, a été très rapide, dès le lendemain. Aujourd’hui, le réappro pèse à peine 2 % du volume total de mes achats. Si la réactivité d’aladin se confirme, je pense monter à 10, voire 20 %. Je n’ai pas besoin de quelqu’un pour passer la commande. En revanche, j’ai besoin d’être conseillé, en amont. Si cet outil dégage du temps « qualitatif » aux équipes terrain, pour le valoriser autrement, en nous proposant par exemple un accompagnement technique plus poussé, je trouve cela très positif. »
Stop aux idées reçues
À chaque échelon de l’organigramme du groupe, certaines idées reçues ont dû être levées.
- Pour la direction, non, ce n’est pas InVivo qui décide du catalogue à mettre en ligne. Chaque coopérative reste maître de décision de sa gamme, des tarifs et de la politique commerciale pratiqués.
- Pour le responsable de dépôt, non aladin ne va pas conduire à la fermeture de sites. Cette plateforme est un canal supplémentaire de vente qui leur dégagera du temps pour accomplir d’autres tâches.
- Pour le conseiller d’exploitation, non aladin ne va pas le couper de ses adhérents. Cet outil lui libère du temps pour parler approche globale d’exploitation et présenter les autres services de la coopérative (assurance…), trop souvent rapidement évoqués dans les rendez-vous de morte saison, faute de temps.
- Afficher les prix risque d’accroître la concurrence en les comparant avec ceux d’autres sites. Faux. Comparer ? Les agriculteurs le faisaient déjà !