Choix du conseil, rapprochement avec Caussade… le point sur les dossiers chauds d’Euralis
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Philippe Saux, le directeur général d’Euralis revient, pour Référence-Agro sur les deux mois de confinement, nous explique comment se passe « l’après » et fait le point sur les dossiers du groupe en cours de préparation ou en phase de finalisation. Parmi eux, l’échéance à venir du choix du conseil et le rapprochement avec Caussade Semences.
Pour Philippe Saux, le confinement aura eu pour vertu de montrer que le monde agricole sait répondre aux attentes des consommateurs. « Nous devons partir de la demande sociétale et produire en conséquence. La vente directe, les produits locaux ont le vent en poupe. Preuve en est les +20 % de notre activité magasins, tirée par le rayon « La table des producteurs », durant le confinement. Je pense qu’une fois la pandémie passée, il en restera quelque chose. Cette mise en lumière du rôle central du monde agricole nous pousse à continuer et à accélérer notre stratégie dans cette voie.
Comment se déroule l’après confinement ?
Chez EURALIS, le télétravail va se poursuivre jusqu’au 2 juin pour les 15 % des 4 000 salariés qui y sont depuis mi-mars. Le rythme de déconfinement va être progressif et étudié, métier par métier. L’idée n’est pas de se précipiter d’autant que l’efficacité des équipes ces deux derniers mois fut très satisfaisante. Tout notre système informatique était prêt pour absorber une telle situation : les quelques 800 réunions en visio, organisées quotidiennement par les différentes équipes, l’ont été sans encombre.
Certaines activités ont-elles plus souffert ?
Oui, les activités alimentaires autres que les circuits courts. Rougié, qui propose des produits festifs et hauts de gamme et qui pèse pour près de 10 % du chiffre d’affaires du groupe, voit ses ventes en France à l’arrêt. En cause bien évidemment la fermeture des restaurants. Une situation qui impactera négativement la filière canards. À partir de maintenant, la mise en place des animaux dans les élevages va être réduite de plus de 20 %. Nous attendons désormais avec impatience la réouverture des restaurants.
En février dernier, vous annonciez arrêter la vente des produits phytosanitaires en 2021. Le délai sera-t-il tenu ?
En optant pour le conseil, nous souhaitons récompenser nos équipes terrain sur la performance et la justesse de leurs conseils et non plus sur la vente des phytos. Les agriculteurs continueront à utiliser des produits phytosanitaires pour protéger leurs cultures, mais plus efficacement et dans des quantités moindres, comme nous l’avons déjà constaté ces dernières années. Notre rôle sera de mieux conseiller en faisant évoluer les pratiques agricoles : davantage d’agronomie, solutions alternatives, recours aux OAD… En d’autres termes, il s’agit de transformer notre modèle agricole en réaffirmant notre mission : aider les agriculteurs à mieux produire et à améliorer la rentabilité de leurs productions. En accord avec le projet de loi, nous avions annoncé 2021 pour ce basculement mais le confinement ralentit l’avancée du dossier. À l’échelle nationale, la Coopération Agricole a demandé un report de l’entrée en vigueur de cet arrêté. Pour l’heure, nous n’avons pas de retour.
Cela passera-t-il, d’ici là, par une réorganisation des équipes terrain ?
Oui tout à fait, à commencer par une redéfinition précise de leurs missions. Les technico-commerciaux changent de nom pour devenir des « conseillers d’exploitation » et illustrer ainsi l’évolution de leur métier. Cela passera aussi par des formations et de la pédagogie auprès des plus sceptiques. C’est un modèle vieux de plus de 50 ans que nous en sommes en train de faire évoluer. Comme chez les agriculteurs, tous les salariés ne sont pas encore prêts à changer de cap. À nous de leur expliquer que nous sommes sur la bonne voie.
Le recours aux solutions de biocontrôle fait-il partie de vos stratégies d’évolution ?
Oui, bien entendu à condition que ces solutions ne soient pas mises dans le même sac réglementaire que les produits phytosanitaires de synthèse. Dans le cas contraire, en choisissant le conseil, nous ne pourrions pas les promouvoir avec la même efficacité. C’est un contre sens du projet de la loi : un point sur lequel nous œuvrons encore pour qu’il soit clarifié.
Où en est le dossier de rapprochement avec CAUSSADE SEMENCES ?
Même si le processus a été ralenti par le confinement, le dossier avance bien. Il pourrait être bouclé d’ici à la fin du mois de décembre 2020. C’est une étape importante pour notre activité semences qui pèse 13 % du chiffre d’affaires du groupe. Les complémentarités industriels et commerciales entre les deux groupes et leur implantation en dehors de la France donne une réelle dimension européenne au projet. En parallèle, notre activité semences s’est poursuivie malgré la crise. Le confinement est intervenu alors que nous avions à peine livré la moitié des semences, notamment vers l’Ukraine et la Russie. Toutes les équipes se sont mobilisées pour que chaque pays soit livré dans les temps. Pari réussi avec en plus un volume et un chiffre d’affaires en hausse de 10 %.