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Clément Le Fournis, Agriconomie - « Les stocks de phytos ne vont pas conduire à une baisse de prix » 

Le | Cooperatives-negoces

Selon Clément Le Fournis, cofondateur et directeur général de la plateforme de e-commerce Agriconomie, les prix des produits phytosanitaires sous brevet ne vont pas baisser dans l’immédiat. Et ce, malgré des stocks conséquents tant chez les fournisseurs que chez les distributeurs. Explications.

Clément Le Fournis, Agriconomie - « Les stocks de phytos ne vont pas conduire à une baisse de prix » 
Clément Le Fournis, Agriconomie - « Les stocks de phytos ne vont pas conduire à une baisse de prix » 

« Ces deux dernières années, le marché des produits phytosanitaires a enregistré des fluctuations exceptionnelles, jamais vues jusque-là, note Clément Le Fournis, cofondateur et directeur général de la plateforme de e-commerce Agriconomie. Après avoir connu des problèmes d’approvisionnement, tous les acteurs ont cherché à anticiper. Revers de la médaille, cette anticipation s’est faite à des prix élevés et aujourd’hui, le marché revient dans l’abondance. »

Une chaîne logistique sous tension par manque de place

Selon le directeur général d’Agriconomie, un haut niveau de stock est observé chez les fournisseurs et chez les distributeurs. « Tous les sites Seveso, déjà bien pleins, vont être pris d’assaut », avance-t-il, avant de préciser que les contrôles sont en outre plus fréquents qu’avant.

La chaîne logistique est sous tension car les entrepôts regorgent de produits. La place pour les spécialités d’automne fait défaut. Mais Clément Le Fournis reste toutefois confiant, des solutions seront trouvées.

Peu de marge de négociation

Les niveaux de stocks actuels vont-ils entraîner une baisse des prix ? Paradoxalement, non, selon Clément Le Fournis. « Actuellement, la marge de négociation est faible, explique-t-il. D’une part parce que ces produits stockés ont été achetés à des niveaux de prix élevés et d’autre part parce que le taux d’intérêt annuel est passé de 1 % à 4 %. Stocker coûte cher. »

Selon le cofondateur d’Agriconomie, un temps de latence de 12 à 18 mois est à prévoir pour observer la répercussion de la baisse du prix des molécules insecticides et fongicides au niveau mondial sur les prix des produits en France. Certaines molécules herbicides seraient quant à elles encore sur des prix élevés.

« Les prix des génériques, plus concurrencés, vont sans doute enregistrer une baisse, d’autant que le fret maritime a vu ses coûts diminuer, précise-t-il. Mais les fournisseurs vont probablement chercher à se rattraper sur les produits sous brevet. »

110 M€ de CA pour Agriconomie

Agriconomie a fini son année fiscale fin juin avec un chiffre d’affaires de 110 M€, contre 70 M€ l’an passé. Les produits phytosanitaires ont contribué à hauteur de 20 M€, contre 13 M€ l’an passé. « Nous surfons sur un marché e-commerce en croissance et captons la grande majorité de cette croissance », avance Clément Le Fournis. La société, qui compte désormais 140 salariés, contre 75 l’an passé, poursuit ses investissements. Un appel d’offres va bientôt être lancé pour un quatrième entrepôt dans le sud de la France. La livraison rapide est un service auquel Agriconomie tient. « 50 % des commandes sont aujourd’hui demandées avec une livraison en 24 h », note-t-il. Autre service en développement et désormais demandé pour 35 % des commandes : le paiement à 60 jours, 6 mois et 9 mois, pour protéger la trésorerie des agriculteurs face aux aléas.

Biosolutions et résistances variétales en croissance

« Les biosolutions se développent, souligne le directeur général. Les biostimulants sont attractifs pour gérer les stress hydriques, entre autres. Les produits de biocontrôle, quant à eux, restent surtout demandés pour les cultures maraîchères, arboricoles et sur vigne. »

Pour l’avenir, Clément Le Fournis compte s’attacher au développement des semences tolérantes, voire résistantes, aux maladies. « Les impasses techniques se développent et la génétique fait partie des solutions, notamment sur orge, contre la JNO, et sur betterave, contre la jaunisse », précise-t-il.