Conseil stratégique, Lur Berri choisit Gong-éco
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Comme bon nombre de coopératives, Lur Berri recommande à ses adhérents de faire réaliser leur conseil stratégique par une société désignée. Son choix s’est porté sur Gong-éco, une structure locale. Un partenariat gagnant-gagnant s’est construit, sans perte d’indépendance. Explications avec Hervé Quénin et Paul Jobard, respectivement président et conseiller agricole de Gong-éco, et Matthieu Çaldumbide, directeur d’Orizio, filiale de Lur Berri.
Afin d’aider ses adhérents à réaliser leur conseil stratégique en temps et en heure, la coopérative agricole du Sud-Ouest Lur Berri (64), via sa société de conseil et formation Orizio, s’est rapprochée de Gong-éco, créée en mars 2018.
« Ayant choisi la vente de produits phytosanitaires, nous n’avons pas le droit de réaliser ce conseil stratégique, précise Matthieu Çaldumbide, directeur d’Orizio. Nous avons donc cherché une structure locale, présentant la même approche que la nôtre, qui individualise le conseil et adopte une vision globale de l’exploitation, sans se limiter aux pratiques phytosanitaires. »
Hervé Quénin, président de Gong-éco, se souvient : « Nous nous sommes rencontrés début 2022 et avons conclu le partenariat à la fin de l’année. » Entre-temps, durant l’été, un test a été réalisé dans quatre exploitations aux typologies différentes et représentatives de la coopérative. Près de cinq cents adhérents doivent renouveler leur Certiphyto rien qu’en 2024-2025.
Un partenariat gagnant-gagnant
« Les conseils stratégiques tests, payés et suivis par la coopérative, lui ont permis de valider son choix de partenaire, souligne Paul Jobard, conseiller agricole chez Gong-éco. Quant à nous, ils nous ont offert la possibilité d’affiner notre procédure, déjà avalisée lors de l’audit de renouvellement réalisé par l’Afnor en juillet 2022. »
Pour chaque conseil stratégique, Gong-éco réalise une visite d’une demi-journée sur l’exploitation, en s’entretenant avec le producteur. Si ce dernier est abonné à un service traçabilité de la coopérative (ou de la chambre d’agriculture), le conseiller étudie en amont son dossier. Suit une demi-journée d’exploitation de données au bureau pour rendre le rapport. Les conclusions sont expliquées au producteur soit chez lui, soit par téléphone. Le coût moyen s’élève à 450 € et varie en fonction de la SAU, de la présence ou non d’élevage, d’abonnement à un service traçabilité…
Un conseil indépendant
« Le contrat avec la coopérative respecte nos obligations d’indépendance, nous ne nous interdisons pas de parler de produits non distribués par la coopérative, tient à préciser le président de Gong-éco. Nos deux structures y gagnent. La coopérative fait notre promotion, mais elle est assurée du sérieux du conseil et de notre volonté de rechercher, comme elle, à améliorer le revenu des exploitants et à aller vers une agriculture durable. Les adhérents ne sont pas obligés de passer par nous. »
Hervé Quénin vise un partenariat constructif, avec des échanges conduisant à des évolutions positives pour les deux parties. « Gong-éco peut orienter le choix des cultures selon les débouchés de la coopérative pour augmenter le revenu de l’exploitant ou, par exemple, promouvoir une nouvelle filière développée, en vérifiant que telle ou telle parcelle est candidate, en fonction de son sol », confirme Matthieu Çaldumbide.
Apporter des améliorations dès la première visite
Les quatre conseils stratégiques tests ont révélé l’absence de motivation des exploitants dans la démarche. « Ce conseil est perçu comme une charge administrative et un coût supplémentaire, reprend le président. Mais nos compétences agronomiques globales et nos connaissances locales nous permettent, lors de l’entretien, d’être vite concrets et de capter l’attention de l’exploitant, qui comprend que nous sommes là pour son seul intérêt. Des voies d’amélioration sont parfois rapidement décelées. Nous essayons de faire comprendre l’intérêt de la démarche et de montrer qu’une rentabilité à plus ou moins long terme peut en résulter. »
Pour Hervé Quénin, le conseil stratégique devrait être élargi à toutes les exploitations, y compris celles en HVE 3 et en agriculture biologique, et permettre au producteur qui s’engage de bénéficier d’allègements de cotisations.
« Nous ne sommes que des préconisateurs et le chef d’exploitant reste décisionnel, conclut-il. Mais avec un regard d’agronome indépendant, en intégrant les pratiques phytosanitaires, la fertilisation et les sensibilités variétales, nous pouvons lui suggérer des solutions plus durables et lui faire comprendre qu’en choisissant des pratiques sans impact négatif sur l’environnement, son rôle dans la société sera valorisé. »