Dans un contexte de marchés incertains, le Naca déploie sa boîte à outils
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Rester positif malgré tout. C’est un peu le challenge relevé par l’équipe du Naca, lors de son congrès le 2 septembre à Blois. En choisissant, pour cette journée, le thème de la volatilité des marchés agricoles - céréales, engrais, énergie - difficile d’identifier les pistes pour passer ce cap difficile. Et pourtant, elles existent ! À commencer par la mise en place d’outils de gestion : ou comment, les négoces peuvent pleinement jouer leur rôle d’accompagnement auprès de leurs clients.
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« Les outils de couverture restent, pour Antoine Pissier, président de la FNA, une solution indispensable pour aborder la campagne à venir ».[/caption]
« En choisissant le thème de notre congrès il y a un an, nous ne pensions pas être autant au cœur de l’actualité, introduit Gérard Piveteau, co-président du Naca, le Négoce agricole Centre-Atlantique, lors du 37è congrès du syndicat, le 2 septembre à Blois. Comprendre les tensions actuelles sur les marchés des engrais, des céréales et de l’énergie nous permet de mieux appréhender cette forte volatilité pour accompagner au mieux les agriculteurs. » Et Antoine Pissier, président de la FNA, la Fédération du négoce agricole, de poursuivre : « Nos clients sont paumés. Tous les fondamentaux sont à redéfinir. Si la campagne à venir reste effectivement complexe à anticiper, nous devons nous doter d’outils de couverture pour se prémunir d’écarts de prix trop forts et ajuster les trajectoires. En céréales, il y a bien sûr les marchés à terme. Ceux-ci fonctionnent également pour l’énergie. En engrais, c’est plus complexe. L’anticipation reste alors incontournable. L’enjeu : éviter la surspéculation qui accroît la volatilité. Quand le marché est difficile, il existe toujours des opportunités. À nous de les saisir. »
Engrais : le marché devrait rester haussier au moins jusqu’en décembre
Tout au long de la matinée, les experts ont expliqué le pourquoi de la situation actuelle. « En engrais, les raisons sont multiples, concède Sofian Dekkiche, managing director chez Ameropa France. Certaines pouvaient être anticipées, d’autres beaucoup moins. » Et de citer : une demande plus forte de l’Inde et du Brésil, une offre chinoise en recul, moins de stocks mondiaux, une logistique du fret perturbée par la crise de la Covid… avec à la clé des prix en hausse et des taux de couverture très bas. Ajouter à cela la crise Nordsteam 2, l’arrêt d’usines en Europe et la guerre en Ukraine, et la situation ne peut être que « catastrophique ». « Le marché devrait rester haussier au moins jusqu’en septembre, pronostique-t-il. Nul doute que le prix de l’urée va passer au-dessus des 1000 € et que le prix de la solution azotée va, à son tour, augmenter. Il devrait dépasser les 700 € ! Et les acheteurs paieront… car le taux de couverture est très bas. Selon moi, le point central des prochains mois restera la logistique car déjà, les ports sont saturés. »
Pour l’énergie, mutualiser les achats…
Le marché de l’énergie aussi subit « un réveil brutal », expliquait François-Régis Déhéry, chef de produit au sein de Collectif énergie. « Le système est fragile et explose au grand jour : la demande croît alors que la capacité de production reste limitée, voire déclinante. Le marché se décorrèle de la réalité physique d’où la difficulté de se projeter à plus de cinq ans. Et pourtant, pour beaucoup d’acheteurs, il est temps de renouveler les contrats. La solution ? S’organiser en communautés d’achats et d’intérêts pour négocier ensemble, aligner ses stratégies et ainsi, peser et réduire les coûts. »
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Simon Aimar, le directeur du Naca, a dévoilé qu’une nouvelle formation, dédiée à l’éco-énergie, allait être proposée par Asfona dès le mois de septembre.[/caption]
… et se former
Le Naca propose, via sa structure Asfona, une formation à compter du mois de septembre sur le thème de l’éco-énergie. « Identifier les points de progrès, faire évoluer ses pratiques au quotidien, voir si la production d’énergie sur la ferme est possible… deviennent des enjeux capitaux » insiste Simon Aimar, le directeur du Naca. Le syndicat joue déjà le rôle de facilitateur de projets et de négociations, mais cela devrait s’amplifier. « Plus que jamais, nous incitons les agriculteurs à s’inscrire dans des démarches collectives. Acquérir de nouvelles compétences, s’entourer de spécialistes permet aussi de rassurer les banques au moment de financer de nouveaux projets. »
Le maïs pourrait devenir le driver des marchés pour 2022/23
Le marché des céréales reste lui aussi soumis à une forte volatilité. « Le monde devrait, en blé tendre, connaître un record de production, confie Xavier Cassedanne, directeur de l’agriculture au Crédit Agricole. La Russie, avec ses 93 Mt attendues, est observée de près par les opérateurs. En jeu, sa capacité, ou non, à évacuer ses 44 Mt exportables. » Sur les échéances septembre 2023 et 2024, les marchés du blé tendre affichent des prix inédits. « Au regard de la marge dégagée, les agriculteurs devraient à mon sens déjà se positionner, poursuit-il. Pour le colza, pour les années à venir, la tendance est plutôt baissière. Baissier également, le marché du maïs, même si la volatilité devrait se maintenir. Cette céréale pourrait devenir le driver des matières premières pour la campagne 2022/23. » Pour Jean-Loïc Bégué-Turon, directeur commercial Caceis, « ce contexte est un moment historique avec des opportunités. Vous, négoces, devez valoriser votre métier : suivi, compétences, accompagnement… en ne déviant jamais de l’objectif initial : sécuriser la marge de vos clients. »
Le Naca en chiffres :
- 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires
- 4 Mt de céréales et d’oléoprotéagineux collectées
- 111 négociants et grossistes, répartis sur 19 départements et 3 régions
- 350 sites de dépôts et de points de vente