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De bons résultats pour Nord Céréales, malgré tout

Le | Cooperatives-negoces

La campagne d’export a quelque peu été chahutée. Celle à venir s’annonce également particulière avec notamment des tensions entre la France et l’Algérie. Pour autant, Nord Céréales garde le cap et gagne même une place sur le podium des ports exportateurs. La construction d’un nouveau silo de stockage démarrera en 2022.

De bons résultats pour Nord Céréales, malgré tout
De bons résultats pour Nord Céréales, malgré tout

Malgré les embuches sanitaires et logistiques, Nord Céréales est parvenu à exporter 2,2 Mt sur la campagne 2020-2021, presque autant que l’année précédente. Le silo portuaire de Dunkerque passe ainsi devant la Rochelle pour atteindre la deuxième place du podium des silos exportateurs français, derrière Rouen. Ces bons résultats s’expliquent notamment par le développement des exportations à destination de la Chine, qui a importé 1,6 Mt. L’Égypte est également un positionnement stratégique pour Nord Céréales : les 315 000 t de céréales exportées à destination de Port-Saïd sont intégralement parties de Dunkerque.

Aucun bateau français pour l’Algérie

La campagne en cours se présente plutôt bien : le million de tonnes devrait être dépassé fin décembre, comme il y a un an. « Fixons-nous l’objectif d’atteindre 2 millions de tonnes fin juin ! », s’est enthousiasmé Joël Ratel, le directeur général, lors de l’assemblée générale du 19 novembre. Des craintes existent cependant quant aux débouchés, et notamment en ce qui concerne l’Algérie, en crise diplomatique avec la France depuis octobre, suite aux propos d’Emmanuel Macron, fin septembre, critiquant, le « système politico-militaire » de l’Algérie.

« Ce qui se passe en Algérie dépasse l’entendement agricole, c’est politique, regrette Joël Ratel. Pour le dernier appel à projet algérien, fin octobre-début novembre, aucun bateau français n’a été retenu. » L’Algérie, pendant longtemps premier client de la France pour les céréales, a d’ailleurs récemment changé son cahier des charges en ce qui concerne les dégâts d’insectes, favorisant les pays de la mer noire au détriment de la France.

Des pistes vers la Chine et l’Égypte

« Nous savons très bien que c’est un virage, a confirmé Laurent Bué, président de Nord Céréales. Nous espérons compenser avec la Chine, mais avec le prix du fret très élevé, cela pose aussi des problèmes. » La Chine reste le principal débouché du blé de Nord Céréales, d’autant plus qu’un nouveau marché vient de s’ouvrir : le blé « feed », de moindre qualité, dédié à l’alimentation animale, et payé 25 € de moins par tonne. Autre piste : le jeu de chaises musicales qui pourrait s’opérer si la Russie se concentre sur l’Algérie. « Le marché égyptien devrait s’ouvrir » indiquent les dirigeants de Nord Céréales. Des négociations sont également menées avec le Maroc pour faire partir des blés aux poids spécifiques de 74.

Nord céréales est équipé pour les Panamax

Joël Ratel se rassure. « L’Algérie n’est pas au cœur de notre stratégie. Si tous les ports français peuvent exporter vers ce pays, tous ne peuvent pas charger, comme nous, pour l’Égypte, la Chine ou le Pakistan. » Les ports de Dunkerque, de Marseille et du Havre sont en effet les seuls ports français dits « Panamax », pouvant accueillir un navire Panamax complet, du fait de leurs eaux profondes. « L’avantage que l’on peut aussi avoir, à Nord Céréales, c’est que le conseil d’administration a eu l’intelligence d’investir sur des outils de nettoyage et de travail du grain », a rappelé Joël Ratel, précisant que sur la façade atlantique, Nord Céréales est le seul silo portuaire à disposer d’un séchoir.

Des travaux encore à venir

Le conseil d’administration a choisi de poursuivre ses efforts concernant la maintenance et la modernisation des outils en votant un plan stratégique de développement de 32 M€, sur trois ans (2021-2024) qui se divise en deux phases : la première concerne la modernisation du site et notamment de la tour PAD, « la pièce centrale où tout se passe », a précisé Laurent Bué. Les travaux ont eu lieu au printemps, mais n’ont pas interrompu le chargement des bateaux. La deuxième phase vise la construction d’un nouveau silo de stockage d’une capacité de 49 000 tonnes. Les travaux devraient commencer en 2022 et s’achever en août 2023.

Un projet logistique mené par Nord céréales

Enfin, les dirigeants de Nord Céréales ont annoncé au cours de l’assemblée générale la mise en place d’un projet logistique, qui réunira des coopératives, négociants, courtiers fluviaux, agences maritimes… « L’idée est de comprendre les contraintes des uns et des autres pour une meilleure interaction, précise Joël Ratel. Aujourd’hui, nous avons de moins en moins de transporteurs, nous devons trouver des solutions concrètes pour faire face aux enjeux logistiques. » Le groupe devrait élaborer une feuille de route avant fin juin 2022. Le silo portuaire de Dunkerque envisage également de se rapprocher des pouvoirs publics pour discuter du fret fluvial, en plein développement, alors que les travaux pour le canal Seine-Nord Europe commencent. « Nous avons deux outils de déchargement de barges. Pourquoi ne pas en créer un nouveau ? » s’interroge Joël Ratel.