Disponibilité des produits et partage du risque aux journées d’Agrosud

« Notre chiffre d’affaires s’est érodé cette année, avec des familles de produits pénalisées, comme la fertilisation et le palissage, explique Vincent Baills, directeur général d’Agrosud, à l’occasion des Journées techniques du réseau de négoces méditerranéen, le 24 octobre à La Grande Motte (34). La famille des produits de protection des plantes tire son épingle du jeu, du fait de la forte pression mildiou. » Les produits de biocontrôle affichent la plus forte hausse du réseau avec +18 % (46 M€). Le CA total appro est en retrait de 8 %, à 328 M€.

Disposer des produits au moment de l’utilisation

Près de 350 personnes étaient réunies aux Journées techniques du réseau de négoce de l’arc méditerranéen, pour dresser le bilan d’une campagne compliquée et préparer la campagne 2025. « La période de forte inflation est derrière nous, indique Bernard Perret, président d’Agrosud. Les bonnes décisions à prendre pour la prochaine campagne sont : inflation zéro, facilité de paiement, garantie de disponibilité des produits et partage du risque sur le stock résiduel. L’enjeu pour 2025 sera de disposer des produits dans un temps proche de l’utilisation. Les trésoreries des exploitations sont exsangues, il faut donc s’attendre à ce que les agriculteurs viennent dans nos magasins pour acheter les produits juste avant l’intervention. » Le contexte économique agricole demeure difficile, avec une crise viticole, notamment dans le vin rouge : baisse de la consommation, baisse des prix, diminution des récoltes. « Il manquerait 10 millions d’hectolitres au niveau national, continue Bernard Perret. Avec -15 à -30 % de volume par exploitation, le revenu des viticulteurs va baisser. Les investissements seront donc reportés, minimisés, voire annulés. »

Dépôt-vente et contrats de commissionnement

La disponibilité des produits sera au cœur des enjeux de 2025. « Il faudrait une disposition réglementaire permettant d’avoir des produits pour chaque filière, une disposition de matières, avec des stocks à proximité, et une accessibilité économique des produits avec un prix de revient acceptable pour le producteur et qui tienne compte de la rentabilité de la culture, continue Bernard Perret. Les retraits de produits sont nécessaires pour répondre aux exigences de santé et d’environnement, mais il est frustrant pour nous de ne pas posséder les outils, produits ou solutions pour faire face aux différentes pressions. L’Etat s’est engagé à ne pas supprimer de produit sans proposer de solutions de remplacement, mais vu le comportement de l’Anses, nous ne sommes pas certains que cela soit garanti. »

Actant un « pipeline pas autant fourni qu’avant », le président d’Agrosud salue le maintien des budgets R&D chez les fournisseurs et invite les directions financières à prendre en compte la situation de tension des distributeurs : « Nous ne pouvons pas tout anticiper, ni payer trop tôt nos fournisseurs. Nous devrons disposer des produits proches de l’utilisation sans exploser notre besoin en fonds roulement. Il faudra donc faire du dépôt-vente et réaliser des contrats de commissionnement. »

Agrosud en chiffres (2024)

16 négoces

131 magasins

1111 collaborateurs

229 technico-commerciaux

CA consolidé : 430 M€

CA appro : 328 M€

36 000 clients

87 000 tonnes de céréales collectées