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Ecophyto, l’Assemblée nationale entend la FNA

Le | Cooperatives-negoces

La Fédération du négoce agricole, FNA, a été entendue le 10 octobre par l’assemblée nationale, dans le cadre de la commission d’enquête sur l’échec d’Ecophyto. Bernard Perret, Nicolas Charpentier et Sandrine Hallot ont exprimé leurs réserves quant à la séparation du conseil et de la vente, et leurs craintes de voir disparaître des fiches CEPP.

Ecophyto, l’Assemblée nationale entend la FNA
Ecophyto, l’Assemblée nationale entend la FNA

« L’échec de la séparation du conseil et de la vente aurait pu être prévu. Il nous était impossible de choisir le conseil pur et dur puisqu’il n’existe pas de modèle économique du conseil » a déclaré Bernard Perret, dirigeant du négoce éponyme, lors de l’audition des négociants par la commission d’enquête sur le plan Ecophyto, le mardi 10 octobre. Bernard Perret, Nicolas Charpentier, dirigeant du négoce Charpentier et Sandrine Hallot, directrice pôle Métier pour la Fédération du négoce agricole, FNA, étaient entendus par Frédéric Descrozaille et Dominique Potier, députés. Ces derniers ont demandé aux représentants du négoce les raisons, selon eux, de l’échec des plans successifs destinés à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.

La fin de la prescription, un bouleversement pour les négoces et les agriculteurs

Nicolas Charpentier a souligné qu’arrêter la préconisation a été un bouleversement. « Nous proposons aux clients des catalogues de solutions, et ça ne va pas plus loin, c’est à eux de faire le choix. C’est toute la difficulté, car l’agriculteur ne sait pas quoi choisir. Notre quotidien, c’est un mal-être parce que nous sommes tout le temps à la limite de franchir la frontière de la légalité. »

Séparer la vente et le conseil de façon opérationnelle : impossible selon les négoces

Les négociants estiment aussi inapplicable l’une des propositions de la mission flash sur la séparation du conseil et de la vente, qui consiste, pour les OS, à pouvoir dispenser du conseil stratégique, à condition de mettre en place une séparation opérationnelle entre le commerce et le conseil. Nicolas Charpentier a souligné les difficultés actuelles de recrutement dans le monde agricole. Une telle mesure ne ferait que renforcer le problème car il faudrait recruter des personnes différentes pour l’aspect commercial et pour le conseil.

Un postulat appuyé par Bernard Perret qui estime que pour recruter des personnes motivées, il faut les faire contribuer au virage écologique des sociétés. « Nous devons leur proposer de conseiller en même temps que vendre. Peut-être qu’il faut monter le niveau du certiphyto et le faire tous les deux ans au lieu de tous les cinq ans, propose-t-il. Il faut aussi construire ces projets avec les agriculteurs, comme avec les fermes 30 000, dont la distribution a été écartée. » Le dirigeant du deuxième négoce français estime aussi qu’une « révolution des homologations » est nécessaire pour les biostimulants et les produits de biocontrôle, afin notamment que se développe une offre de solutions dédiée aux grandes cultures.

Le conseil d’État pourrait bloquer le conseil des fiches CEPP

Au niveau de la fédération, des pistes sont développées, telles que la formation interne, l’amélioration de la traçabilité du conseil, le fait d’emmener les certificateurs sur le terrain, et surtout, le lancement d’un incubateur destiné à produire des fiches CEPP. Un sujet d’ailleurs préoccupant, selon Sandrine Hallot, qui a rappelé qu’un arrêt du Conseil d’État, publié en juillet 2023, pourrait empêcher les OS de conseiller des CEPP. « Nous ne savons pas concrètement comment nous allons pouvoir continuer, confie-t-elle. Il y a 47 fiches CEPP sur les produits de biocontrôle, donc des produits phytosanitaires, qui pourraient tomber, sur les 120 fiches CEPP existantes. Nous sommes bloqués en termes de transition, alors que les agriculteurs nous demandent plus d’accompagnement sur le terrain. »