Enfin un bel automne… sauf pour les colzas !
Le | Cooperatives-negoces
Le printemps en plein mois de novembre ! Au vu des températures, plus que clémentes pour la saison, difficile de croire que Noël est dans un mois. Des conditions propices aux semis et aux levées des céréales. Les surfaces seraient en hausse. Pour les colzas, la situation s’annonce plus compliquée. La sécheresse de la fin d’été a stoppé, une nouvelle fois, la hausse des emblavements : sans compter les parcelles mal en point, prêtes à être retournées. Le point en régions.
Fin juin, François Jansseune, responsable marketing chez Advanta, tablait sur des surfaces de colza entre 1,1 et 1,2 Mha, soit une légère progression par rapport aux semis 2019. « Malheureusement, la sécheresse des mois d’août et de septembre a, une nouvelle fois, fait reculer les emblavements de colza. Pourtant, les intentions de semis étaient là ! Mais face au manque d’eau, certains agriculteurs se sont ravisés. D’autres ont quand même implanté du colza mais ont dû, depuis, retourner leurs parcelles : les colzas n’ayant toujours pas atteint le stade critique de 4 feuilles. Une situation qui profite aux surfaces de céréales, attendues en hausse dans bon nombre de régions. »
1,06 Mha de colza, pas plus !
Pour François Jansseune, « la sole nationale devrait avoisiner les 1,06 Mha, soit un nouveau recul de près de 100 000 ha par rapport à la récolte de 2020. Sans compter les 100 000 ha qui pourraient être retournés dans les semaines à venir. Les régions les plus touchées sont la Marne, la Haute-Marne, la Lorraine, le sud de l’Aisne, le sud de l’Oise et la Seine-et-Marne. Le Centre, le Centre-Ouest et la Normandie s’en sortent mieux. Mais c’est aussi là que les hectares avaient le plus reculé les années passées. »
Des retournements de colza encore à prévoir
Une situation confirmée par Frédéric Adam, responsable solutions agricoles chez Cérésia (51). « L’état des colzas est hétérogène, mais surtout pas très bon. Les cultures sont belles là où il a plu. Mais 15 % de la sole a déjà été retournée. Ce chiffre pourrait aller jusqu’à 30 %. Les semis de céréales à paille ont commencé avec du retard, finalement rattrapé. Les surfaces sont plutôt en progression, de quelques pourcents par rapport à l’année n-2. » Recul du colza également confirmé chez Dijon Céréales (21). « Nous devrions atteindre 12 000 à 15 000 ha, contre près de 45 000 ha il y a quelques années, précise Mickaël Mimeau, responsable technique. Dommage car les cultures en place se portent bien et présentent une importante biomasse. Les surfaces de blés tendres sont, elles, attendues en hausse de 10 %. »
Le blé tendre devrait repasser la barre des 5 Mha
A l’échelle nationale, Laurent Druesne, chef marché céréales chez RAGT Semences, table « sur une sole en blé tendre au moins égale à celle d’une année normale. Nous devrions repasser la barre des 5 Mha, pour atteindre 5,1 Mha, soit une hausse de près de 600 000 ha par rapport aux semis 2019. Les conditions d’implantation sont idéales et les marchés, porteurs pour cette céréale : les agriculteurs ne s’y trompent pas ! » Selon lui, le triticale et le blé dur sont également attendus en hausse : au minimum à 300 000 ha chacun. Seules les surfaces d’orge d’hiver devraient baisser, dans un contexte de marché encombré. Le confinement et la fermeture des bars et restaurants ayant fortement fait chuter la consommation de bière.
Situation plus propice à l’Ouest
« Enfin un automne normal, constate, soulagé, Christian Cordonnier, le directeur général de Terre Atlantique (17). Nous retrouvons des assolements en céréales et colza conformes à la campagne n-2. Les implantations ont été réalisées dans de très bonnes conditions et à ce jour, les cultures se portent bien. Attention toutefois à la pression insectes, notamment en pucerons sur blé tendre. Les colzas, bien développés, semblent pour leur part bien résister à la présence des altises. Les semis de blé dur sont en cours. » Même enthousiasme chez le négoce Lepicard (76) où les semis de céréales sont terminés depuis la semaine passée. « Les surfaces sont en hausse de 5 à 7 % », précise Nathalie Hardy, en charge de la communication.
Vigilance sur la pression ravageurs
Les semis se terminent également en Vendée, dans la zone de Cavac, « même si l’Ouest et les zones hydromorphes de notre territoire enregistrent un peu de retard dû aux pluies du mois d’octobre, entre 170 et 195 mm selon les secteurs, précise Jean-Luc Lespinas, du pôle agronomie. Ailleurs, les levées ont été rapides, et se sont déroulées dans de très bonnes conditions. La pression insectes est déjà importante et les sols, encore humides, ne permettent pas toujours d’intervenir. Le retour d’un temps plus sec est le bienvenu. La densité des couverts végétaux semble constituer un important réservoir pour la faune auxiliaire… et pour les ravageurs. Les colzas, semés fin août, sont très bien développés. »