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Estelle Thibaut, Scara, « Siéger au réseau français du Pacte mondial des Nations unies, une réelle chance ! »

Le | Cooperatives-negoces

Saviez-vous que la Scara est l’une des ambassadrices, en France, du Pacte mondial des Nations unies ? Sa directrice générale, Estelle Thibaut, siège même au conseil d’administration du réseau français. Interrogée par Référence agro, elle nous explique l’enjeu de cette démarche internationale, axée sur les objectifs du développement durable, les enjeux sociétaux et environnementaux, et portée aujourd’hui à l’échelle mondiale par près de 20 000 entreprises.

Estelle Thibaut, Scara, « Siéger au réseau français du Pacte mondial des Nations unies, une réelle chance ! »
Estelle Thibaut, Scara, « Siéger au réseau français du Pacte mondial des Nations unies, une réelle chance ! »

En 2000, sous l’impulsion de Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations unies, naissait le Pacte mondial des Nations unies. L’idée de son fondateur : inciter les entreprises à se réunir autour de valeurs et de principes communs, pour donner un visage humain au marché mondial. Ou comment initier une démarche internationale autour du développement durable pour concilier enjeux sociétaux et environnementaux. Trois ans plus tard, en 2003, le réseau français voyait le jour. « Le 22 juin 2023, nous avons, à l’Unesco, fêté les vingt ans du Pacte français, explique Estelle Thibaut, directrice générale de la Scara et membre du conseil d’administration du Pacte mondial réseau France depuis septembre 2021. La Scara y adhère depuis 2009. »

« Sortir du microcosme agricole pour parler de nos métiers »

Si à l’échelle mondiale, le pacte rassemble aujourd’hui près de 20 000 membres, la France en compte 1900. « Notre pays est plutôt bien représenté, constate Estelle Thibaut. En revanche, le monde agricole beaucoup moins, contrairement au secteur de l’agro-alimentaire. Je pense qu’il est important de sortir du microcosme agricole pour parler de nos métiers. J’ai ainsi de très bons échanges avec les représentants d’Heineken et de Danone, à qui nous fournissons, respectivement, de l’orge et du blé. Cela permet de mieux se connaître et d’appréhender les attentes et les contraintes de chacun, dans un autre cadre. »

 Siéger aux côtés des DG de Michelin, Veolia, Schneider… une réelle chance

Pour Estelle Thibaut, être actrice de ce réseau constitue une vraie richesse : humaine et intellectuelle. « Je côtoie des dirigeants d’entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs d’activité, poursuit-elle. Même si, dans ce maillage, Scara fait, à côté de groupes comme Michelin, Veolia ou Schneider Electric, figure de petit Poucet, je siège au même conseil d’administration et partage les mêmes objectifs que ces dirigeants. Cela peut, dans un premier temps, paraître abstrait, mais l’idée est bien de se nourrir des initiatives de chacun, pour monter en compétences. » La Scara est, en France, l’une des entreprises ambassadrices de ce Pacte. « À ce titre, mon rôle est de promouvoir et de mieux faire connaître le réseau à l’échelle locale. Depuis deux trois ans, le nombre d’adhérents grossit et la reconnaissance du réseau est de plus en plus forte », constate-t-elle.

Une adhésion annuelle, pour jouer la transparence

L’adhésion au Pacte, renouvelable chaque année, est payante : le montant varie selon le chiffre d’affaires et le nombre de salariés de l’entreprise. « En signant ce pacte, nous nous engageons à aligner nos pratiques RSE et notre stratégie sur les dix principes qui découlent des textes fondamentaux des Nations unies dans les domaines des droits humains, du droit du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption », explique-t-elle. Avec l’ambition, à terme, d’atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) fixés dans ce cadre, comme la mise en place de mesures pour lutter contre la pauvreté, la faim dans le monde, le changement climatique ou la promotion d’une croissance économie soutenue, partagée et durable. « Adhérer c’est avant tout jouer la transparence et accepter de montrer ses engagements et ses ambitions en matière de développement durable », souligne-t-elle.

Les banques feront accélérer la transition

Pour Estelle Thibaut, « il est important que ce soit les dirigeants des entreprises qui siègent au conseil d’administration car c’est à eux d’incarner la dynamique de changement en interne. Ma vision de cet engagement : ne pas avoir à choisir entre nourrir et préserver la planète. Cette conviction m’aide à prendre mes responsabilités en tant que cheffe d’entreprise. Elle imprègne mes objectifs et mes engagements, au quotidien et sur le plus long terme. » La directrice de la Scara en est convaincue : le dossier RSE va encore monter en puissance : « nous ne pouvons plus l’ignorer, insuffle-t-elle. Nos clients de l’aval et le monde financier nous demandent de plus en plus nos actions dans le domaine du développement durable. Quand ils s’aperçoivent de notre niveau d’engagement, cela inspire confiance ! Je pense que c’est le système financier, à commencer par les banques, qui, par leur changement, feront accélérer la transition. Elles vont de plus en plus faire pression sur ce point dans l’allocation des moyens financiers. Quel que soit notre domaine d’activités, nous ne pourrons pas y échapper. Alors autant s’y préparer dès à présent. »

Un investissement utile… à titre personnel et professionnel

À titre personnel, Estelle Thibaut reconnaît que suivre ce dossier lui permet de « prendre de la hauteur sur de nombreux sujets ». « C’est passionnant et en aucun cas du temps de perdu ! Cela m’a créé un réseau hors milieu agricole, indique-t-elle. Je constate aussi que d’autres secteurs d’activités comme le management, le transport ou la logistique sont parfois confrontés aux mêmes problèmes que le monde agricole. En parler nous permet d’échanger sur les solutions mises en place et les pistes de progrès. Cela ne peut qu’être positif ! »