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Euralis, version conseil, c’est fait !

Le | Cooperatives-negoces

En début d’année, Euralis annonçait vouloir conserver le conseil. Un choix au final assez rare à l’échelle nationale. Mais un choix assumé et désormais bien concret. Cet été, l’activité « phytos » a été isolée et sera prochainement transférée à un ou plusieurs partenaires. Quant à l’offre conseils, elle est en place et repose sur cinq formules. Laurent Dubain, directeur du pôle agricole, nous détaille cette stratégie.

Euralis, version conseil, c’est fait !
Euralis, version conseil, c’est fait !

Certains l’avaient annoncé mais semblent aujourd’hui faire marche arrière. Pour Euralis, pas question de changer de cap : « le choix de conserver le conseil a été dévoilé dès le mois de février par notre président lors de l’assemblée générale. Depuis, toutes les équipes se sont mises en ordre de marche pour déployer cette stratégie. C’est désormais chose faite », confirme Laurent Dubain, directeur du pôle agricole.

Deux entités phytos créées, à « transférer »

En décidant, dès cet été, de séparer les activités liées à la vente des phytos des activités de conseil, Euralis a fait un premier -grand - pas dans la construction de son projet. « Pour cela, nous avons tout d’abord réalisé une vaste étude, impliquant agriculteurs, collaborateurs et experts, pour définir ce que pourrait être l’agriculture à l’horizon 2030. Cette matière première a nourri notre réflexion, explique-t-il. Ensuite, nous avons défini les périmètres des deux activités, conseil et vente, établi leur modèle économique et décrit les comptes de résultats prévisionnels. Ainsi, au 1er janvier, les deux activités seront, d’un point de vue opérationnel, séparées. De cette réflexion sont nées deux nouvelles entités : deux filiales que nous nous apprêtons à transférer à un ou plusieurs partenaires, en conservant 10 % du capital, comme l’ordonnance liée à la séparation du conseil et de la vente nous l’autorise. » Laurent Dubain confie que plusieurs « repreneurs » sont déjà à l’étude. La première filiale rassemble l’activité phytos des grandes cultures ainsi que toute la logistique liée aux semences, avec notamment les trois plateformes. La seconde entité regroupe quant à elle toute l’activité viti-vinicole du groupe, « et pas seulement les ventes de phytos, indique-t-il. Cela englobe aussi le conditionnement, l’œnologie, les magasins… » Tout a été décidé pour que ces deux entités soient économiquement viables. La filiale « Grandes cultures » ainsi dessinée pèse 20 M€ de chiffre d’affaires et emploie 27 collaborateurs. L’entité viti-vini, c’est 65 M€ de chiffre d’affaires et 210 collaborateurs.

Un projet moteur et fédérateur

Comme dans toute phase de changement, Laurent Dubain reconnaît qu’en interne « nous avons dû communiquer pour lever quelques craintes. Mais aujourd’hui, le constat est sans appel. Salariés et adhérents sont fiers de participer à un tel projet, pionnier dans le monde coopératif et attractif pour nos partenaires des filières. Ce projet impacte le travail de nombreuses équipes et à ce titre, il est fédérateur au sein du groupe… et moteur. Les équipes terrain ont, depuis juin, suivi un parcours de formation très pointu : coaching sur le terrain, formations en ligne ou en présentiel… Un programme de formation de trois ans a d’ailleurs été bâti avec Arvalis et l’école Purpan pour aider, par exemple, à structurer un diagnostic d’exploitation. Autant d’outils pour appréhender cette nouvelle relation avec les agriculteurs. »

5 offres de conseil proposées

Quant au conseil proprement dit, Euralis s’est, pour l’heure, focalisée sur le conseil spécifique, le non-obligatoire. « Nous avons fait un premier test auprès de 300 agriculteurs pour recueillir et affiner leurs besoins réels, poursuit-il. L’offre est désormais claire et visible. Depuis le début du mois, cinq formules de conseils sont proposées : cela va d’un accompagnement simple à la gestion globale de l’exploitation. Les tarifs, étalonnés à l’hectare, ont été calculés pour que le coût global pour l’agriculteur soit le même qu’avant la séparation. Certes ils auront un conseil à payer mais le prix des phytos sera lui, diminué : c’est en tout cas la politique commerciale que nous avons décidé en interne. Les premiers retours des agriculteurs sont très positifs : ils apprécient l’approche agronomique, et pédagogique, de nos conseils pour réduire l’usage d’intrants. » Reste désormais à concrétiser l’offre auprès de l’ensemble des adhérents. Euralis s’est fixé le seuil de 3000 agriculteurs pour l’année à venir.

Premier bilan dans un an

Laurent Dubain reconnaît que l’année de lancement ne sera pas la plus compliquée à gérer ! « Dans un an, nous ferons un premier bilan et nous verrons bien si les agriculteurs sont prêts à réinvestir dans notre offre conseils. Très rapidement, nous allons aussi nous pencher sur le conseil stratégique qui lui, est obligatoire. Nul doute que si nos adhérents sont séduits par notre conseil spécifique, ils s’adresseront également à nous pour le conseil stratégique. » Laurent Dubain est conscient qu’en optant pour le conseil, Euralis fait figure d’exception et de pionnière. « En prenant notre destin en main, nous nous sommes projetés dans notre futur. Et nul doute que le conseil fera bien partie des bases fondatrices de notre projet à l’horizon 2030 ».