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Eureden bâtit une politique incitative sur les légumineuses

Le | Cooperatives-negoces

La coopérative bretonne Eureden entend développer ses surfaces en légumineuses, dans le cadre de son projet Prodici. Au programme : une politique incitative pour les agriculteurs, l’acquisition de données sur ces cultures, le renforcement des compétences des conseillers, des investissements et des partenariats. Explications avec Damien Craheix, consultant innovation à Eureden.

Eureden bâtit une politique incitative sur les légumineuses
Eureden bâtit une politique incitative sur les légumineuses

Référence agro : Pourquoi avoir choisi de se lancer dans le projet Prodici ?

Damien Craheix : D’un côté, les Français refusent les OGM, plébiscitent le local et consomment moins de viande. De l’autre, les éleveurs cherchent davantage d’autonomie. Ces deux attentes entrent en cohérence avec la volonté d’Eureden de réduire son impact sur l’environnement. Nous allons tripler nos approvisionnements durables d’ici à 2030 et réduire nos importations de soja de 17,5 % à 10 % en alimentation animale. Ce plan, sur plusieurs années, s’inscrit dans une démarche constructive et évolutive. Tous les métiers sont à pied d’œuvre. Sept groupes de travail analysent les pistes possibles, les impacts et les besoins de la culture jusqu’à l’assiette du consommateur.

R.A. : Comment allez-vous inciter vos adhérents à cultiver des légumineuses ?

D.C. : Les agriculteurs ont abandonné les protéagineux depuis plusieurs années. Il faut leur donner envie d’y retourner. La coopérative a choisi de démarrer avec la féverole de printemps, une plante bien adaptée au contexte de la Bretagne. Nous visons un objectif de 1300 hectares en 2021. Mais nous travaillons également sur le pois, le soja et le lupin. Nous proposons aux agriculteurs des contrats incitatifs, majorés en cas d’utilisation de semences certifiées et de traçabilité. Laquelle doit nous permettre d’accumuler des données pour améliorer nos préconisations et viser les filières de qualité. Une des difficultés est la marge brute de ces cultures. Sur la féverole, nous voulons arriver à des résultats économiques analogues à ceux du blé.

Par ailleurs, pour accroître la rentabilité des cultures, les services techniques renforcent les expérimentations et planchent sur des outils d’aide à la décision. Nous formons également nos conseillers pour qu’ils sachent mieux mettre en avant tous les bénéfices des légumineuses. Nous regardons aussi la possibilité d’utiliser le Label bas-carbone, qui calcule la baisse des émissions de gaz à effet de serre et les transforme en gain économique pour l’agriculteur.

R.A. : Des investissements seront-ils nécessaires ?

D.C. : Des investissements devront être réalisés, notamment au niveau de la collecte pour gérer des quantités de récolte plus faibles. Nous menons également des expérimentation pour faire évoluer les formulations dans l’alimentation animale. Nous fondons nos espoirs sur le plan protéines et sur la hausse du marché des filières de qualité dans lesquelles nous pourrons valoriser nos protéines végétales locales. C’est un pari sur l’avenir ! Toutefois, Eureden ne compte pas avancer seule et cherche des partenaires. Depuis 2020, elle adhère au groupement d’intérêt économique SVP, pour Services de valorisation des protéagineux, avec deux entreprises bretonnes de la nutrition animale, Valorex et Tromelin, afin de mutualiser les efforts de R&D et sur les technologies innovantes de transformation des protéagineux.  Par ailleurs, en 2020, nous avons adhéré à l’association Leggo, pour légumineuses à graines dans le Grand Ouest, avec notamment la Chambre d’agriculture de Bretagne et l’interprofession des huiles et protéagineux Terres Univia. Nous réalisons ensemble des études pour explorer les marchés avant de s’y lancer.