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FNA Centre-Est, la transition à l’épreuve des crises

Le | Cooperatives-negoces

À l’occasion du congrès de la Fédération du négoce agricole Centre-Est, le 8 juin à Lyon le sujet de la transition était au cœur des échanges. Mais les préoccupations des négoces portaient surtout sur les impacts de la guerre en Ukraine, à la fois sur le prix des matières premières et sur les disponibilités.

FNA Centre-Est, la transition à l’épreuve des crises
FNA Centre-Est, la transition à l’épreuve des crises

Près de 120 personnes s’étaient réunies à Lyon, le 8 juin, à l’occasion du congrès Centre-Est de la Fédération du négoce agricole, FNA. Cet événement, le dernier d’une série de quatre rencontres entre la structure nationale, les négoces locaux et leurs partenaires, a permis de mettre en lumière la transition écologique et agronomique. « La crise sanitaire et la guerre en Ukraine précipitent cette nécessaire transition » a indiqué en préambule François-Claude Cholat, président du négoce éponyme.

La crainte des contrats non-respectés

L’un des défis principaux à la transition, est, pour les négociants et leurs clients, la hausse des prix induite par la pandémie, et renforcée par la crise ukrainienne. « Nos filières peuvent être balayées par les crises, précise Raphaël Jeudy. Avec des blés à 400 €, il faut avoir une vraie relation de proximité avec les agriculteurs pour qu’ils continuent à nous faire confiance. » Si aucun des négoces présents, sur l’estrade ou dans la salle, n’a été directement confronté par des ruptures de contrats de la part de leurs clients, ce risque constitue une crainte, prise très au sérieux par la FNA.

« C’est notre rôle de tous les jours d’accompagner les négociants sur cette question, confie François Gibon. Il faut rappeler les fondamentaux, qui permettent de passer la crise. Car demain, si le marché tombe, les négociants respecteront leurs contrats. Globalement ça marche, chacun respecte ses engagements, même s’il y a quelques cas à la marge. » Les marchés déstabilisent également les approvisionnements en engrais, un autre chantier suivi de près par la FNA et les pouvoirs publics.

Changement de politique d’approvisionnement

« Nos clients sont préoccupés par la disponibilité des engrais azotés, confirme Xavier Bernard, dirigeant du négoce Bernard à Référence agro. La fluctuation des prix nous a amenés à changer notre stratégie d’approvisionnement : auparavant nous achetions de gros volumes de bonne heure, et désormais nous nous engageons sur de plus petits lots, nous les vendons, et nous recommençons. » La crainte d’une chute du marché, comme la perspective de l’inflation grimpante, crispe les stratégies au long court. « Nous ne pouvons rien anticiper, car nous sommes dans un flou historique », conclut Raphaël Jeudy.

Des métiers chamboulés par la réglementation et la société

Un tour de table réunissant Raphaël Jeudy, François-Christian Cholat et Alexandre Carcouet, dirigeant du négoce de bétail Bas-Livradois Bétail, a permis d’évoquer les profonds bouleversements qui impactent leurs activités. « Nos métiers sont chamboulés : nous faisons face à des transformations législatives, avec la loi egalim ou la loi de santé animale, et sociétales, avec les notions de bien-être animal et de changements des régimes alimentaires », indique Alexandre Carcouet. La clé, pour faire face à ces changements : l’adaptabilité.

« Nous sommes des petites structures, nous savons nous adapter à la seconde, pointe Raphaël Jeudy. Ça a été le cas pour la crise sanitaire, nous n’avons pas arrêté de travailler. Nous ne savons pas où nous allons, mais nous tenons car nous expérimentons, nous nous diversifions, nous grossissons. » Un constat partagé par François-Christian Cholat, qui renchérit : « Les défis arrivent tous les jours. Avancer, ce n’est pas faire plus de volume, mais rendre l’entreprise plus viable pour la génération suivante, et trouver des solutions pour passer à travers les vagues. Cela suppose de renoncer à certains marchés et d’en trouver d’autres. »

Développement des filières chez les adhérents de la FNA

Nombre de négoces se sont lancés dans des diversifications ou des certifications de leurs cultures. Ainsi, le négoce Bresson dispose depuis quelques années de l’agrément bio, et poursuit ses efforts dans ce mode de culture, tandis que les établissements Jeudy et Bernard se positionnent sur la HVE. « Les exploitations certifiées HVE échappent à l’obligation du conseil stratégique, précise Raphaël Jeudy. Un avantage, avec le crédit d’impôt et l’ouverture aux écorégimes de la future Pac. »