FNA fait la lumière sur les innovations énergétiques

« L’énergie, auparavant, c’était une ligne de charge, maintenant c’est central. » C’est par ces mots qu’Antoine Pissier, président de la Fédération du négoce agricole, FNA, a ouvert le congrès technique de l’organisation, le 1^er décembre, veille du celui de la FC2A, à Beaune. Après une première édition consacrée au stockage du grain, en 2021, la FNA a choisi comme thème l’énergie et a reproduit le même modèle : proposer plusieurs ateliers thématiques réunissant des start-up, des syndicats, experts ou associations, ainsi qu’un négoce témoin.

Identifier les postes de dépense et les optimiser

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Le groupe Bernard a mis en place la récupération de l’air chaud, sur son usine de granulés de bois.[/caption]

En préambule aux ateliers, le groupe Carré a témoigné de sa stratégie d’optimisation des dépenses énergétiques, via l’exploitation des données issues des factures. « Nous avons mis en place la démarche électricité dès 2017, et nous avons inclus le gasoil et le gaz depuis deux ans », précise Benoît Confuron, responsable des opérations. Concrètement, toutes les informations possibles sont hiérarchisées afin d’identifier les facteurs de variation, puis des actions sont menées pour endiguer la surconsommation. « Il faut associer les équipes, derrière les unités de consommation, recommande-t-il. Les chauffeurs de camions ou les responsables de silos sont satisfaits du feedback sur leurs résultats ! » Pour l’optimisation de l’énergie dans les silos, Carré s’est notamment rapproché de Javelot.

Une démarche d’audit et d’optimisation également adoptée par le groupe Bernard. Christophe de Saint Cyr, responsable énergie, explique : « nous avons fait un focus par usine pour identifier nos gros postes de dépenses pour améliorer le kwh par tonne ». La priorité a été donnée à l’usine de granulés de bois, qui représente 50 % de la facture énergétique du groupe. « Nous avons mis en place un système de réutilisation de l’air chaud issu de la déshydratation, ce qui nous permet un gain énergétique de 10 % », pointe Christophe de Saint Cyr. « Récupérer la chaleur est un enjeu d’avenir », estime Florian Baloche, directeur d’Appro-Vert, qui a mis en place un audit au sein de son négoce, et s’est fait accompagner d’un cabinet de conseil. Cela lui a permis de mieux négocier ses contrats d’énergies, ainsi que d’envisager de futures pistes d’optimisation.

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Florian Baloche, directeur d’Appro-Vert, s’est fait accompagner par un cabinet de conseil pour négocier ses contrats d’énergie.[/caption]

La production d’énergie, une voie d’avenir pour les négoces

Au sein de l’atelier portant sur la méthanisation, Jean-Claude Coisnon a présenté le projet de méthaniseur coordonné par son négoce (91) et porté par huit agriculteurs. « C’est un projet long : lancé en 2019, nous allons commencer la production en avril 2023. » Le budget total est de 7 M€, dont 250 000 € financés par la région Ile-de-France et 600 000 € par l’Ademe. Le projet permettra de valoriser 22 000 t de matières par an, notamment des cives, des issus de céréales et des pulpes betteravières.

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Jean-Claude Coisnon a présenté le projet de méthaniseur coordonné par son négoce (91) et porté par huit agriculteurs.[/caption]

Le solaire fait également partie des axes de développement des adhérents de la FNA. Le groupe Perret (30) a ajouté l’équipement de bâtiments en panneaux photovoltaïques à son catalogue de prestations, en 2020. L’année dernière, 32 réalisations ont été menées par le négoce, dont trois en interne. Les techniciens sont apporteurs d’affaires, et les installations se font avec une start-up partenaire. Un nouveau type d’offre, qui intéresse les négociants venus assister aux ateliers. « J’ai déjà des panneaux photovoltaïques sur mes sites, mais je pense proposer une offre similaire à mes clients », confie Stéphan Charrière, dirigeant de Charrière Distribution (30).

Enfin, un focus était fait sur les carburants alternatifs aux produits pétroliers. François-Maxence Cholat, responsable filière de Maison Cholat (38), présentait ses quatre premiers camions roulant au gaz, qui permettent de limiter la consommation et les émissions de GES. « Les camions sont aussi plus silencieux, précise François-Maxence Cholat. Comme nous livrons de la farine dans des métropoles comme Lyon, Saint-Etienne ou Grenoble, c’est un avantage. » Les camions s’inscrivent d’ailleurs dans les projets de zones à faibles émissions, de plus en plus répandus dans les communes de moyenne et grande taille.

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François-Maxence Cholat, qui a présenté les quatre camions roulants au gaz du négoce Cholat, a pris également de nombreux contacts au cours du congrès technique.[/caption]

Des échanges constructifs pour les participants du congrès technique de la FNA

Les participants se sont montrés ravis des échanges organisés par la FNA, que ce soit avec les négoces témoins, ou avec les start-up et associations présentes. « C’est très intéressant car cela nous permet de rencontrer des personnes spécialisées par métiers, abonde François-Maxence Cholat. J’ai pris des cartes de visites et je pense que je vais rappeler des gens, sur l’électricité, le stockage, le gaz… »

« Ces échanges évoquent des sujets sur lesquels nous sommes en veille, renchérit Jérémy Parmentier, responsable commercial chez Jeusselin (72). Avant de mettre en place quoi que ce soit, il faut commencer par un audit, pour estimer le coût des investissements, avant de penser à faire des économies. » Les organisateurs aussi, ont été particulièrement satisfaits de l’événement. « L’une de nos adhérentes nous a confié : les absents ne mesurent pas le temps qu’ils ont perdu à ne pas venir », sourit François Gibon.