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Le congrès de la FC2A fait le point sur les impacts de la guerre en Ukraine

Le | Cooperatives-negoces

Le congrès de la FC2A qui s’est tenu le 2 décembre à Beaune avait pour sujet central la géopolitique, et notamment les conséquences de la guerre en Ukraine pour les filières du commerce agricole et agroalimentaire. Hausse des coûts, difficultés logistiques, complexité administrative, ont été analysées par les fédérations.

Le congrès de la FC2A fait le point sur les impacts de la guerre en Ukraine
Le congrès de la FC2A fait le point sur les impacts de la guerre en Ukraine

300 personnes se sont rassemblées, le 2 décembre, à Beaune, pour le congrès de la FC2A, la Fédération du commerce agricole et agroalimentaire. L’événement, intitulé « Le commerce agricole et alimentaire face à une économie de guerre », abordait les enjeux des négoces sous l’angle géopolitique, neuf mois après l’invasion de l’Ukraine. Les représentants des fédérations ont avant tout dénoncé des hausses de coûts exorbitantes, mettant en danger la trésorerie de leurs entreprises. « Après la hausse des prix des céréales, au début de la guerre, nous avons continué à acheter la marchandise aux agriculteurs, a expliqué Xavier Bernard, directeur du négoce éponyme et vice-président de la FNA. Et lorsque nous n’avions pas d’industriel en face, nous vendions sur le Matif. » Cette voie entraîne des frais supplémentaires pour les négoces : les appels de marge et les déposits. « Dans une entreprise comme la nôtre, par tranche de 10 000 t, le dispositif coûtait environ 1 M€, a précisé Xavier Bernard. Nous sommes montés jusqu’à 120 000t : cela a mis à plat la trésorerie de l’entreprise. »

L’énergie et la logistique, au centre des préoccupations de la FC2A

Autre conséquence de la hausse des prix : l’accroissement du risque sur les contrats. L’énergie a eu un impact considérable sur les finances des sociétés. « Au sein de notre filière granulés de bois, nous sommes passés d’une facture annuelle de 500 000€ à 1 750 000€ », a pointé Xavier Bernard. La question de l’énergie a d’ailleurs fait l’objet d’un colloque technique, organisé la veille par la FNA, qui présentait sous forme d’ateliers des leviers d’optimisation, d’économies ou d’investissements vertueux dans les énergies.

La logistique fait, elle aussi, l’objet d’inquiétudes de la part de toutes les filières. Antoine Pissier, dirigeant du négoce Pissier et président de la FNA, a confié à Référence agro : « Il y a cinq ans, cela coûtait entre 12 et 13 €/t pour acheminer les grains d’Orléans à Rouen. Aujourd’hui cela coûte 20 €, et s’il n’y a pas de marchandises à redescendre de Rouen c’est 26 ou 27 €/t. Nous transportons du blé, pas de l’or ou du titane ! »

Les filières légumières et d’élevage, face à la hausse des coûts

Les autres fédérations de la FC2A ne sont pas en reste. Au sein de l’Aneefel (1) et de la Fédépom (2), les coûts de stockage, de lavage, de conditionnement ont été impactés. Les filières animales sont particulièrement exposées, elles aussi, par un ensemble de facteurs. « 65 % du prix d’un œuf, c’est l’alimentation de la poule, a expliqué Loïc Coulombel, président du SNIPO (3). Nous payions 240 €/t d’aliment, et nous sommes passés à plus de 400 €. » L’aliment a dû être reformulé suite aux manques de disponibilité en tournesol, et la filière a fait face à la grippe aviaire, qui a affecté plus de 8 % de la production, et à l’ovosexage, qui a ajouté 5 % de charges aux éleveurs et industriels.

La demande de la FC2A : davantage d’aides et de clarté

Les fédérations ont demandé aux pouvoirs publics un accompagnement financier accessible, tenant compte des spécificités des entreprises de la FC2A. « Les guichets d’aide ne sont pas accessibles aux PME car ils sont trop compliqués, a pointé Loïc Coulombel. Seuls des gros groupes peuvent se permettre d’avoir des spécialistes pour accéder à ces financements. » La FNA a rappelé que d’autres législations demeuraient problématiques, notamment la loi egalim. « Nous attendons encore des décrets d’application ou des précisions sur des sujets qui entreront en application au 1er janvier 2023 », a abondé Antoine Pissier.

Autre demande des filières, un soutien financier à l’investissement et à la transmission. Angélique Lhuillier, administratrice de la FFCB (4), explique : « en ce qui concerne les filières d’élevage, nous allons faire face dans les années à venir à un renforcement de la loi en faveur du bien-être animal, qui va nous obliger à investir. Nous sommes prêts à nous restructurer et à aller dans ce sens, mais nous attendons de l’aide. »

Pour la première fois, la FC2A avait permis aux différents clubs jeunes de ses fédérations de se retrouver et d’échanger sur les enjeux de leurs métiers. La neuvième édition du congrès de la FC2A a permis de dresser un tableau des difficultés communes des filières du commerce agricole et agroalimentaire, avant, peut-être, d’être rejoint par de nouvelles fédérations. Après l’accueil du Snia, en janvier 2022, d’autres filières pourraient rejoindre la fédération. « Nous sommes en discussion, a reconnu Antoine Pissier. L’objectif n’est pas de grossir, mais de nous réunir avec des fédérations qui partagent nos valeurs. » Les filières du lin et du vin pourraient notamment être concernées.

(1) Association professionnelle représentative des entreprises d’expédition-exportation de fruits et légumes

(2) Fédération nationale des négociants de pommeb de Terre, ail, oignon, échalote et légumes en gros

(3) Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf

(4) Fédération Française des Commerçants en Bestiaux