Foire de Châlons, la distribution agricole entre inquiétudes et recherche d’alternatives

Un temps d’échange important, dans un contexte compliqué : voilà la priorité exprimée par les acteurs de la distribution agricole qui avaient fait le déplacement à la foire de Châlons, organisée du 2 au 12 septembre. « Notre inquiétude porte sur la flambée du prix des engrais et l’incertitude en ce qui concerne les céréales, explique Thomas Schmitt, responsable commercial chez le négoce ADS. Nous essayons de rassurer et conseiller au mieux nos clients, bien que ces deux sujets soient liés à une situation géopolitique que nous ne maîtrisons pas. »

Le calendrier des betteraves bouleversé

Les tensions sur le marché de l’énergie étaient également au cœur des préoccupations sur le stand de Cristal Union. « Nous consommons beaucoup de gaz sur une courte période, de septembre à janvier », rappelle Joachim Gaillot, président de la section de Bazancourt de la coopérative. Face à l’annonce de coupures d’électricité très probables en janvier, par le Gouvernement, le groupe a bouleversé son calendrier. « Nous allons démarrer nos usines plus tôt pour terminer la transformation des betteraves en sucre avant fin décembre. » Le responsable du groupe coopératif se satisfait néanmoins de la réaction des clients de l’aval, suite à la répercussion du coût du gaz. « Ils ont joué le jeu ! Nous aurions été dans une impasse sinon, car nous avons connu une hausse inédite des coûts sur cette campagne, de plus de 50 %. »

Une dynamique positive pour la filière luzerne

La crise de l’énergie, la filière luzerne déshydratée s’en inquiète moins que d’autres. « Nous avons réduit de 75 % notre empreinte carbone d’origine fossile depuis 2015, se réjouit Éric Masset, le président de La Coopération agricole luzerne de France. Il note cependant une évolution du prix du bois, en réaction au contexte actuel. « Les coûts intermédiaires, liés au séchage n’ont pas changé », pose-t-il néanmoins. De manière plus générale, Éric Masset souligne une augmentation des surfaces de luzerne déshydratée au niveau national, qui s’établissent actuellement à 70 000 hectares. 

Développement de solutions alternatives

Des tensions qui renforcent les attentes de la distribution en matière de solutions alternatives, moins dépendantes des énergies fossiles souvent importées. « Nous développons depuis deux ans une bactérie pour remplacer l’azote minéral, indique Thomas Schmitt de chez ADS. Cela a fortement pris l’année dernière, principalement pour des raisons économiques, l’aspect environnemental n’a pas encore pris le dessus. » Les surfaces couvertes ont ainsi été multipliées par dix. Une belle progression que ne connaissent pas toutes les filières. En betterave, l’absence de solutions aux néonicotinoïdes, qui seront interdits en 2024, préoccupe. « Nous sommes inquiets en ce qui concerne les semis dans deux ans, de nombreux producteurs se posent des questions sur l’avenir de la culture, souligne Joachim Gaillot. Heureusement que les prix sont là. »

Le carbone au cœur des discussions

Sujet majeur du moment, le carbone a fait l’objet de nombreuses interventions à la foire de Châlons. Deux tables rondes sur le sujet ont ainsi été organisées sur le stand de Vivescia, en présence de nombreux élus. L’exemple de l’agriculture en termes de décarbonation a ainsi été mis en lumière.

La coopérative est très engagée sur l’enjeu du carbone. Elle a ainsi lancé, l’année dernière, un programme de trois ans pour développer une filière orge bas carbone. 15 agriculteurs et une surface de 200 hectares sont engagés. Par ailleurs, le groupe propose la réalisation de diagnostics carbone simplifiés. Plus de 1500 d’entre eux ont été réalisés depuis avril 2022.

[#FoiredeChalons] Retour en vidéo sur le lundi 5 septembre : matinée dédiée à la neutralité #carbone avec des tables rondes organisées par @AllianceCarbone avec les interviews de @CaVautrin, @boris_ravignon, @fdescrozaille et réception du conseil d’administration des @JAGrandEst. pic.twitter.com/1EHx2uFpP6

— VIVESCIA (@Vivescia) September 6, 2022