« Internaliser au maximum les compétences et les outils numériques » Philippe Michonneau, Scara

Référence agro : Quelles sont les applications principales du numérique au sein de la Scara ?

Philippe Michonneau : Notre stratégie est de valoriser les productions via des cahiers des charges et certifications, notamment la HVE et Agri Confiance Volet Vert. Nous avons donc un enjeu fort de traçabilité. 68 % de nos adhérents utilisent un outil numérique dans ce but, dont près de 50 % s’appuient sur Smag Farmer, que la Scara propose.

Ensuite, il y a les outils d’aide à la décision. Nous utilisons deux outils pour gérer la pression maladie. Sur céréales, nous proposons un accompagnement assez fin sur l’ensemble des céréales : blé tendre d’hiver, les orges d’hiver et de printemps, via un accompagnement personnalisé de Phytoprotec. Sur pommes de terre, Miléos, d’Arvalis, est utilisé sur 75 % des parcelles, par des agriculteurs « techniques ». Concernant la fertilisation, la gamme de services est plus variée, mais la satisfaction n’est pas toujours au rendez-vous. Les recours aux drones ont cessé, les préconisations issues de l’imagerie satellite sont parfois jugées trop tardives, ou peu précises. Nous misons de plus en plus sur un dispositif interne d'

R.A. : Comment animez-vous la prise en main de ces outils auprès des adhérents ?

P.M. : Pour ce qui est de la traçabilité, la première étape est de bien expliquer ce qu’apporte un logiciel bien alimenté, notamment pour les filières de qualité qui proposent une prime. Les données seront aussi utiles demain pour des dispositifs à venir, comme la prochaine Pac ou le Label Bas Carbone. Nous proposons des formations de deux jours avec Smag pour la prise en main de l’outil, et des sessions plus thématiques à l’automne, selon les besoins exprimés. Enfin, nous proposons une prime traçabilité de 1 €/t quand les données sont saisies correctement, une incitation qui montre l’importance pour nous de ne pas négliger cet aspect !

Sur les OAD « fongicides », en céréales, nous organisons des réunions « en bout de champ » avec les responsables de secteur. Et pour faciliter le travail des agriculteurs, nous trions les alertes que nous recevons via Phytoprotec. Nous les recoupons avec nos observations terrains et les BSV pour ne diffuser que celles qui sont pertinentes.

R.A. : La taille modeste de votre coopérative limite-t-elle votre capacité à accompagner le déploiement de ces outils ?

P.M. : On peut toujours faire plus, et nous sommes par exemple challengés par les adhérents sur certains aspects, notamment sur la fertilisation, la vie du sol… mais nous sommes organisés pour répondre à ces attentes au plus vite. Dans un autre registre, concernant la commercialisation en ligne, nous sommes en phase de réflexion, par exemple.

Globalement, à la Scara, nous souhaitons nous orienter, autant que possible, sur des services propres à la coopérative, pour moins dépendre du fournisseur et mieux s’adapter aux besoins des agriculteurs. Aujourd’hui, j’estime à deux équivalents temps plein les ressources allouées au numérique. Lors de chaque recrutement, je ne m’arrête pas à l’agronomie, je cherche des compétences en programmation également. Cela peut d’ailleurs ouvrir des perspectives. Par exemple, nous avons déposé à l’Inpi notre méthode d’interprétation des analyses de sève, et nous avons protégé auprès de l’agence de protection des programmes le logiciel qui permet de réaliser l’ensemble des calculs nécessaires. Nous envisageons, pourquoi pas, de commercialiser un service de pilotage de la fertilisation !