InVivo lance Grafite, une activité de commercialisation de matières premières bas carbone
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Le groupe InVivo va annoncer, le 21 septembre, le lancement d’une filiale de commercialisation de matières premières bas carbone, appelée Grafite. Créée en 2018 autour des biocarburants, et des cultures de colza et de tournesol, cette activité est désormais étendue à l’ensemble du marché des grains. André Cunze et Clément Perez, les co-fondateurs de l’entité, ont dévoilé à Référence agro leurs ambitions.
Déjà fortement mobilisé sur le sujet, avec l’outil CarbonExtract porté par son cabinet Agrosolutions, InVivo élargit son périmètre d’action avec le lancement, le 21 septembre, d’une activité de commercialisation de matières premières bas carbone. « Grâce à la constitution d’une marque bien identifiée et reconnue, notre objectif est de renforcer notre accompagnement aux coopératives dans la valorisation de l’ensemble de leurs productions agricoles, sur un marché du carbone complexe », résume Clément Pérez, co-fondateur de Grafite, la nouvelle entitée d’InVivo.
Construction d’un référentiel bas carbone à plusieurs mains
Le projet, en développement depuis 2018, a débuté sur les cultures de colza, et de tournesol depuis 2020. Point de départ : le changement, par la Commission européenne, des valeurs d’émissions des colzas pour la production de biocarburants. Une évolution pénalisante pour la France, dont les valeurs se sont retrouvées parmi les moins bonnes. « Du jour au lendemain, ces cultures étaient pénalisées dans leur commercialisation du fait de ces mauvaises notes, se souvient André Cunze, co-fondateur de Grafite. Nous nous sommes mis autour de la table avec nos coopératives et les industriels pour trouver une solution. » Les chambres d’agriculture et les instituts techniques sont également consultés pour construire un référentiel bas carbone. « L’idée était de trouver une solution commune », poursuit André Cunze. Sur cette base, un bilan carbone des parcelles est réalisé (intrants, carburants, etc), dont le résultat est divisé par le rendement, pour vérifier le caractère bas carbone des productions.
3000 agriculteurs et 40 coopératives engagés
Depuis le 1er janvier 2023, le calcul du scope 3 (émissions indirectes, amont, etc) est obligatoire dans les bilans carbone des entreprises. Une évolution réglementaire qui a renforcé l’intérêt de l’industrie agroalimentaire sur le caractère bas carbone de ses approvisionnements. « Par notre expérience ces dernières années, nous sommes en avance, pose André Cunze. C’est pourquoi nous étendons notre action à l’ensemble du marché des grains. » Pour donner cette nouvelle ampleur à son action, la nouvelle unité d’InVivo pourra s’appuyer sur une belle dynamique : près de 3000 agriculteurs et 40 coopératives sont déjà engagés dans la démarche (voir encadré). « La philosophie de Grafite est de s’appuyer sur les coopératives, pose André Cunze. Certaines d’entre elles, déjà structurées sur le sujet et prêtes à prendre le risque, ont été pionnières et ont essuyé les plâtres. Puis, la démarche s’est étendue à d’autres comme une trainée de poudre. »
Un marché moins concurrentiel que celui des crédits carbone
La prime accordée dans le cadre de la démarche a aussi été mobilisatrice. Sans donner de montant, Clément Perez explique que celle-ci représente « autour de 10 % de la valeur du produit ». La vente de ces matières premières bas carbone bénéficie par ailleurs d’un marché peu concurrentiel, contrairement à celui des crédits carbone. « Aucune autre structure ne propose ce que nous faisons, assure André Cunze. Nous n’avons pas non plus besoin de préfinancer ces primes, car les clients faisant appel à ces matières premières ont le budget pour les acheter. Enfin, nous valorisons la dimension locale des approvisionnements. »
Internationaliser l’approche
Les volumes ont atteint 170 000 tonnes en 2022 en colza et tournesol bas carbone. Au printemps 2023, des premiers blés ont été vendus. Des travaux sont en cours sur l’orge, le maïs et le soja, avec des clients intéressés. Sans donner de chiffres, les fondateurs de Grafite ne cachent pas leurs ambitions pour les prochaines récoltes. Ni leur volonté d’internationaliser leur approche. « Nous sourçons nos marchandises en France mais nos acheteurs sont européens, notamment au Bénélux ou en Allemagne, rappelle Clément Perez. Nous aimerions nous étendre à l’Europe de l’Est et centrale ou outre-Atlantique. » Des annonces sont prévues pour la fin de l’année
Le cumul avec le label bas carbone possible, mais non souhaité par les clients
Les coopératives engagées dans la démarche réalisent elles-mêmes les bilans carbone des agriculteurs. « Celles-ci peuvent choisir de vendre les céréales bas carbone directement, sans passer par Grafite, explique André Cunze. De notre côté, nous leur expliquons que passer par nous leur garantira un meilleur prix, de l’accompagnement et du conseil. » Quid, par ailleurs, du cumul avec le label bas carbone ? « En théorie, cela pourrait se faire, poursuit le co-fondateur de Grafite. Le référentiel SBTi refuse les doubles-comptages sauf pour l’agriculture. Mais en pratique, les plupart des clients préfèrent anticiper toute évolution réglementaire en la matière en demandant des garanties d’une seule valorisation des grains bas carbone. Nous sommes en mesure de l’apporter. »