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Jean Simon, Atlantique Céréales « Près d’un tiers de la récolte 2022 de blé est déjà vendu »


À la Pallice, les demandes d’exportation affluent. Les primes portuaires s’envolent. Jean Simon, le directeur de l’union de collecte Atlantique Céréales, estime que près d’un tiers de la récolte 2022 des cultures d’hiver serait déjà vendu. Une opportunité peut-être pour les céréaliers mais une inquiétude certaine pour les éleveurs et pour les importateurs au pouvoir d’achat limité.

Jean Simon, Atlantique Céréales « Près d’un tiers de la récolte 2022 de blé est déjà vendu »
Jean Simon, Atlantique Céréales « Près d’un tiers de la récolte 2022 de blé est déjà vendu »

« Nous étions tous un peu perdus les premiers jours du conflit, reconnaît Jean Simon, le directeur de l’union de collecte Atlantique Céréales. Les prix se sont envolés. Même si le contexte reste volatile et incertain, nous nous devons désormais de gérer les choses de façon plus factuelle. Face à l’impossibilité de charger en mer Noire et la difficulté, pour les importateurs d’acheminer les volumes programmés, nous sommes, à la Pallice, submergés par les demandes. Les clients de l’Union européenne (Italie, Espagne, Bénélux) et de l’Afrique cherchent de la marchandise au plus près de chez eux. Mais là aussi, nous constatons des prix rarement atteints : du côté du Matif bien sûr mais également au niveau des primes portuaires. En quelques jours, elles sont passées de 5 à 23 € la tonne. Quant au transport qui s’effectue par camions vers l’Espagne, il n’y a plus rien de rationnel. Les acheteurs ont besoin de marchandises pour faire tourner leurs usines d’aliments : ils acceptent toutes les qualités, à tous les prix. »

Des problèmes de trésorerie chez les OS

Jean Simon constate qu’avant le conflit, « les agriculteurs s’étaient déjà massivement engagés pour la récolte 2022 : les prix étant déjà porteurs. La nouvelle hausse sur le Matif a accéléré les transactions. Au 10 mars, j’estime que près d’un tiers de la future récolte de blé, d’orge et de colza est déjà vendu : pour les semis de printemps à venir, l’engagement est moindre. Ce qui n’est pas sans poser de problème de trésorerie pour les négociants car les appels de marge sont énormes sur le marché à terme. Difficile de financer de tels montants ! Les banques doivent suivre car les besoins de recouvrement sont énormes. » Quant à la récolte 2021, avant le conflit, il restait à peine 10 % des volumes à vendre. « Désormais, il ne doit plus rester grand-chose », pronostique-t-il.

Incertitude aussi pour les campagnes à venir

Si certains céréaliers voient dans cette envolée des prix une opportunité pour bien vendre leur récolte, Jean Simon s’inquiète pour les mois et les campagnes à venir. « Je m’interroge sur le pouvoir d’achats de certains clients, notamment en Afrique. De nombreux pays risquent de ne plus avoir les finances pour nourrir leur population. Et que dire des éleveurs ! Si certaines exploitations sont contraintes de cesser leur activité face au coût des matières premières, ce sera un débouché en moins pour les prochaines campagnes. »