Jérôme Calleau, président délégué d’InVivo, « avec Soufflet, peser pour faire entendre notre voix en France et en Europe »
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Le 13 janvier, InVivo et Soufflet annonçaient leurs négociations en vue d’un rapprochement de leurs structures d’ici à la fin de l’année. Jérôme Calleau, président délégué d’InVivo, nous explique l’enjeu de cette stratégie qui ferait du premier négoce français, une filiale de l’union de 192 coopératives. Poids de la nouvelle entité : 10 Mds€.
« Un concours de circonstances ». C’est ainsi que Jérôme Calleau, le président délégué d’InVivo, résume, en toute simplicité, l’une des plus importantes opérations du monde de la distribution agricole. Soufflet, le premier négoce agricole français, mais aussi le premier collecteur privé de céréales en Europe, s’apprête à passer dans le giron d’InVivo, l’union nationale de coopératives agricoles françaises, réunissant à ce jour 192 coopératives. 4,9 Mds€ d’un côté, 5,1 Mds€ de l’autre. Soit un total de 10 Mds€.
10 Mds€… pour peser
« À l’échelle européenne et mondiale, les coopératives françaises ont pris du retard dans la course à la compétitivité, explique-t-il. Or pour relever les challenges à venir, il faut innover. Et cela ne se fait pas sans moyens. » La nouvelle entité ainsi constituée devrait également mieux peser pour se faire entendre au niveau des plus hautes instances françaises et européennes. Et grimper dans le top 5 des coopératives européennes. Pour certains observateurs, InVivo-Soufflet pourrait même occuper la deuxième place du podium, derrière l’allemand Bay Way. Une chose est sûre, ainsi formé, le nouveau groupe sera présent dans plus de 30 pays, avec plus de 90 sites industriels, dont 59 en France et rassemblera 12 500 salariés dont 10 000 en France.
Se recentrer sur les activités majeures
« En se séparant, en février 2019, de sa filiale nutrition animale Neovia, le groupe InVivo avait acté sa volonté de se recentrer sur ses métiers historiques et statutaires dont celui lié à la collecte du grain et à sa transformation primaire », rappelle Jérôme Calleau. Le rapprochement avec Soufflet est un pas de plus dans la réussite de cet objectif. De son côté, le groupe familial Soufflet cherchait depuis près de deux ans, un repreneur. Le contexte actuel a certainement accéléré les échanges, entre appétence affichée des consommateurs pour les productions françaises, l’obligation de rationaliser les outils… Un concours de circonstances en quelque sorte ! Et la famille Soufflet de se dire que rejoindre InVivo serait sûrement le meilleur moyen de préserver le travail accompli depuis près de 120 ans. Le groupe Soufflet, convoité par des acteurs de dimension internationale, restera donc franco-français.
Un vote à l’unanimité
Le conseil d’administration d’InVivo a validé l’enjeu d’un tel rapprochement pour « la ferme France ». « La décision a été prise à l’unanimité, poursuit Jérôme Calleau. Depuis l’annonce de mercredi, dans la sphère coopérative, les réactions sont très positives, quelle que soit la taille des entreprises. Une satisfaction pour nous. Reste à mettre tout cela en musique. Les deux réseaux, coopératif et négociant, seront préservés pour proposer une offre adaptée à la demande de chaque agriculteur. Soufflet est une identité forte : elle doit le rester. La marque sera préservée ». Des synergies seront demain mises en place, autour du digital par exemple ou de la défense du monde agricole au sein de la Pac.
Un mariage avant la fin de l’année
Le rapprochement entre les deux groupes sera bien évidemment soumis à l’approbation des autorités française et européenne de la concurrence. « Même si cela peut prendre un certain temps, nous sommes assez confiants, conclut le président délégué d’InVivo. Nous avons bien évidemment étudié le dossier en amont et n’avons pas identifié de points de blocages majeurs ». L’ensemble de l’opération pourrait donc être finalisée d’ici à la fin de l’année.