Jérôme Calleau, président d’InVivo, « entre passion et conviction »
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Après onze ans passés au poste de président délégué d’InVivo, Jérôme Calleau a, le 18 janvier, été élu président à l’unanimité. Une fonction qu’il endosse avec conviction mais qu’il souhaite partager avec ses sept vice-présidents, élus dans la foulée. Pour cet agriculteur vendéen, garder un pied dans sa ferme est indispensable pour son équilibre, tout comme sa mission au sein de Cavac. Un planning bien orchestré où désormais, la priorité sera donnée à InVivo.
Devenir agriculteur, était-ce une vocation ?
Oui, depuis tout petit, j’ai toujours voulu être agriculteur. Je me suis installé sur l’exploitation familiale un peu plus tôt que prévu, à 19 ans, suite au retrait de deux associés du Gaec. Même si je ne suis pas allé loin dans les études, je constate qu’aujourd’hui, à 60 ans, je n’ai cessé d’apprendre tous les jours. Et cela continue ! Très vite, je me suis rendu compte que les parties prenantes gravitant autour du métier d’agriculteur pesaient sur l’avenir de mon exploitation. Je m’y suis intéressé et j’ai rejoint le syndicalisme local pour endosser, durant six années, la présidence de l’antenne FDSEA pour la commune d’Aizenay, en Vendée. Mais j’ai vite compris que le syndicalisme, ce n’était pas mon style.
Après le syndicalisme, vous optez pour la coopération, pourquoi ?
En parallèle de mes fonctions syndicales, je suivais de plus en plus les réunions et les formations proposées par ma coopérative, Cavac. La conviction de ces gens passionnés - à commencer par celle de mon grand-père dont j’ai lu les mémoires - me parlait beaucoup plus. Être acteur de son quotidien, et de son avenir, m’a tout de suite séduit. Alors quand, en décembre 1991, à 28 ans, j’ai été sollicité pour rejoindre le conseil d’administration, je n’ai pas hésité. Précédemment, j’ai été membre fondateur du premier groupe jeunes de Cavac. Puis j’ai participé à une formation longue « Administrateur décideur » à Paris, aux côtés de Jean-François Loizeau, Christophe Terrain et Gérard Tubéry. Une belle promo !
Et depuis, votre action au sein de la coopération agricole ne s’est jamais arrêtée ?
Non et je le dois en partie à mes associés, au sein de la ferme. L’organisation en Gaec et la proximité de l’exploitation, à Aizenay, à 25 km du siège de Cavac, à la Roche-sur-Yon, furent deux réels atouts. J’assurais les travaux sur l’exploitation le matin, avant d’enchaîner les réunions. Ensuite, les choses sont allées très vite ! À 34 ans, je deviens vice-président de Cavac et à 37 ans, en 2000, à ma grande surprise, je suis sollicité pour endosser le poste de président, avec l’appui et la bienveillance des deux autres vice-présidents, pourtant plus expérimentés. Bien évidemment, avant d’accepter, j’ai demandé l’accord de ma famille et de mes associés. Tous m’encouragent.
Président d’une coopérative et agriculteur, est-ce toujours compatible ?
Cette nouvelle fonction de président de Cavac a effectivement nécessité des investissements et des innovations au sein de la ferme, à commencer par exemple, par la mise en place de la simplification de l’alimentation des animaux avec une seule buvée quotidienne pour les veaux, la simplification du travail des sols, le travail en Cuma et l’investissement dans un robot de traite. Mon objectif : chercher, sans cesse, à améliorer le temps de travail car pour moi, la qualité de vie, pour mes associés et moi-même, est essentielle. Mon équilibre, c’est réussir à concilier ces deux activités : agriculteur et président de Cavac. Pendant 20 ans, j’ai participé à presque toutes les assemblées annuelles des organisations de producteurs et assemblées de section, soit entre 18 et 20 réunions par an. Ce que je préfère ? Échanger avec mes collègues agriculteurs, agir pour faire évoluer leur quotidien, bâtir de nouveaux projets, de nouvelles filières…
À quel moment commence l’aventure InVivo ?
Cavac étant membre du conseil d’administration d’InVivo, je le rejoins, en 2007 et en deviens, en 2009, l’un des vice-présidents pour le Conseil d’orientation stratégique nutrition et santé animale. Quand, en 2011, la gouvernance est remaniée à l’occasion de l’alliance entre Coop de France et InVivo pour former Acooa, l’alliance des coopératives agricoles, j’endosse le poste de président délégué pour InVivo. Cette nouvelle fonction m’impose une présence à Paris deux à trois jours par semaine et donc, la nécessité, d’embaucher sur ma ferme un salarié pour me remplacer auprès de mes trois collègues. Mais je reste présent en moyenne trois matins par semaine sur l’exploitation et participe à la réunion hebdomadaire avec mes associés. Ma fonction sur la ferme ? Les cultures et l’alimentation des vaches laitières. En gros, tout ce qui présente un caractère de technicité et pour lequel on doit trouver des solutions. J’apprécie cette remise en question permanente.
Votre nomination à la présidence d’InVivo constitue donc une suite logique à vos mandats précédents ?
Pour moi, ce n’était en aucun cas un but ultime. Mais depuis onze ans, ma fonction de président délégué m’a fait côtoyer celle de président de très près. Je me sentais prêt : le conseil d’administration aussi puisqu’il m’a élu à l’unanimité. Mais je ne veux pas gouverner seul. Voilà pourquoi j’ai proposé de réorganiser la gouvernance. Désormais, je suis entouré de sept vice-présidents (1) : quatre pour nos activités et trois sur des problématiques transverses.
Cette nomination a-t-elle entraîné quelques changements au sein de Cavac ?
Oui car même si je ne pense pas forcément passer plus de temps au siège d’InVivo, en revanche, la priorité sera désormais clairement InVivo. Certaines sollicitations ou rendez-vous sont incontournables pour le président. Je me dois de me rendre disponible. Voilà pourquoi, chez Cavac, nous avons, début janvier, revu l’organisation. J’étais jusque-là épaulé de trois vice-présidents. L’un d’eux, Franck Bluteau, a été élu président délégué : un ajustement rassurant pour nos adhérents.
Quel est, chez InVivo, votre priorité pour les mois à venir ?
Ma priorité, c’est le déploiement du projet stratégique 2030 by InVivo et la relation adhérents. Une stratégie n’est bonne que si elle est comprise par les adhérents. Le périmètre d’InVivo a changé ces derniers mois et je me dois d’aller sur le terrain, expliquer les évolutions, la stratégie, les projets… pour rassurer.
Comment abordez-vous cette nouvelle fonction ?
Sereinement, sans appréhension car je sais que je suis bien entouré. Que ce soit sur ma ferme, chez Cavac ou InVivo, je concilie passion et conviction. À 60 ans, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre ! Quand on ne se pose plus de questions, difficile d’avancer. Or, le monde agricole doit relever de nombreux défis, à commencer par celui du climat. Nous devons trouver des solutions pour transformer les contraintes en opportunités. C’est un challenge passionnant qu’InVivo a les moyens de le relever. L’enjeu : donner à la France la capacité de préserver sa souveraineté alimentaire grâce à une agriculture performante et indépendante.
(1) Les sept vice-présidents d’InVivo
- Michel Prugue (Maïsadour) pour l’agriculture
- Christian Sondag (Lorca) pour le commerce international des grains
- Cédric Carpène (Val de Gascogne) pour le retail
- Jean-François Naudi (Arterris) pour le pôle agroalimentaire (malt, blé et vin)
- Bertrand Hernu (Advitam) pour la RSE
- Jean-Michel Habig (CAC) pour la relation avec les adhérents
- Joël Castany (Vinadéis) pour les nominations et les rémunérations