La CAMN change de direction et construit sa stratégie pour 2027
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Claude Bizieux et Joël Godet forment le nouveau binôme à la tête de la CAMN depuis le 1er avril. Encore épaulé par l’ancien directeur général, Hervé Valette, il aura la charge de bâtir la stratégie de la coopérative pour 2027. Dans un contexte international inédit, les deux hommes pourront s’appuyer sur une bonne santé financière de la structure.
Après 28 ans à la tête de la CAMN, Hervé Valette passe le relais à Claude Bizieux, jusqu’à présent directeur adjoint de la Coopérative agricole des maraîchers nantais. Le conseil d’administration a validé le changement de direction le 30 mars, qui est effectif depuis le 1er avril. Hervé Valette reste directeur général délégué en charge des filiales jusqu’à l’automne. Claude Bizieux sera épaulé par Joël Godet, qui devient directeur approvisionnement. La succession se fait dans la continuité puisque Claude Bizieux est à la CAMN depuis vingt ans et Joël Godet depuis 26 ans. Avec Charles Vinet, qui vient d’être réélu à la présidence de la coopérative, le quatuor se connaît bien. « Nous partageons les mêmes valeurs, à savoir le qualitatif et une vision sur le long terme », insiste Hervé Valette, lors d’un point le 7 avril à Rezé, aux portes de Nantes.
CAMN 2027, en cours de réflexion
Une des premières missions du nouveau binôme : construire la stratégie CAMN 2027. Pour la bâtir, les deux hommes ont suivi des formations : Aristee, un cursus créé entre l’école de commerce Essec et La coopération agricole LCA pour Claude Bizieux, et la formation Agromanager proposée par LCA pour Joël Godet. L’équipe de direction a également mis le cap sur le Sud-Ouest à la fin de l’année dernière où elle a rencontré trois coopératives : Terres du Sud, Qualisol et Fermes de Figeac. Résultat ? Plusieurs axes ont été définis : le relookage des magasins, l’évolution de la vie de la coopérative et la représentativité, ou encore un focus sur le pôle vigne. La réflexion se poursuit. « Nous avons mis en place des comités mixtes avec des élus pour travailler sur ces axes, indique le nouveau directeur. Nous referons un point dans six mois pour présenter la stratégie. » Des avancées sont toutefois constatées : le conseil d’administration a été renouvelé en début d’année et accueille désormais deux femmes sur les quinze membres, et deux magasins ont été relookés avec du jardinage et des produits de terroir.
Un CA en hausse de 12 %
La nouvelle direction hérite de résultats financiers en hausse. Le chiffre d’affaires (CA) 2020/21 est en croissance de 12 %, à 27,6 millions d’euros, contre 24,5 M€ un an auparavant. L’activité jardinerie, avec Atlantic Vert, gagne également des parts de marché, passant de 5,8 M€ à 7,3 M€ soit une augmentation de 24 %, liée notamment au regain de jardinage pendant le Covid.
Du côté des intrants, la coopérative a vécu une année inédite, avec des retards de livraison, des livraisons partielles, le non-respect de contrats fournisseurs majeurs en fertilisants et plastiques. Elle a bénéficié d’1,9 M€ en 2020 de prêts garantis par l’État, PGE, avec un échéancier de remboursement sur quatre ans à partir de 2022. Un véritable atout pour optimiser la politique d’achats et conforter les stocks, estiment les dirigeants de la CAMN.
Les biosolutions stagnent, la fertilisation progresse
Si l’activité liée aux phytosanitaires est stable, celle des fertilisants est en hausse (voir chiffres ci-après), notamment sur les organiques. « Nous utilisons des ressources locales, indique Claude Bizieux. Mais les demandes des régions céréalières, la grippe aviaire et le manque de disponibilité des engrais minéraux créent des tensions sur la disponibilité de la ressource. »
Alors que la CAMN était en forte croissance sur les biosolutions, les ventes semblent atteindre un palier. « Après un pic à 56 % du CA protection des plantes en 2019, nos ventes se stabilisent, à 47 % en valeur moyenne ces trois dernières années de notre activité phytosanitaire en valeur en maraichage, vigne et arboriculture, livre-t-il. Elles étaient portées par le zéro résidu de pesticides, ZRP, que la grande distribution valorisait. Ce n’est plus le cas et le soufflé retombe. » La coopérative reste toutefois exemplaire pour la mise en marché de ces solutions.
Un marché du bio plus aléatoire
Elle poursuit d’ailleurs son développement sur le marché du bio, qui représente 750 adhérents sur 1700 au total, et 15 % du CA (3,9 M€). « La moitié de nos nouveaux adhérents est désormais en bio », indique Hervé Valette. Pourtant, comme sur les filières lait et œufs, le marché n’est plus aussi porteur. « Nous constatons un tassement de la demande, mais plutôt en grande distribution qu’en circuit court », indique Charles Vinet. « Il y a un changement de comportement du consommateur, ajoute Claude Bizieux. Les points de repère sont en pleine évolution et la demande devient très aléatoire. » La gamme bio pèse 6,1 M€ et concerne aussi les producteurs en conventionnel ou en Haute valeur environnementale. « 90 % des surfaces en maraîchage et environ 75 % en vigne sont en HVE », indique Charles Vinet.
L’inflation dope l’activité de près de 30 %
Quid du contexte actuel ? « Nous tentons de maintenir notre stratégie « zéro litige, zéro rupture », explique Claude Bizieux. Nous avons actuellement quatre mois d’activité en stock. Cette politique de stockage est un atout pour gérer la situation actuelle.» La capacité de stockage a été confortée par une extension à la fin 2021 du site du Loroux-Bottereau de 2300 m² couverts pour un investissement de 1,2 M€.
L’inflation actuelle a des conséquences fortes sur le chiffre d’affaires : il est en hausse de 30 % sur les premiers mois de l’année, dont 25 % environ sont dus à l’inflation mais également à des achats avancés des agriculteurs.
Chiffres clés de la CAMN
- CA de 27,7 M€ dont 39 % en amendements /engrais / supports de culture (10,3 M€ + 17 %), 24 % en produits de protection des plantes (6,2 M€, stable), 17 % en plastique (4,4 M€, + 16 %), 11 % en équipement (3 M€, + 7 %), et 1 % en semences et plants (194 000 euros, + 12 %)
- Le résultat d’exploitation s’élève à 463 435 euros (+ 15 %) et à 351 677 euros pour le résultat net (+ 65 %)
- 68 % de l’activité est réalisée en maraîchage, 10 % en viticulture, 9 % en arboriculture, 8 % en horticulture et 2 % en petits fruits.
- CA biocontrôle : 2,3 M€ soit 42 % de l’activité protection des plantes.
- CA filières appro bio : 6,1 M€ dont 3,2 M€ en protection des plantes