Référence agro

La coopération agricole alerte sur une inflation inédite

Le | Cooperatives-negoces

Lors de la conférence de presse de la Coopération agricole, le 29 septembre, son président Dominique Chargé, a alerté sur la situation inflationniste. Il estime que 5 à 10 % de revalorisation des productions agricoles sont nécessaires pour maintenir les entreprises à flot.

La coopération agricole alerte sur une inflation inédite
La coopération agricole alerte sur une inflation inédite

À l’occasion de la conférence de presse de rentrée de la Coopération agricole (LCA), Dominique Chargé, son président a fait part d'« un contexte inflationnaire inédit ». Il avait déjà évoqué son inquiétude à Référence-agro le 9 septembre. La hausse des prix concerne les intrants, l’énergie, les emballages, les matériaux de construction. La crise climatique a mis à mal la production céréalière nord-américaine, contribuant à une inflation du transport et de la logistique. « Un container dont l’exploitation coûtait 2500 euros avant la crise coûte aujourd’hui 6000 euros » s’alarme Dominique Chargé.

Enfin, les coopératives rencontrent des difficultés pour recruter des agents et techniciens de maintenance, des chauffeurs de camion et des opérateurs de ligne. « Nous sommes passés de 20 000 emplois non pourvus dans le secteur agricole et agroalimentaire, avant la crise, à 40 000 postes vacants », abonde-t-il.

5 à 10 % de revalorisation nécessaire selon LCA

« Nous n’avons jamais été dans une telle situation » déplore Dominique Chargé, qui a rappelé qu’en trente ans, les taux de marge des industries agroalimentaires avaient perdu 14 points, passant de 53 % en 1990 à 38 % en 2018. Or, depuis la pandémie de la Covid-19, la grande distribution a vu son chiffre d’affaires augmenter de 4,2 % grâce à la récupération d’une partie du marché de la restauration hors domicile.

« Cela n’a pas profité à tous les acteurs de la chaîne », regrette-t-il. Le président de LCA estime qu’une revalorisation de 5 à 10 % des produits alimentaires devra être mise en œuvre lors des négociations commerciales qui débuteront prochainement. « Pour le consommateur, cela aura un faible impact, de l’ordre de quelques euros par mois, estime-t-il. C’est à la grande distribution d’absorber les marges. »

Un plan d’investissement autour du biocontrôle, du numérique et de la robotique

« La compression des marges empêche nos entreprises d’investir, et sans investissements, nous ne pouvons pas respecter les attentes citoyennes » a-t-il rappelé. Dominique Chargé a détaillé les trois axes prioritaires, selon lui, pour l’investissement des coopératives : le biocontrôle et la génétique, avec un renforcement de la recherche de nouvelles variétés et de nouvelles sources de protéines ; le numérique, avec l’utilisation de la blockchain et de la data ; la robotique pour pallier le manque de personnel dans des tâches exécutives et pour développer l’agriculture de précision.

« Nous sommes également en train de chiffrer nos besoins pour atteindre la neutralité carbone en 2035 », a ajouté Dominique Chargé. Selon LCA, 9 milliards d’euros seraient nécessaires chaque année pour amorcer une transition agroécologique, soit six fois plus que l’investissement actuel.